Le dernier tir de missile de la Corée du Nord a été condamné par l'ONU - qui prévoit de nouvelles sanctions contre Pyongyang - et certes par les pays occidentaux, les Etats-Unis à leur tête, la Corée du Sud et le Japon. Beaucoup de bruit pour rien? Certes non! Toutefois, il convient de replacer la crise de la péninsule coréenne dans son contexte réel: un pays traumatisé par la guerre qui ne veut plus voir sa population massacrée, comme cela a été le cas lors de la guerre de Corée (25 juin 1950-27 juillet 1953). De fait, il n'existe pas de traité de paix entre les deux Corées et la guerre entre les deux pays est seulement suspendue [un armistice qui dure depuis 1953]. Aussi, la République de Corée (Sud) et la Rdpc (Nord) sont «techniquement» toujours en guerre. Dès lors, le conflit peut reprendre à tout moment pour que les uns et/ou les autres ne sachent pas raison garder. Contrairement à l'Iran qui a toujours proclamé que son programme nucléaire est un programme civil - soupçonné par l'Occident d'être en réalité à caractère militaire - Pyongyang a, en revanche assuré haut et fort que son intention était de se doter d'un armement de dissuasion nucléaire au même titre que, singulièrement, les Etats-Unis. D'autant plus que le nouveau président américain, Donald Trump, n'a pas caché que l'option militaire (donc nucléaire) restait sur la table. De son côté, Pyongyang se prépare, si besoin, à porter la guerre aux Etats-Unis même en travaillant à la mise au point de missiles balistiques (Icbm) capables d'atteindre le territoire états-unien. Si, pour le moment, des deux rives du Pacifique, le ton s'est élevé, dans une guerre verbale, entre les deux dirigeants états-unien et nord-coréen, il n'en reste pas moins que la moindre erreur risquerait de mettre le feu aux poudres. Une guerre qui risquerait alors de déborder sur la Chine et le Japon. Pyongyang qui dispose déjà d'armes capables d'effacer de la carte Séoul, la capitale de son ennemi héréditaire sud-coréen, peut aussi causer des dégâts au Japon. D'où l'inquiétude de ces deux pays qui, plutôt de tenter de trouver une issue pacifique à la crise, s'en remettent à la puissance militaire et au parapluie nucléaire que leur procurent les puissants Etats-Unis afin de faire rendre gorge au turbulent et dernier pays communiste, «stalinien» selon d'aucuns. En réalité, la guerre est omniprésente en Corée du Nord: les Nord-Coréens la vivent au quotidien de toutes les façons, par la privation, par l'absence de liberté, voire par la pauvreté, par le fait que les revenus du pays sont accaparés par l'effort de guerre. Or, le monde n'a rien fait pour atténuer ce sentiment d'isolement des Nord-Coréens, ni pour dédramatiser la situation. Bien au contraire, la Corée du Nord est mise en quarantaine et au banc de l'humanité. Dès lors, il est intelligible que la Corée du Nord cherche à se protéger en disposant de sa propre force de dissuasion. Ce que font de toute manière ceux-là même qui diabolisent Pyongyang et la pointent du doigt qui, mettrait selon eux, en danger la sécurité du monde. Le 3 mai dernier, les Etats-Unis ont procédé à un nouvel essai de leur missile balistique intercontinental (Icbm) Minuteman III, autrement dangereux pour la sécurité et la paix dans le monde. Il est vrai que les Etats-Unis ont tous les droits, en particulier celui de tester leurs dangereuses ADM. Lors de la guerre de Corée, des armes biologiques ont été utilisées et des milliers de tonnes de napalm ont été déversées sur le Nord de la Corée, détruisant des villes et faisant des dizaines de milliers de victimes, outre les crimes de guerre qu'ont été les destructions des barrages du pays. Les Etats-Unis ont utilisé, voire expérimenté [ils l'ont encore fait lors de l'invasion de l'Irak en 2003] des armes biologiques que prohibent autant l'ONU que la conscience humaine. Les Nord-Coréens [qu'on les comprenne ou non] n'ont pas oublié ces réminiscences du passé où ils étaient des victimes expiatoires de la puissance destructive des Etats-Unis. Et l'Histoire semble vouloir se répéter, avec le risque d'une déflagration qui serait mortelle pour l'humanité.