L'Expression: En tant que connaisseur du monde de la finance, quels arguments peut-on avancer pour dire que Emmanuel Macron est un produit des réseaux financiers, lui qui est entouré d'hommes d'affaires à la tête des groupes financiers? Aballache Bensalama: Emmanuel Macron, fraîchement élu président de la République française, n'est pas né du néant, il n'a que 39 ans, certes il a fait de brillantes études et il est intelligent. Mais cela ne suffit pas à créer un mouvement politique aussi important en quelques mois. Nous savons que des réseaux financiers et médiatiques l'ont aidé. Je rappelle que Emmanuel Macron est issu de la banque d'affaires Rothschild; il a été intégré à la Commission sur la croissance par Jacques Attali, son président. Il a été poussé et présenté par ses mentors à François Hollande, président de la République, qu'il «a trahi avec méthode» je cite François Hollande. Les milieux d'affaires et médiatiques qui l'ont créé et le soutiennent sont divers et importants; je citerai entre autres le Grpoue SFR de Patrick Drahi, contrôlant les médias: BFM TV BFM Businessn, RMC, L'Express, Libération... Bernard Arnault (LVMH...), Stéphane Boudjenah d'Euronext (Bourse de Paris), Le laboratoire pharmaceutique Servier, l'Institut Montaigne proche du Medef (créé par Henri de Castries ex-P-DG d'AXA), Mathieu Pigasse, associé de la banque d'affaires Lazard et propriétaire du journal Le Monde. La liste n'est pas exhaustive et nous ne connaissons pas, à l'heure actuelle, tous ses soutiens ainsi que toutes ses ramifications. Le jour viendra où la presse indépendante et d'investigation pourra faire son travail et nous révélera une partie de cette pieuvre. Quel sera l'avenir de votre ancien parti, le PS, après la mise en place du mouvement «En Marche!» et la victoire de Emmanuel Macron? En ce qui concerne mon parti, le PS; en effet, il est en très mauvais état du fait que certains cadres éminents sont attirés par cette mouvance en vogue de Emmanuel Macron. «L'aile sociale libérale» du PS a rejoint le mouvement «En marche!» pour des intérêts personnels (conserver des postes de députés, sénateurs...). Ils parlent d'un «PS mort». Je ne suis pas d'accord avec cette thèse. Je rappelle que le PS a perdu les élections législatives de 1993 (avec 52 députés plus cinq apparentés). En 1997, soit 4 ans après, nous avons eu la majorité relative à l'Assemblée nationale avec 255 députés. Notre camarade Lionel Jospin a été désigné Premier ministre par le président de la République, Jacques Chirac (cohabitation). En ce qui me concerne, je prône pour mon parti de garder ses valeurs d'humanisme, de solidarité, de progrès et fraternité. Il y a lieu de clarifier nos valeurs et notre idéologie, bien asseoir notre ligne. La refondation et la reconstruction de ce parti sont nécessaires. Nous devons être autonomes et vigilants vis-à-vis de ce nouveau pouvoir. Comment analysez-vous le fait que le mouvement «En Marche!» n'a présenté que 10% de candidats d'origine maghrébine aux prochaines législatives? 10% des candidats aux élections législatives 2017 issus de la diversité ne sont pas suffisants effectivement. Je rappelle que les Français d'origine maghrébine représentent une population de plus de 6 millions d'habitants sur une population de 65 millions d'habitants, soit effectivement 10%. Mais le plus important c'est le nombre de députés élus d'origine maghrébine sur une représentation nationale de 577 députés. Si nous avons 10% des 577 députés, soit 58 députés, le contrat sera rempli, mais malheureusement je ne suis pas optimiste. Actuellement, nous avons 10 députés à l'Assemblée nationale issus de la diversité. Pensez-vous que les relations franco-algériennes vont s'améliorer avec Emmanuel Macron et dans quel sens? En ce qui concerne les relations franco-algériennes, je pense qu'avec le nouveau président français les relations ne feront que s'améliorer. En effet, avec sa déclaration courageuse à Alger sur les crimes contre l'humanité, il a marqué un point positif pour entamer un quinquennat.