Trump entouré d'Al Sissi et du roi Salmane inaugure un «centre de lutte contre le terrorisme» Il faut dire que les dernières années du «règne» de Barack Obama ont été source de nuages de plus en plus sombres, l'administration démocrate ayant choisi de déplacer le centre de ses intérêts vers l'Asie et donc de gérer la question du Moyen-Orient de manière accessoire. Mission accomplie pour les dirigeants saoudiens et leurs émules du CCG, le parapluie américain est de nouveau redéployé dans la région du Proche- Orient où les deux principaux alliés de Washington, Israël et l'Arabie saoudite, ont poussé un ouf de soulagement. Il faut dire que les dernières années du «règne» de Barack Obama ont été source de nuages de plus en plus sombres, l'administration démocrate ayant choisi de déplacer le centre de ses intérêts vers l'Asie et donc de gérer la question du Moyen-Orient de manière accessoire. Signe de cette «victoire» chèrement acquise par le roi Salmane et les autorités saoudiennes qui n'ont pas lésiné sur les dépenses, bourrant la hotte du père Donald de 380 milliards de dollars au point de lui rendre un sourire béat en ces temps d'incertitude américaine avec les affaires du limogeage du directeur du FBI et des divulgations présumées de secrets israéliens aux interlocuteurs russes. D'où l'annonce bruyante de la création d'un centre destiné à la lutte contre les sources de financement du terrorisme, qui sera basé, tenez-vous bien, en Arabie saoudite ou sinon au Qatar, c'est-à-dire là même où des groupes comme An Nosra (Al Qaïda en Syrie) ou Daesh (en Irak) ont été nourris au biberon local. Tout cela serait en fin de compte banal s'il n'y avait pas eu cette brutale attaque contre l'Iran au moment où ce pays approuvait massivement la ligne modérée du président reconduit, Hassan Rohani, partisan de l'ouverture sur le monde et artisan de l'accord sur le nucléaire avec les Etats-Unis du président Obama. Taxé de «principal fournisseur du terrorisme international» par le roi Selmane et mis à l'index dans un discours non moins agressif, mais pour d'autres raisons bien sûr, par le président Trump, l'Iran a focalisé l'essentiel de l'animosité des chefs d'Etat réunis à Riyadh pour une grande messe de la réconciliation entre un ancien candidat républicain qui traitait les musulmans avec les pires qualificatifs et des leaders de nombreux pays islamiques dont la représentativité réelle exigeait de passer sous silence le pourtant incontournable discours sur la démocratie et les droits de l'homme. Donc, le fossé entre l'Iran et les Etats Unis, derrière lesquels s'abritent, coûte que coûte, les monarchies du Golfe vient de s'aggraver davantage. Donald Trump appelle, sur un ton virulent, à «isoler» Téhéran, grand rival chiite d'un régime saoudien ultra rigide et conservateur qui a sorti son chéquier pour s'assurer le soutien permanent de Washington dans ses multiples guerres en Syrie, en Irak et au Yémen. Intervenant juste après sa réélection, Hassan Rohani a réaffirmé sa volonté de poursuivre la politique de détente avec les pays occidentaux, dont les Etats-Unis, avec lesquels l'Iran a conclu un accord historique sur son programme nucléaire, en juillet 2015. Il se trouve que Trump, enflammé par les lobbies israéliens et par Netanyahu, promet une rupture totale avec la doctrine Obama et veut clore le chapitre de la relation apaisée avec l'Iran. «Du Liban à l'Irak en passant par le Yémen, l'Iran finance, arme et entraîne des terroristes, des milices et d'autres groupes terroristes qui répandent la destruction et le chaos à travers la région», a-t-il accusé dimanche dernier à Riyadh, engageant «toutes les nations» à «travailler ensemble pour isoler le régime iranien». Un discours qui a suscité l'ironie des dirigeants chiites, Mohammad Javad Zarif, chef de la diplomatie iranienne qui a mené les négociations nucléaires pour le compte de son pays, ayant déclaré sur son compte Twitter: «L'Iran, qui vient de tenir de vraies élections démocratiques est attaqué par le président des Etats-Unis dans ce bastion de la démocratie et de la modération» qu'est l'Arabie saoudite. Avant de poursuivre, avec la même verve sarcastique: «S'agit-il de politique étrangère ou de pomper 480 milliards de dollars au roi Salmane d'Arabie saoudite?»... Pour les dirigeants iraniens, c'est cette politique américaine qui, par son hostilité et son offensive envers Téhéran, «renforce les groupes terroristes dans la région et les dictateurs qui les soutiennent». Dans leur argumentaire, ils soulignent sans cesse que l'approche et la mise en oeuvre de l'islam wahhabite restent extrêmement rigoristes et qu'elles alimentent la profusion des factions jihadistes dans bon nombre de pays arabes. Sans doute, les temps forts de la visite du président Trump à Riyadh, où l'attendaient sagement plus d'une trentaine de dirigeants musulmans, resteront liés à cette pluie torrentielle de milliards de dollars au bénéfice de l'économie américaine mais au-delà des discours et des rodomontades des uns et des autres, apparaissent des signes inquiétants qui n'augurent rien de bon pour les peuples arabes et musulmans de toute la région du Moyen-Orient. Quant au destin du peuple palestinien, il n'en a pas été question du tout en Arabie saoudite...