Les événements semblent s'accélérer ces jours-ci à Alger. Le dialogue entre le mouvement citoyen des archs et le Chef du gouvernement, représentant de l'Etat algérien gagne en intensité et touche à sa fin. La rencontre au sommet pour demain dans le cadre du comité de suivi de la mise en oeuvre de la plate-forme d'El Kseur, revêt un caractère capital parce que non seulement elle intervient après de longues et âpres discussions, mais elle se présente aussi comme une opportunité pour clarifier certains accords et s'entendre sur ce qui reste des points. On croit savoir de sources proches des archs qu'il sera essentiellement question des revendications démocratiques et historiques, soit le gros du dossier politique du document d'El Kseur. Mais, cette rencontre est aussi attendue sur certaines questions laissées en suspens, dont l'affaire de dissolution des assemblées locales issues du scrutin controversé d'octobre 2002. Ce dossier, qui constituait l'événement politique de premier plan depuis la date de la signature de l'accord, semblait être relégué au second plan, du moins il n'était que rarement évoqué au point où l'on pensait que les camarades d'Abrika ne comptaient plus cette question parmi la liste de revendications. Annoncée pour l'après-remaniement gouvernemental, force est de constater que rien n'a été fait jusqu'à présent et que la tergiversation à ce sujet est toujours de mise, déteignant quelque peu sur la crédibilité d'un dialogue duquel beaucoup est attendu. L'élan de l'agitation née autour de la très controversée révocation des élus locaux en Kabylie et l'organisation d'élections partielles ne sont plus le sujet premier. D'où cette impression d'incompréhension à mesure que tardait le fameux décret présidentiel portant dissolution des APC et APW, revendiqué par le FLN de Belkhadem et confirmé par les délégués des archs. A la protesta, menée tambour battant par le FFS sur fond de refus de retirer ses élus, s'ajoute une manifestation de dissidence interne à laquelle se heurtait la direction du FLN. Le FFS menaçait aussi d'élargir la campagne contre la révocation des élus en débordant sur la loi sur les hydrocarbures. C'est à ce titre que ce rendez-vous au sommet arrive à point nommé pour clarifier la situation. Les revendications démocratiques et historiques, chapitre politique par excellence, sera l'autre point à l'ordre du jour de ce sommet. L'officialisation de la langue amazighe, le point onze de la plate-forme d'El Kseur, qui s'articule autour des prérogatives des élus et des assemblés élues, leurs relations avec les instances exécutives et sécuritaires et les réformes des différents secteurs tels que la justice et la communication... étaient l'essentiel des points autour desquels les différentes séances de travail entre les deux parties étaient axées ces dernières semaines. A ce titre, Farès Oudjedi, membre de la délégation des archs s'est montré bien optimiste hier en déclarant que «les deux visions sur ces questions politiques ont connu des rapprochements considérables». A l'entendre parler, il ne reste que la matérialisation de ces importantes décisions à travers la promulgation des lois et codes nécessaires en pareille conjoncture. Si l'Etat algérien avait lancé le chantier des réformes depuis notamment, l'arrivée à ses commandes de l'actuel président de la République, il reste que le dialogue entamé depuis bientôt six mois semble donner un coup d'accélérateur aux réformes touchant même aux questions sensibles et à l'origine de l'agitation politique connue dans la région de Kabylie. La question de tamazight, devenue ces dernières années objet de surenchères politiciennes, est en passe de connaître son épilogue tout comme le sont les questions liées aux prérogatives des élus, maintes fois dénoncées par les partis politiques. La justice et l'information auront de nouvelles lois et codes allant dans le sens de davantage de démocratie. Partant, le sang des martyrs du Printemps noir et le sacrifice de la population n'auront pas été vains et c'est tout un pays qui gagne en crédibilité lorsqu'une prise en charge effective des revendications des citoyens devient réalité. A noter, à la fin, que le problème des arriérés de salaires des enseignants de tamazight est définitivement réglé. Ces enseignants seront régularisés incessamment par la voie d'une dérogation gouvernementale, avons-nous appris auprès des archs, une nouvelle qui s'ajoute à celle annoncée récemment par le ministre de l'Education autour de l'enseignement de tamazight à partir de la quatrième année primaire.