Dans un contexte national sans précédent, la classe politique s'est attelée à la recherche d'une stratégie à faire valoir pour la prochaine consultation électorale. En attendant la convocation du corps électoral par le Président de la République, les acteurs politiques ont d'ores et déjà investi le terrain pour une précampagne électorale. Il est évident que pour les besoins de cette opération la procédure de court-circuiter aussi bien le pouvoir que la tendance rivale, les états-majors se sont attelés à la recherche d'une stratégie à faire valoir. Le FLN new-look, version Benflis, et qui s'identifie au régime dont il constitue le pivot, semble le plus favorisé sur l'échiquier, puisque d'une part les instances dirigeantes du pays reviennent à ses militants et, d'autre part, il espère tirer les dividendes des actions positives menées par ces derniers, comme les négociations de Benflis avec les ârchs, les actions du ministère de la Solidarité et la réussite du plan de la relance économique. Cela suppose l'acceptation de gérer la société sans renoncer à la réformer, mais sans bouleverser les structures au-delà des engagements électoraux. Le deuxième «pion» influent sur l'échiquier politique est le RND. Un parti dont l'ancrage social est certes moindre par rapport au FLN, mais qui reste statique dans sa position quant à la lutte antiterroriste menée notamment par son chef Ahmed Ouyahia. Un leader qui ne jouit pas de beaucoup d'estime auprès des couches défavorisées, tant il s'apparente à l'homme des salles besognes, mais qui a toute la latitude d'un véritable commis d'Etat. Mais le talon d'Achille de ce parti, «né avec des moustaches», reste la fraude électorale et la corruption de par le nombre de ses élus communaux traduits devant les tribunaux. La corruption, qui n'est pas toujours la résultante des malversations individuelles de la part des élus. En effet, il existe, à tous les niveaux de la société, la même proportion d'individus malhonnêtes et pour qui l'exercice du pouvoir est pourvoyeur de tentations. Le FFS, qui a toujours gouverné le «cartel des non», a fait appel aux compétences de Djeddaï. Va-t-il tirer les dividendes d'une gestion défaillante et des troubles qui caractérisent son fief? Le parti d'Aït Ahmed a toujours milité pour un «Etat de droit» qui s'oppose à «l'Etat policier» dans lequel les autorités gouvernementales agissent à leur guise et où il existe parfois «une police politique» habilitée à intervenir sans tenir compte des lois. Que pourra faire valoir le RCD de Sadi, si toutefois il ne boycotte pas les élections? La régionalisation modulable? La réforme de l'école, de l'Etat ou encore de la justice? Une situation difficile pour le parti de Sadi qui s'est suffisamment mouillé dans un gouvernement ayant tiré sur les foules en Kabylie. Restent les islamistes. Après la victoire, si on peut l'appeler ainsi, qu'ils ont remportée sur le chantier de la réforme de l'école, puisque ce dernier ne semble plus constituer une priorité. Leur position sur l'échiquier politique est inconfortable, du moins c'est l'impression qui se dégage du discours qu'ils véhiculent. Le MSP, Ennahda et Islah, excepté les communiqués sur la question palestinienne qui n'est pas rentable en matière de campagne électorale, ils sont dans une totale indigence sur le plan des perspectives économiques. Que restera-t-il sous la dent des islamistes? La réconciliation nationale bousculée par les événements du 11 septembre, le brasier kabyle dont ils sont exclus aussi bien par la population que par le pouvoir qui s'apprête à le gérer même de manière controversée, et enfin la gestion sur le terrain des inondations de Bab El-Oued et des autres régions du pays et qui a totalement échappé à leur emprise. Mais les sujets de prédilection ne manquent pas. L'opportunité pour les islamistes de se présenter en tant qu'alternative leur est-elle offerte par un système en état de déliquescence avancé?