La semaine dernière l'EPH Mohamed-Boudiaf a connu une journée mouvementée. La cause? un conflit entre l'administration et la section syndicale, mais et surtout la décision de l'ensemble des spécialistes d'interpeller le directeur et de lui faire part de leur inquiétude suite à un manque flagrant de moyens de travail. Une trentaine de malades programmés ont vu le rendez-vous de l'intervention reportée en raison de l'inexistence de moyens les plus élémentaires au niveau des blocs. La goutte d'eau qui fait déborder le vase, reste l'absence de sonde de gavage dont le prix ne dépasse pas les 150 DA l'unité. Devant cette situation et suite à la non-prise en compte des doléances des médecins qui avaient saisi la direction deux fois de suite, les spécialistes ont décidé de se déplacer à la direction où le premier responsable devait les recevoir. Les protestataires ont eu la mauvaise surprise de ne trouver personne pour les écouter. Les efforts consentis par l'Etat butent sur une gestion à l'origine de la difficulté des praticiens à exercer leurs fonctions dans de bonnes conditions. Lors d'une collation, à l'occasion de la réception des blocs opératoires de l'Etablissement public hospitalier Mohamed-Boudiaf de Bouira en présence du wali, Nacer Maâkri, aujourd'hui à Sétif. Ce jour-là, le bureau d'études avait loué les vertus de cet édifice qui devait mettre un terme au calvaire des patients qui quelquefois sont amenés à effectuer des déplacements périlleux pour une petite intervention hors de la wilaya. En plus d'avoir pensé à l'hygiène médicale les concepteurs ont pris en compte dans leur aménagement des lieux un circuit du déplacement du malade depuis les services jusqu'à la salle d'opération. Des normes mondiales ont été retenues pour la circonstance. D'abord et concernant la sécurité, les deux principaux paramètres restent celui de l'hygiène médicale avec des normes ERP classe 4 exclusives à la santé pour garantir la sécurité des biens et des personnes et l'hygiène des surfaces et de l'air, la norme mondiale demeure des stations NSF 90-351. Pour le volet fluidité, l'ensemble des unités fonctionne à la manière d'une usine. Les six blocs sont intégrés dans un circuit qui comprend, un grand couloir périphérique, deux SAS, deux circuits stériles et les six blocs adossés les uns contre les autres et une station de stérilisation centrale. Jusque-là le citoyen ne peut qu'être satisfait de la nette avancée mais voilà. Il se trouve que depuis cette structure demeure à l'arrêt, à l'exception de quelques cas où les chirurgiens ont été obligés d'utiliser cette infrastructure. Au départ, il était question d'un problème de climatisation qui faisait défaut. Un peu plus tard, on parlera du manque d'une partie du matériel prévu au budget d'équipement. La crise survenue accentuera la difficulté de faire démarrer l'unité. Des sommes conséquentes ont été allouées aux différents projets de réhabilitation: un centre d'imagerie: 150 MDA à l'arrêt pour manque de radiologues, un service d'urgence: 165 MDA qui commence à donner des signes d'épuisement, un bloc administratif: 100 MDA, les six blocs opératoires: 375 MDA, une opération de rééquipement: 180 MDA et l'inscription d'une opération de réhabilitation du bloc médecine interne pour 150 MDA. Malgré cet effort, le service reste en deçà des espérances. La seule alternative et solution en mesure de donner à Bouira une bonne image, du moins dans le domaine sanitaire reste l'affectation d'un Centre hospitalo-universitaire. La prise en charge très prochaine des cancéreux au service d'oncologie ne suffira pas. Ce service tombera dans l'oubli comme ses semblables. Seul un CHU mettra un terme aux souffrances des malades et aux peines des personnels de la santé qui essayent au quotidien de répondre aux diverses demandes.