Seul comme un grand, le guitariste a eu la force et le courage de charmer le public. Amputé de ses deux accompagnateurs, Karim Ziad et Michel Alibo, Nguyen Lê a eu l'insigne honneur d'assurer le spectacle tout seul, dimanche soir, au Palais de la culture Malek-Haddad. Le public, plus nombreux que samedi soir, dont beaucoup sont venus spécialement admirer leur idole Karim Ziad, a reçu un coup de déception à l'annonce de l'absence de cet artiste algérien, justifiée pour des raisons de santé. Cependant, Nguyen Lê a eu la force et le courage de charmer le public. Fort d'une longue expérience, le guitariste a surpris tout ce monde par des interprétations extraordinaires de variétés. Il arrivera à faire oublier même l'absence de ses deux accompagnateurs et fera vibrer toute la salle dont une partie ne pourra pas se retenir de danser. Nguyen Lê est un Français d'origine vietnamienne. Il débute sa carrière à l'âge de 15 ans, d'abord par la batterie, puis la guitare et enfin, la basse électrique. Après une licence d'arts plastiques, il se consacre à la musique. L'artiste qui s'est exprimé au cours de cette soirée, sur l'amour qu'il porte à la musique algérienne, conçoit son oeuvre comme un pont jeté entre les cultures. En plus de son amour pour le jazz, il a improvisé un trio sur des musiques traditionnelles vietnamiennes et constitué un groupe autour de la variété du Maghreb. Lê, passionné par l'héritage essentiel de l'afro-américain, Jimmy Hendrix, a réuni un nouvel orchestre avec, notamment, la chanteuse malienne Assistam Dembélé, le bassiste camerounais Michel Alibo et le batteur algérien, Karim Ziad. Nguyen Lê est considéré comme l'avenir de la guitare jazz de 1987 à 1989, il a joué dans l'orchestre national de jazz avec le célèbre Johnny Griffin, Louis Sclavis, Didier Lockwood, Carla Bley, Steve Swalow, Gil e Vans etc... Dans un passé récent, l'artiste s'est même produit en concert aux côtés de John McLaughni, Markus Stockhausen, Enrico Rava, Ray Andersen... C'est dire que le public était devant un dieu de la guitare jazz. Satisfaits, les spectateurs ont applaudi avec force. Assurément, le ton était donné pour la troisième édition de Dimajazz qui se bonifie d'année en année, réservant des surprises au public, comme la présence de David Gilmore, annoncé dans la formation de Aka-Moon, jeudi prochain. L'association Limma qui est à l'origine de ce troisième festival international a finalement relevé le défi.