Il a suffi d'un seul spectacle à la place du 1er-Novembre, le soir de l'inauguration du festival international des arts de l'Ahaggar, lundi dernier, pour que le lendemain toute la ville y accourt. Rappelez-vous, la Malienne Oumou Sangaré avait fait sensation lors de l'inauguration de cette fête, et le lendemain, mardi, le très attendu concert du Malien Samba Touré n'avait pas, autant que sa compatriote, frappé les esprits. Sa musique, dénommée Sourai Bluse, manquait de rythme, parfois ça prenait des allurs d'une berceuse. Et ici à Tam, où il n'y a pas de lieux de loisirs, l'on sent que les gens ont une vive envie de faire la fête. Ce qui en revanche était saisissant, c'est cette formidable marée humaine qui s'est déversée sur la place du 1er-Novembre et qui a veillé tard dans la nuit avec, en plus de Samba Touré, laissé par la fin, la troupe du Niger, Sogha, et la formation de Tamanrasset, Ithran, littéralement les Etoiles. Présentes timides en départ, les femmes, étaient arrivées en force ce mardi soir, où un coin leur a été réservé, loin du tumulte fou des jeunes, derrière les balustades, Il y avait aussi beaucoup de mamans qui berçaient entre les genoux leurs petits, tandis que coiffés de plumes d'oiseaux la troupe Sogha racontait le désert de Tenere, spectacle exotique, instruments plusieurs fois séculaires, (la calebasse en fait partie), le répertoire qu'a proposé Sogha semblait spécialement conçu pour faire partager quelques récits vivants du pays voisin, le Niger. Comme une Griotte, la chanteuse racontait l'histoire d'un arbre salutaire que des chauffards avait déraciné, le cri d'une jeune femme abandonnée par un fiancé, ….. En dansant, en amusant la foule. Parmi le public on reconnaissait par leur apparat, leur adhésion intégrale à une chanson, des Nigériens, des Maliens, mis sur leur 31. " Je vis ici depuis 30 ans. Voici ma mère ", disait une malienne élancée, un bébé dans les bras. " Je connais toutes les chansons de Samba Touré " déclarait un jeune qui chantait loin de Touré, en tapant des mains. Les femmes targuies écoutaient de façon solonnelle, cette musique si différente du Tindi de leurs aïeux. " Je suis targui. Mes grands parents sont nés à Tam ", clamait une femme au visage caché. Dernière nuit spectaculaire ce mardi à Tam, où même les multiples conférences proposées à la Maison de la culture, et boudées par la population locale, ont été bouclées, pour être réorganisées ailleurs, dans un campement à Abalessa, à 80 km de Tam. Les festivaliers ont donc tous décampés ce mercredi de Tam, pour poursuivre leur travaux de l'ancienne capitale de l'Ahaggar, où fut enterrée Abalessa la reine et mère des touareg. Tinh Hinane. Les organisateurs avaient prévu pour la soirée inaugurale la projection du film " Tin Hinan " d'Ali Lacheb. A Abalessa, le menu du campement semble beaucoup moins guinéen qu'à la maison de la culture de Tam : soirées Imzan, tindi, contes africains, projections de films avec débats, meubleront les journées à venir. La ville de Tam sera sans doute morose, puisque beaucoup de gens ont promis de faire le voyage avec les festivaliers à Abalessa, pendant qu'on éteignait les projecteurs de la place du 1er- Novembre à Tam. De notre envoyée spéciale Yasmine Ben