Des terroristes d'origine marocaine L'un des auteurs de l'attentat de samedi à Londres était un Italo-Marocain de 22 ans, déjà repéré et signalé par les services de renseignement italiens, ont annoncé hier des journaux italiens. L'un des deux autres auteurs de l'attentat, dont l'identité a été révélée par les autorités britanniques, était un libyo-marocain. Comment un des auteurs de l'attentat de Londres, sur les radars de la police, a-t-il pu passer entre les mailles du filet? La polémique enflait hier au Royaume-Uni, où une minute de silence a été observée à 10h00 GMT en hommage aux victimes. Sur le front de l'enquête, des hommes d'une unité anti-terroriste de Scotland Yard ont mené une perquisition dans la nuit de lundi à mardi dans l'est de Londres, a indiqué la police dans un communiqué. Les autorités ont révélé lundi l'identité de deux des trois auteurs de l'attentat: Khuram Shazad Butt, 27 ans, un Britannique né au Pakistan connu des services de police, et Rachid Redouane, 30 ans, qui se présentait comme un binational marocain et libyen. De leur côté, les quotidiens italiens, Corriere della Sera et Repubblica ont indiqué que le troisième terroriste était un italo-marocain de 22 ans, Youssef Zaghba. Notons ce fait insolite, qui semble être passé inaperçu de la «grande» presse: la filière terroriste marocaine a été impliquée dans les principaux attentats qui ont secoué ces derniers mois la France, la Belgique, l'Allemagne et donc le Royaume-Uni samedi dernier. Khuram Butt était connu des services de police et de renseignement, qui n'avaient toutefois pas d'éléments laissant penser qu'il préparait un attentat. A deux jours des élections législatives, la presse britannique s'interrogeait toutefois hier sur le fait que les autorités n'aient pas su mieux anticiper ce qui allait se passer alors que Butt était apparu dans un documentaire de Channel 4 intitulé «Mes voisins les jihadistes», dans lequel on le voyait devant un drapeau noir évoquant celui de l'Etat islamique, l'organisation qui a revendiqué l'attentat. «Pourquoi n'ont-ils pas arrêté 'TV jihadi''? (le jihadiste de la télé, ndlr)», demandait le Sun. Pour le Telegraph, «il est stupéfiant que des gens qui constituent une telle menace (...) puissent étaler leur idéologie nauséabonde à la télévision sans en subir les conséquences». Le ministre des Affaires étrangères Boris Johnson a lui-même reconnu hier sur la BBC qu'il était «compréhensible» que les gens se posent des questions «en voyant dans les journaux du matin les photos de ce programme de télévision dans lequel figurait ce type». Rachid Redouane, quant à lui, n'était pas connu des services de sécurité Tous deux habitaient Barking, dans l'est de Londres, selon la police. L'attentat a eu lieu samedi soir, quand trois assaillants ont percuté des piétons à bord d'une camionnette blanche en fonçant dans la foule sur le London Bridge, avant d'abandonner leur véhicule et d'attaquer les passants à l'aide de couteaux dans le quartier voisin de Borough Market. Parmi les sept morts figurent un Français et une Canadienne, et 36 blessés étaient toujours hospitalisés, dont 18 dans un état critique. Lundi soir, les 10 personnes encore détenues dans le cadre de l'enquête ont été relâchées. Ces quatre hommes et ces six femmes avaient été arrêtés dimanche à Barking. Dans ce quartier multi-ethnique, les habitants tentaient de comprendre comment des terroristes pouvaient se trouver parmi leur voisins. «Ça fait très peur», a témoigné Sonam Chamdal, 21 ans, effrayée aussi par les opérations de police effectuées «bien près de chez (elle)». Mark Rowley a rappelé que 500 enquêtes antiterroristes concernant 3000 personnes restaient «actives» au Royaume-Uni et que cinq attentats avaient été déjoués depuis l'attaque perpétrée à Westminster le 22 mars, qui avait fait cinq morts. Un autre attentat, dans lequel 22 personnes avaient péri, avait visé Manchester le 22 mai. L'attentat alimente également le débat politique national. Le chef de l'opposition travailliste Jeremy Corbyn a appelé la Première ministre Theresa May à la démission, lui reprochant des réductions d'effectifs policiers ordonnées lorsqu'elle était ministre de l'Intérieur (2010-2016). Le maire travailliste de Londres Sadiq Khan a mis en garde contre le maintien au pouvoir des Tories. «Nous aurions moins de policiers», a-t-il estimé hier sur la BBC. Au cours d'un meeting devant ses partisans lundi soir dans la périphérie de Bradford (nord), Mme May a de son côté vanté les mérites de son leadership «solide et stable».