Il ne suffit pas d'arriver à un accord politique mais il faut un suivi permanent sur le terrain. Le porte-parole du Mouvement citoyen, Belaïd Abrika, après une pensée en direction des martyrs de la révolution et du printemps noir, entame la conférence de presse en faisant part d'un compte rendu de la dernière rencontre entre la commission de suivi et le chef du gouvernement. Intervenant au forum du quotidien El-Bilad, Abrika précisera, d'emblée, que les discussions ne sont pas allées à leur terme en raison du calendrier chargé d'Ahmed Ouyahia. D'ailleurs, pour les mêmes raisons, les discussions ne reprendront qu'après le 29 du mois, soit après le passage d'Ahmed Ouyahia devant les membres de l'APN, demain, où il doit présenter sa déclaration de politique générale. C'est ainsi qu'il révèle que les discussions avec la chefferie du gouvernement ont porté sur plusieurs volets notamment les incidences encore non satisfaites, la réouverture de plusieurs dossiers en suspens, le plan de relance économique ainsi que la liberté de presse mais beaucoup plus sur la révocation des «indus élus». Sur ce dernier point, Abrika qui est peut-être dans le secret du gouvernement, déclarera que leur révocation «n'est plus qu'une question de temps. Elle est imminente». Abrika a tenu à préciser : «ce problème concerne l'Etat et non pas le mouvement des citoyens» en réponse au refus de certains partis ayant pris part aux dernières élections en question. «Il y a un engagement de l'Etat quant à la dissolution des APC et APW concernées», a-t-il néanmoins ajouté. Pour Abrika, les actuels élus ne gèrent plus «plusieurs dossiers tels que le logement, le foncier ...mais seulement leurs intérêts et celui de leurs familles». «Il est temps de revenir à la légitimité populaire pour permettre au citoyen de jouir d'équité et de justice car ces élus ne font que déstabiliser le processus de dialogue engagé» dira encore Abrika qui profitera de l'occasion pour appeler les citoyens «à se rapprocher de la justice pour dénoncer les abus et les exactions des élus». Tandis qu'un autre membre de la délégation, ayant requis l'anonymat, a affirmé que l'Etat a déjà pris ses dispositions pour que celle-ci intervienne «avant la fin du mois de juin» sans pour autant avancer une idée sur la manière de régler la question. Concernant l'officialisation de Tamazight, Belaid Abrika a été catégorique «il n'est pas question pour notre part de référendum pour l'officialisation de tamazight en tant que langue nationale et officielle». Selon le conférencier, l'Etat est en train d'étudier le moment propice et les modalités d'application car «un référendum sur tamazight, langue nationale, disloquerait l'Etat algérien» justifie Abrika. Sur sa lancée, il annoncera la création prochainement d'un Haut Conseil chargé de la réhabilitation et de la promotion de Tamazight. Apostrophé sur les missions et les objectifs de cette nouvelle entité et si elle est appelée à remplacer l'actuel Haut commissariat à l'amazighité, le porte-parole des archs est resté quelque peu évasif se contentant de dire que «ce n'est encore qu'un avant-projet». Par ailleurs Abrika a dévoilé que 180 cas de non-lieu ont été prononcés en faveur des manifestants arrêtés à la suite de la grandiose marche du 14 juin 2002 tandis que d'autres cas sont encore en instruction. Au plan politique, les discussions avec le chef du gouvernement ont porté, selon l'intervenant, sur la création du Conseil supérieur de l'information devant permettre à la presse de jouer son rôle de service public. «Le Mouvement ne peut se taire devant l'atteinte aux libertés d'expression. D'ailleurs, on a exigé la libération de Mohamed Benchicou» rappelle Abrika tout en dénonçant le monopole sur la publicité. Au chapitre économique, le porte-parole des archs annoncera un plan d'urgence pour la relance économique de la Kabylie. Ce plan élaboré sur 17 points devra être pris en charge par l'Etat mais son suivi devra se faire à travers les structures du mouvement. Cependant Abrika n'est pas allé avec le dos de la cuillère pour exiger des éclaircissements sur le devenir du plan de rattrapage d'un montant de 22 milliards de dinars décidé en 2003 par le chef de l'Etat. Pour ce faire, Abrika a suggéré la réhabilitation de l'IGF et de la Cour des comptes. En conclusion, Abrika s'est dit convaincu qu'il «ne suffit pas d'arriver à un accord politique mais il faut un suivi permanent sur le terrain» pour que le travail élaboré par le Mouvement citoyen soit repris par la société civile.