La vingtaine de délégués étaient tous, hier, fidèles au rendez-vous de la conférence de presse inédite, animée par le mouvement des archs en plein Palais du gouvernement, sous et sur des affiches on ne peut plus «suggestives». Le porte-parole du mouvement, Belaïd Abrika, après une pensée émue en direction des martyrs et des blessés du Printemps noir, entame la conférence de presse en soulignant avec force que «le gouvernement, en la personne d'Ahmed Ouyahia, a accepté la mise en application des six incidences initialement débattues et réglées lors du dialogue de janvier 2004». Avant cela, Abrika reprend en quelque sorte à son compte la déclaration d'Ouyahia à propos de la représentativité du mouvement, anticipant ainsi sur notre question relative aux voix qui se sont élevées pour dénoncer la manière dont a été mené le dialogue. Toujours est-il qu'Abrika et les siens, qui se comparent à présent au syndicat, patronat et même patrons de presse qui n'hésitent pas à négocier avec les pouvoirs publics, parlent à présent d'un «accord global relatif à la mise en place de la plate-forme d'El-Kseur», dont, devait-on apprendre, «aucun point n'a été abordé dans le détail en attendant que les contacts reprennent très probablement lundi prochain» comme il en aurait été convenu entre les délégués des archs et la chefferie du gouvernement. Pour revenir aux incidences, donc, Abrika souligne que «le gouvernement s'est engagé à libérer l'ensemble des détenus, y compris les étudiants et les journalistes, notamment Mohamed Benchicou, directeur du Matin». Mieux, au regard de certains signes qui ne semblent pas tromper, «il y a fort à parier que cela se fasse avant l'Aïd». Abrika qui, certes, ne peut être dans le secret du gouvernement, n'en dira pas plus, laissant ainsi place à la spéculation. De même, l'ensemble des poursuites judiciaires à l'encontre des délégués, mais aussi de ceux qui sont impliqués dans le Printemps noir, seront arrêtées. Il appartient aux délégués d'agir en conséquence avec la célérité voulue afin de transmettre la liste des personnes concernées dans les meilleurs délais. Quant au paiement des factures d'électricité, un appel est lancé aux populations de Kabylie afin de recommencer à s'acquitter de ces redevances dès le prochain trimestre puisque, dira Abrika, «des excuses ont été formulées par la télévision par rapport à la couverture qui avait été faite de la marche du 14 juin 2001». Idem pour la confection, le plus rapidement possible, de la liste des travailleurs licenciés afin qu'ils soient réintégrés dans leurs emplois originels. L'amnistie fiscale en faveur des commerçants pour les années 2001, 2002 et 2003 est elle aussi un acquis désormais irréversible. Enfin, la «révocation des indus-élus» devrait, elle, se faire suivant des propositions concrètes formulées dans un document remis par le mouvement au gouvernement lors du dialogue de janvier 2003. Pressé de questions sur le sujet, puisqu'une pareille mesure ne saurait se faire sans que l'autorité de l'Etat ne soit ébranlée et que des partis politiques puissants n'en prennent ombrage, Abrika citera «l'exemple des APC-FIS pour dire que la chose n'est pas inédite, et encore moins impossible». Pour revenir à la plate-forme elle-même, Abrika admet qu'aucun des quinze points qui y sont contenus n'a été abordé puisque l'accord est qualifié de «global». Il serait donc question d'une sorte de reprise du dialogue la semaine prochaine entre le gouvernement et le mouvement des archs puisque chacun des points, notamment l'officialisation de tamazight et le jugement des assassins et de leurs commanditaires feront vraisemblablement l'objet de tractations très serrées. Dès à présent, Abrika, qui déclare représenter un mouvement martyr, «refuse l'amnistie», et déclare ne pas vouloir reculer sur aucun des points, quitte à ce que la Constitution en soit amendée. Il est, ainsi, «hors de question, pour le conférencier, que tamazight soit officialisée en passant par une consultation référendaire». Toujours très serrée, la partie demeure loin d'être gagnée même si pas mal de chemin a été parcouru grâce à cet accord global, en attendant la prise en charge urgente des besoins sociaux de cette population qui a longtemps et trop souffert...