80% des constructions s'effondreront comme un château de cartes si la capitale est frappée par un fort séisme. Un tremblement de terre de 7 degrés sur l'échelle de Richter effacerait une grande partie d'Alger. Nous ne sommes pas devant le synopsis d'un film de science-fiction. Loin s'en faut. La sonnette d'alarme a été tirée hier, par des spécialistes présents à la conférence sur «les risques majeures et l'urbanisme», organisée par le quotidien El Moudjahid. Ce n'est pas la puissance de la secousse sismique qui inquiète les experts, mais bien l'état des constructions. M.Chelghoum Abdelaghani, professeur à l'université de Bab Ezzouar affirme que «80% des constructions s'effondreront comme un château de cartes si la capitale est frappée par un fort séisme.» La raison? Ces habitations son vétustes. Et les plus récentes d'entre elles, ne répondent pas aux normes parasismiques. Le scénario du tremblement de terre est apocalyptique, mais envisageable. Que faut-il faire dans ce cas-là? Faut-il reconstruire la capitale? Une question placée au centre du débat, hier. Pour Chelghoum, la principale action doit être menée par les autorités publiques. II propose comme première démarche, «la mise en place d'une commission pour l'habitat précaire, composé de spécialistes dans différents domaines.» Cette commission sera chargée de proposer des solutions en vue «de diminuer les risques en cas de catastrophe naturelle.» Mme. Mesbah, représentante du ministère de l'Habitat et de l'Urbanisme a informé que son département a déjà reçu une demande de la part de quatre wilayas (Alger, OranConstantine, et Annaba) pour financer des études portant sur l'état des habitations dans ces régions. Mais son département émet quelques réserves sur cette proposition. «Nous sommes conscients que la situation des bâtisses se dégrade de plus en plus. Mais le ministère souhaiterait aller plus loin dans sa démarche. Il ne suffit pas de constater mais d'apporter des solutions.» En d'autres termes, le ministère souhaiterait avoir un plan de travail et établir un cahier des charges qui définira, sans équivoque, la partie chargée de financer la réhabilitation, la réfection en cours la destruction et la reconstruction des logements. Qui sera aussi responsable du relogement des familles? Tous ces détails ont amené le ministère de l'Habitat à demander aux wilayas concernées de revoir leurs copies. M.Belazoug, du Centre de recherche en génie parasismique, pose le problème autrement. Pour lui, avant de penser à la reconstruction, il faut tout d'abord imposer le respect des textes de loi en vigueur, notamment celle du 25 décembre 2004 (légiférée après les inondations de Bab El Oued), relative à la prévention contre les risques majeurs: «Cette loi est parfaite, malheureusement les administrations compétentes et les experts restent impuissants sachant que les textes d'applications tardent à venir». Comment dans ce cas précis peut- on appliquer la loi? s'est-il interrogé. Ce dernier préconise la mise en place d'une délégation pour les risques majeure et met en garde contre la lenteur enregistrée dans l'élaboration des plans de prévention contre les catastrophes naturelles au niveau des communes. Un plan indispensable pour organiser l'intervention d'urgence en cas de catastrophe. «Les inondations de Bab El Oued nous ont démontré combien nos moyens d'intervention sont vulnérables devant les catastrophes. Malheureusement, l'Algérie ne retient pas les leçons de ses malheurs.» conclut-il.