Theresa May, Première ministre britannique en sursis, entame aujourd'hui de difficiles négociations de sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne Près d'un an après le référendum sur l'UE, les négociations sur le Brexit débutent aujourd'hui dans un contexte difficile pour Theresa May affaiblie par son revers aux législatives et les critiques sur sa réaction à l'incendie de la tour Grenfell. Le ministre britannique du Brexit David Davis retrouvera le négociateur en chef pour la Commission européenne Michel Barnier, à Bruxelles pour démarrer ces discussions destinées à détricoter 44 ans de mariage. Les Britanniques avaient voté le 23 juin 2016 à près de 52% en faveur d'une sortie du giron européen, provoquant la stupeur de leurs voisins et un séisme politique au Royaume-Uni dont les répliques se font toujours sentir. La Première ministre britannique, Theresa May, elle-même en est la grande protagoniste. Ou la victime. Désignée en juillet 2016 par le parti conservateur pour remplacer David Cameron, balayé par la vague Brexit, cette ancienne ministre de l'Intérieur s'est retrouvée aux commandes d'un pays profondément divisé et confronté à des enjeux dont l'ampleur a de quoi donner le vertige. Encore très populaire au mois d'avril, la dirigeante a perdu en quelques semaines tout ou partie de son crédit. Au point que le camp conservateur s'interroge sur sa capacité à mener les discussions avec l'UE tandis que les éditorialistes ne se demandent plus si elle va partir... mais quand elle partira. Il y a d'abord eu les législatives anticipées du 8 juin, un pari lancé par Mme May qui lui a coûté sa majorité absolue au Parlement après une campagne dont le Daily Mirror se demande s'il ne s'agissait pas de la «pire» de l'histoire. Puis sa réaction à l'incendie de la tour Grenfell à Londres. Alors que le pays est sous le choc, la Première ministre se rend sur place sans rencontrer la population. Elle le fera le lendemain, mais trop tard: elle est accusée de n'avoir pas pris la mesure de ce drame qui a fait des dizaines de morts. Pour le journal conservateur The Times, c'est la goutte de trop: «Plus vite Theresa May partira, mieux ce sera». Le Royaume-Uni abordera donc les négociations les plus importantes de son histoire récente dirigé par un exécutif très fragilisé, ne disposant même pas de la garantie absolue qu'il passera le vote de confiance à la reprise des travaux parlementaires mercredi. A cela s'ajoutent les inquiétudes grandissantes sur le plan économique, avec une consommation des ménages, habituellement moteur de la croissance du pays, à la peine depuis le début de l'année en raison de l'inflation liée à la chute de la monnaie britannique depuis le 23 juin. Autant d'éléments qui ont conduit des responsables conservateurs et de l'opposition travailliste à appeler Mme May à renoncer au Brexit «dur» qu'elle prône, à savoir une sortie du marché unique afin de reprendre le contrôle des frontières britanniques et limiter l'immigration européenne. Partisan d'une «approche pragmatique», le ministre des Finances Philip Hammond a plaidé hier sur la BBC pour une sortie «sans heurts» qui puisse, via des «structures de transition», protéger l'emploi et la croissance. Mais il a aussi souligné que la mise en oeuvre du Brexit signifiait sortir du «marché unique» et de «l'union douanière». Pour le moment, «rien n'a changé» quant à la ligne du gouvernement, a insisté pour sa part David Davis. Côté UE, M.Barnier a déjà en tête un calendrier précis pour le déroulement des négociations, dévoilé fin mai dans un document interne de la commission. La première étape devra être consacrée à trouver un accord sur trois dossiers érigés en priorités par les 27: le sort des expatriés européens au Royaume-Uni et des Britanniques installés dans l'UE, la question de la frontière irlandaise, et le «règlement financier», c'est-à-dire le paiement par Londres de tous les engagements déjà pris au sein de l'UE. Londres est supposé quitter l'UE fin mars 2019, soit deux ans après le déclenchement officiel de la procédure de sortie par Mme May, le 29 mars. Mais avant de refermer la porte de l'UE, 53% des Britanniques verraient d'un bon oeil la possibilité de voter l'accord qui aura été négocié, indique un sondage Survation/Mail on Sunday.