Des dizaines de milliers de migrants et des milliers de victimes L'Italie vient, ce jeudi, de menacer de bloquer l'entrée de ses ports à certains bateaux transportant des migrants en Méditerranée, un avertissement qui a sonné le branle-bas de combat dans les allées de la Commission à Bruxelles... Après des mois de tractations plus ou moins souterraines et quelques remous suscités par le veto américain à la candidature du Palestinien Salam Fayed proposé par le tout nouveau secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres au poste de représentant spécial en Libye, le Conseil de sécurité a finalement opté pour celle du Libanais Ghassan Salamé. C'est ainsi que le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, a eu hier un entretien téléphonique avec ce nouveau représentant spécial du secrétaire général des Nations unies pour la Libye, selon un communiqué du ministère. L'émissaire onusien «a tenu à remercier Messahel pour le message de félicitations qu'il lui a adressé à l'occasion de sa nomination dans ses nouvelles responsabilités», précise la même source, ajoutant qu'il «apprécie les efforts constants de l'Algérie dans son accompagnement et son soutien à l'ONU dans ses efforts visant à faire aboutir le processus engagé dans le cadre de la mise en oeuvre de l'Accord politique du 17 décembre 2015». Bien évidemment, Messahel «a réitéré l'engagement de l'Algérie de continuer à soutenir, de manière loyale et constructive, le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU comme elle l'a toujours fait avec ses prédécesseurs», compte tenu des urgences qui caractérisent une scène libyenne hautement instable et porteuse de nombreuses menaces dont celles du terrorisme et des trafics en tous genres. Après plusieurs semaines d'affrontements entre les milices intégristes comme celles de Zintan et les troupes du général Haftar, notamment au niveau des terminaux pétroliers et des aéroports de l'est du pays ainsi que des villes comme Derna qui, il n'y a pas si longtemps, étaient encore des fiefs de Daesh, on observe ces temps derniers une «certaine» accalmie, plus due aux contraintes du Ramadhan et de l'arrivée des grandes chaleurs estivales qu'à un réel souci de réconciliation nationale. Et c'est le moment qu'a choisi le président du Conseil présidentiel et Premier ministre libyen, Fayez al Serraj pour se rendre aux Pays-Bas où il a eu des entretiens avec le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Bert Koenders, de sorte que les autorités néerlandaises ont décidé d'envoyer à nouveau un diplomate permanent en Libye, trois ans après avoir fermé leur ambassade à Tripoli pour des mesures de sécurité. Tout en jugeant qu'il est encore «trop tôt pour la réouverture d'une ambassade», ce qui «coûterait également davantage d'argent» dans la capitale libyenne, ce qui «nécessiterait également davantage d'argent «Den Haag considère cette initiative comme «une première étape importante pour être de nouveau représentés à Tripoli au niveau diplomatique, suivre la situation complexe de la Libye, avoir de meilleures relations avec les autorités libyennes et mieux accompagner nos programmes de soutien dans le pays». Le gouvernement néerlandais qui a fermé son ambassade à Tripoli en juillet 2014, pour des raisons de sécurité, critique «l'instabilité incessante en Libye» et la qualifie de «problème à la frontière Sud», avec de «profondes conséquences pour la majorité des pays membres de l'UE».Un point de vue qui rejoint celui de l'Italie qui, ce jeudi, vient de menacer de bloquer l'entrée de ses ports à certains bateaux transportant des migrants en Méditerranée, un avertissement qui a sonné le branle-bas de combat dans les allées de la Commission à Bruxelles qui a à son tour appelé à ne rien faire avant d'en avoir discuté avec les autres Etats et les ONG. Rome n'en finit pas de se plaindre d'être livrée à elle-même face à la crise migratoire mais ses nombreux appels à l'adresse des partenaires de l'UE pour davantage de solidarité n'ont trouvé aucun écho, hormis quelques paroles réconfortantes. Et quand on sait que plus de 10 200 migrants ont été secourus rien qu'entre dimanche et mardi derniers au large de la Libye où prolifèrent les bateaux des ONG aux côtés des garde-côtes italiens, on comprend l'ampleur du problème. Depuis au moins cinq ans, l'Italie se retrouve en première ligne de la tragédie humaine qui agite la Méditerranée centrale sans que les partenaires à Bruxelles ne consentent à apporter leur contribution, aussi modeste soit-elle. Le Premier ministre italien, Paolo Gentiloni, a encore appelé jeudi dernier les autres pays de l'UE à apporter une «contribution concrète» pour aider Rome, après une rencontre avec d'autres responsables européens à Berlin. «Nous avons internationalisé les opérations de recherche et de sauvetage, mais l'accueil reste pour un seul pays», a-t-il rappelé avant d'indiquer que son pays se trouve sous pression, confronté à des chiffres vertigineux qui vont avoir un impact grave sur tout le système d'accueil. Une discussion des 28 est programmé le 6 juillet à Tallinn, en Estonie, où il s'agira de dépasser le stade des voeux pieux. Une gageure.