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Retour sur les secrets des Rousses
5 JUILLET 1962 - 5 JUILLET 2017 55 ANS D'INDEPENDANCE : NEGOCIATIONS DU GPRA ET DES OFFICIELS FRANÇAIS À LA FRONTIÈRE FRANCO-SUISSE

Krim Belkacem a prouvé au monde qu'il maîtrisait autant l'art de la guerre que celui de la diplomatie
Emouvant: lors de notre pèlerinage aux Rousses, Le Yéti, le fameux bâtiment qui était à l'origine du 5 Juillet 1962, est toujours sur place, presque dans le même état qu'il était il y a 55 ans en dépit du poids des années.
Le lion des Djebels méritait bien son surnom. Des montagnes du Djurdjura à celles du Jura, Krim Belkacem a prouvé au monde qu'il maîtrisait autant l'art de la guerre que celui de la diplomatie. Retour sur l'un des épisodes clés de la révolution algérienne dont la finale s'est jouée dans les montagnes du Jura Surplombant les hauteurs du Jura, la station des Rousses, à la frontière franco-suisse, avait accueilli en toute discrétion les négociateurs du Gouvernement provisoire de la République algérienne (Gpra) et des officiels français. C'est là que, dans le plus grand secret, ont été préparés jusque dans le détail les accords qui avaient été signés le 19 mars 1962 à Evian. Les fameux accords d'Evian ne faisant qu'entériner l'essentiel de ce qui avait été convenu un mois auparavant sur les hauteurs jurassiennes. C'est dire que les négociations des Rousses ont entraîné le cessez-le-feu du 19 mars en Algérie, puis la proclamation de l'indépendance de l'Algérie, un certain 5 juillet 1962. C'est là, aux Rousses, que s'était joué un pan de notre histoire contemporaine.
Lors de notre pèlerinage aux Rousses, le Yéti, le fameux bâtiment qui était à l'origine du 5 Juillet 1962, est toujours sur place, presque dans le même état qu'il était il y a 55 ans en dépit du poids des années. Comme pour témoigner devant l'Histoire du rôle qu'il avait à jouer dans la fin de la guerre et la conclusion des accords de paix entre la France et l'Algérie. Le Yéti est un chalet, sur la RN 25, qui abrite des chasse-neige, des tracteurs et pendant le week-end, le personnel: des fonctionnaires des ponts et chaussées et de l'administration préfectorale. Cette vocation est assurée à ce jour par le Yéti. Il sert toujours de dortoir pour les chasse-neige et d'autres équipements, tandis que l'appartement et les bureaux sont toujours là, témoins des neuf fois 24h avant que les Algériens et les Français, qui débattaient de l'indépendance de l'Algérie, se serrent la main pour la première fois et retiennent leur silence. Le Yéti semble sans vie! Et tous les alentours renseignent sur les couleurs touristiques des Rousses. La station des Rousses garde le même décor qu'elle avait lors des négociations entre le Gpra et le gouvernement français. L'endroit était tout le temps assez fréquenté et la présence de certaines voitures était tout à fait normale et ne prêtait à aucune interrogation. La vue d'étrangers dans les parages est loin de susciter la moindre question. C'est le contraire qui aurait été inquiétant, car la région vit aussi du tourisme hivernal. C'est pourquoi le choix des Rousses était le mieux indiqué pour abriter les négociations secrètes GPRA-Etat français.
Mme Lison leur faisait à manger...
Se rappelant du témoignage de Raymonde Grand-Chavin, ancienne secrétaire à l'Equipement chargée du bâtiment et l'un des derniers témoins directs des négociations des Rousses, le journaliste souligne «avant de choisir cet endroit, des fonctionnaires sont venus visiter plusieurs fois, on pensait que c'était pour les vacances des gens de la préfecture, c'est moi qui ouvrait. Je les voyais chuchoter sur la terrasse, je ne comprenais pas.» Et de poursuivre avec plus de précision: «Il y avait une famille qui vivait ici, M.et Mme Lison, lui était conducteur de travaux, qui habite toujours aux Rousses. Mme Lison leur faisait à manger, on leur avait demandé le plus grand secret. C'est de leur chambre que les ministres rendaient compte au téléphone à De Gaulle.» La délégation française, y compris les éléments des services de sécurité, ne sortait pas du hangar, tandis que les Algériens arrivaient de l'autre côté des frontières en touristes et quittaient aussi en touristes le soir le Yéti à destination de Genève. Durant neuf jours, soit entre le samedi 10 février et le lundi 19 février 1962, les parties antagonistes se retrouvaient dans la plus grande discrétion dans les locaux de ce bâtiment dans la station des Rousses. «Difficile d'imaginer que c'est ici que fut négocié le destin de millions de personnes, Français et futurs Algériens», fait remarquer Philippe Sauter, journaliste à L'Est Républicain. Le choix du Yéti par les autorités françaises, pour abriter les négociations qui ont prévalu aux accords d'Evian scellant l'indépendance algérienne, n'était pas par hasard, mais c'était plutôt un choix réfléchi et longuement mûri. Le choix du Yéti était idéal. Il se situait à quelques centaines de mètres de la frontière où séjournaient les compagnons de Krim Belkacem. La délégation du Gpra conduite par Krim Belkacem arrivait tous les matins en provenance de Genève avec une voiture immatriculée dans le Jura et des skis sur le toit. «Le Yéti présentait à mes yeux de multiples avantages. Ce blockhaus assez hermétique, familier aux usagers de la Route blanche, n'attirait le regard de personne... Certes, le choix pouvait paraître risqué car nous étions en plein sur la Route nationale, et au vu de tout le monde, avec un va-et-vient automobile et piétonnier assez intense, mais c'est précisément cette dernière considération qui me poussait à ce choix», écrit Pierre Aubert dans son livre «Les secrets des Rousses- révélations des accords d'Evian».
Krim Belkacem, le «touriste» de la paix
Tout le long des négociations, les compagnons de Krim Belkacem se faisaient passer pour des skieurs à bord d'une voiture immatriculée au Jura. On était en pleine période touristique. Les vacanciers et les skieurs venaient des quatre coins de l'Hexagone, mais aussi des autres pays d'Europe. Les habitants ne faisaient pas attention et ne se posaient pas de questions sur les personnes rencontrées sur les lieux. Il y avait toujours des va-et-vient automobiles et piétonniers. Les négociateurs se noyaient facilement parmi les touristes. Les représentants du Gpra venaient aux Rousses chaque matin et rentraient à leur hôtel à Genève chaque soir, tandis que les Français y restaient pour passer la nuit dans les mêmes bureaux. Pour accueillir et négocier avec la délégation du GPRA conduite par Krim Belkacem, Louis Joxe, Robert Buron et Jean de Broglie, les trois ministres, accompagnés d'une dizaine d'experts avaient veillé à ce que les négociations soient tenues dans le secret le plus total. Une vingtaine de policiers armés jusqu'aux dents, mitraillettes, grenades, etc. ont été mobilisés pour faire face à une éventuelle attaque. Le contexte était celui des attentats de l'Organisation armée secrète (OAS) hostile à l'indépendance de l'Algérie.
Il faut noter aussi que l'indépendance de l'Algérie et ses conséquences politiques sur la France ont provoqué la chute de la IVe République. Il a fallu que tout le peuple français sorte dans la rue pour soutenir De Gaulle contre les adeptes de l'OAS, qui refusaient mordicus de céder l'Algérie à son peuple.
De Gaulle subira en effet les foudres de l'OAS et échappera de justesse à plusieurs attentats menés par ses détracteurs, compagnons d'hier et ennemis de l'heure. Ainsi, la première tentative d'assassinat remonte au 8 septembre 1961 à Pont-sur-Seine (Aube), quand une bouteille de gaz remplie de plastic explose au passage de sa voiture, le général l'a échappé bel. Quelques mois, plus tard, le 23 mai 1962, De Gaulle devait être abattu sur le perron de l'Elysée par un tireur situé en face. Encore une fois, un coup raté contre le héros national.
Le 22 août 1962, au Petit-Clamart, sa voiture est criblée de balles. C'est pourquoi la discrétion était de rigueur et aucune information ne devait être éventée. Même les journalistes étaient tenus à l'écart de tout ce manège politique. L'avenir de 7 ans de guerre et d'une éventuelle paix était en jeu. Pour l'anecdote, Robert Buron raconte: «La seule fois où nous avions senti que la population commençait à se douter de quelque chose, c'était quand l'inspecteur de police s'était rendu à Morez pour faire le ravitaillement (nourriture et boissons) et il s'était présenté comme moniteur d'une colonie de vacances et là, l'épicier lui avait dit: «Eh ben! Qu'est-ce que c'est que cette colonie de vacances? Quel âge ont-ils vos gaillards?» Le moniteur lui avait répondu: 15 à 16 ans. Qu'est-ce qu'ils boivent comme vin rouge!». «C'était sauvé et nul ne s'est plus posé de questions. Les négociations tenaient en haleine le gouvernement français et le général de Gaulle qui suivait quotidiennement les avancées. C'était lui qui donnait les directives et les lignes à ne pas franchir. «Dans le hangar, il y avait des bureaux, et un appartement dont le salon servait la journée pour les négociations et la nuit devenait une chambre après le départ des Algériens, il y a aussi une autre petite chambre où dormait Louis Joxe et où il y a également un téléphone. D'ailleurs, chaque soir après le départ des Algériens, on recevait au téléphone le général de Gaulle pour lui faire le point de nos discussions avec les Algériens et recevoir ses instructions ensuite», témoigne Robert Buron. Il faut noter que Pierre Aubert n'était pas un inconnu des négociations des Rousses, car il était le préfet du Jura, qui était chargé par Michel Debré, le Premier ministre d'alors, de mettre toutes les commodités en place et permettre la rencontre et l'accueil des négociations entre les représentants du gouvernement français conduit par Louis Joxe et ceux du FLN conduits à leur tour par Krim Belkacem. «À l'issue de ces neuf fois 24 heures, nous avons conclu à l'accord et décidé de nous rencontrer la semaine suivante. Enfin, pour la première fois, nous nous sommes serré la main... Nous étions les uns et les autres, et en toute bonne foi, convaincus que ce que nous venions de mettre sur pied était dans une large mesure applicable, et pouvait servir à la fois au développement de l'Algérie, et à la paix en France», déclarait Robert Buron, l'un des trois délégués français, dans les médias hexagonaux en 1972. Aussi, faut-il le noter, le conseil municipal a adopté, soutient un riverain d'origine algérienne, Sahli Nadir, une plaque commémorative pour le secret des Rousses.


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