L'opposition syrienne est présente à Astana Le document signé en mai évoquait de manière exhaustive la région d'Idlib, où sont regroupés les rebelles et les civils évacués de différentes villes comme Alep et la province centrale de Homs ainsi que la partie méridionale de la Syrie. Les trois parrains du processus d'Astana, Russie et Iran en tant qu'alliés du régime du président Bachar al Assad, et Turquie, soutien d'une partie de l'opposition syrienne, ont tenté durant les deux jours écoulés de se mettre d'accord pour une mise en place de quatre zones de «désescalade» évoquées voici deux mois par le président russe Vladimir Poutine. Les limites de ces zones et surtout la manière dont elles seront gérées font pour l'instant l'objet d'intenses tractations entre les délégations de Damas et celles de l'opposition engagée dans les pourparlers en cours qui, ne l'oublions pas, se déroulent en parallèle avec celles de Genève, guère plus avancées en réalité. La capitale kazakhe sera-t-elle l'endroit propice au déclic grâce auquel une paix précaire serait enfin perceptible pour le peuple syrien? La question est posée mais la teneur des discussions qui a surtout concerné la qualité des forces armées chargées de «veiller au strict respect de l'accord», en l'occurrence les armées des trois pays garants du processus n'incite pas vraiment à l'optimisme. Au terme des deux journées de négociations, a eu lieu une session plénière en présence des délégations russe, iranienne et turque ainsi que celles du régime al Assad et des factions rebelles. On a également relevé la présence de l'envoyé spécial des Nations unies pour la Syrie, Staffan de Mistura. Ces «retrouvailles», deux mois après la dernière réunion à Astana en mai dernier, doivent permettre aux trois parrains du processus de mettre en chantier le plan adopté dans la perspective d'instaurer une trêve effective au bénéfice de plusieurs régions devenues un ensemble de quatre zones sécurisées. Sauf que les négociations entre le régime du président Bachar al Assad et les rebelles ne sont toujours pas parvenues à définir précisément les contours de ces zones comme elles s'y étaient engagées. Le document signé en mai évoquait de manière exhaustive la région d'Idlib, où sont regroupés les rebelles et les civils évacués de différentes villes comme Alep et la province centrale de Homs ainsi que la partie méridionale de la Syrie. Toutes ces zones où on observe une forte densité de population et dont le groupe terroriste Daesh a été totalement extirpé sont destinées en outre à bénéficier d'une exclusion aérienne pour éviter les drames dont ont été trop fréquemment victimes des centaines de civils, comme à Raqqa lors des raids de la coalition internationale. Il semble qu'un des points de désaccord qui a entravé pour l'heure la conclusion des travaux concerne l'ambition de la Turquie et de l'Iran qui cherchent à conforter leur influence sur le terrain où on a observé une nette accalmie des combats au cours de ces trois dernières semaines. D'ailleurs, l'armée syrienne avait unilatéralement décrété à la veille de l'ouverture des négociations dans la capitale kazakhe une nouvelle trêve du 2 au 6 juillet dans trois provinces, celles de Deraa, Kuneitra et Souweyda où se déroulaient de sanglants affrontements. Mais en même temps, le gouvernement syrien a averti qu'il ne permettra pas à ses ennemis de bénéficier de la création des zones de «désescalade» dans l'ouest de la Syrie, Faisal Mekdad, le vice-ministre syrien des Affaires étrangères, ayant fixé par avance les conditions de la participation de Damas aux prochaines sessions d'Astana et de Genève: «préserver la souveraineté et l'unité de la Syrie et épargner le sang de ses fils». Des propos qui sonnent comme un avertissement à la déclaration d'un porte-parole du président turc Recep Tayyip Erdogan selon laquelle des forces turques et russes seront déployées dans la province d'Idlib, un bastion rebelle dans le nord-ouest de la Syrie et l'une des quatre zones de désescalade avec la Ghouta orientale, la province de Homs et la région de Deraa. Cette dernière est qui plus est l'objet de concertations avec les Etats-Unis et la Jordanie pour un éventuel mécanisme dont rien n'a filtré pour le moment, sinon que Washington n'a pas mis longtemps à dire ses «doutes» quant à la «viabilité» des zones de désescalade discutées à Astana tout en pressant la Russie pour conclure un accord bilatéral de mise en place d'une zone dans le sud-ouest de la Syrie. On le voit, quatre jours avant le rendez-vous de Genève où doit avoir lieu le septième round de pourparlers entre la délégation syrienne et celle de la rébellion, le chemin est encore plein d'ornières qui doit conduire à une paix tant espérée par le peuple syrien martyr. Tout se passe comme si, de facto, la partition de la Syrie est fixée comme une donne incontestable tandis que les nombreux calculs autour des «territoires» prétendument «autonomes» poussent certains pays à avancer leurs pions sans se soucier de la légalité internationale.