Au moment où le cinéma égyptien se recherche après la disparition de Youssef Chahine, un jeune réalisateur égyptien installé en Suède Tarik Saleh, crée actuellement sensation avec son film «Le Caire confidentiel». Le film s'est déjà illustré en obtenant le Grand Prix du jury au dernier Festival du cinéma américain indépendant de Sundance et le Grand prix du Festival international du film policier de Beaune. Servi par l'interprétation époustouflante de Fares Fares, star libanaise qui va sans nul doute percer en Europe avec ce film puissant, le film de Tarik Saleh est en train de gagner en popularité en Egypte, mais aussi en Europe. Le film s'installe au Caire, en 2011, quelques jours avant le printemps arabe égyptien, un commissaire corrompu va changer d'attitude suite à son enquête sur un meurtre où un proche du président Moubarak est impliqué. Pour lui, les pots-de vin, c'est terminé. La qualité première de «Le Caire confidentiel» est basé sur l'écriture américaine du film et qui marque le changement de comportement de ce flic «ripou» au coeur des événements du printemps arabe. Sa révolution intérieure rencontre celle du peuple égyptien contre un pouvoir dénaturé. Tarik Saleh s'inspire d'une véritable affaire d'assassinat d'une jeune chanteuse ayant impliqué deux hauts fonctionnaires égyptiens qui ont été emprisonnés. L'histoire colle au récit renforcé par une grande maîtrise technique du réalisateur. Mais c'est à travers le héros principal Noredine (Fares Fares) que l'histoire est centrée. Embarqué dans une enquête dangereuse qui valse avec les arcanes du pouvoir, et le met en porte-à-faux par rapport à ses collègues corrompus jusqu'à la lie. Comme la présidence Moubarak qui, à force de tirer sur la corde subira la vindicte populaire, jusqu'à son éviction. Ce film traduit largement le sentiment de certains artistes égyptiens qui ont couvé la révolution et qui se sont retrouvés piégés par le même piège de la corruption et la politique. Aujourd'hui, le cinéma égyptien qui avance à petits pas réalise plusieurs films sur la période post-Moubarak comme c'est le cas de «Nouara», tant qu'on ne touche pas au président Sissi. Le cinéma égyptien qui a toujours bénéficié de l'aide de l'Etat a toujours produit des films qui à la fois le critiquent et le protègent. Le cinéma a toujours le plus grand défenseur des régimes en Egypte. Si Chahine s'entendait bien avec Djamel Abdel Nasser, en revanche il est était détesté par Sadate qui n'appréciait pas son cinéma. Jusqu'à sa mort Chahine critiquait Moubarek sans que ce dernier ne lui cause des problèmes. Pour Chahine il est très important d'avoir des relations avec les présidents car cela ouvre souvent la porte aux blocages de certains ministres. [email protected]