L'objectif de cette fuite en avant étant d'occulter à l'opinion internationale et marocaine la réalité d'une situation interne extrêmement préoccupante. C'est sur fond de crise économique et sociale asphyxiante, que des manifestations ont éclaté au cours de ces derniers jours dans les territoires sahraouis occupés, notamment à El Ayoun. La tension n'a pas épargné la capitale marocaine, où de violents affrontements ont opposé vendredi les étudiants aux forces de répression. Ces derniers n'ont pas fait dans le détail, en s'acharnant avec une rare violence sur les manifestants sahraouis, auxquels se sont joints leurs camarades marocains. Scandant des slogans hostiles au roi Mohammed VI et clamant «vive, le Front Polisario» les insurgés de Rabat avaient réagi en guise de soutien aux populations civiles, qui avaient fait l'objet, deux jours auparavant, d'une véritable chasse à l'homme, à huis clos et où étaient utilisés des moyens de répression et des effectifs de forces anti-émeutes impressionnants. Plusieurs cas de disparition ont été signalés parmi les civils, en sus des dizaines d'arrestations opérées au sein de la population. Les domiciles des Sahraouis ont même été violés et leurs occupants malmenés. La torture y était au rendez-vous ; en témoignent les sévices subis par certains manifestants. Une violence d'une rare sauvagerie, dénoncée par les organisations internationales pour la défense des droits de l'Homme et des associations de soutien au peuple Sahraoui. A noter que le ministre des Affaires étrangères de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd), M.Mohamed Salem Ould Salek, a appelé, hier les Nations unies à «intervenir d'urgence pour protéger les civils sahraouis dans les territoires occupés du Sahara occidental.» Il a en outre «déploré que le gouvernement marocain continue à refuser aux médias étrangers et aux observateurs l'accès du territoire du Sahara occidental» D'autre part, les réactions internationales se succèdent, à l'image de l'Union générale des travailleurs espagnols (UGT) et la Commission des ouvriers (Ccoo) qui ont condamné la «violente intervention» des forces marocaines contre les manifestants, selon un communiqué des deux centrales syndicales espagnoles, cité par SPS. Les deux organisations syndicales ont appelé «les Nations unies et la communauté internationale à travailler activement pour permettre au peuple sahraoui de s'autodéterminer librement». En Australie, la présidente du conseil législatif du Parlement de l'Etat de la Nouvelle Galles du Sud, Mme Meredith Burgmann, a appelé l'ONU et sa mission au Sahara occidental, la Minurso, à exhorter le Maroc à mettre un terme à sa répression contre les Sahraouis et fixer une date pour le référendum d'autodétermination. Il paraîtrait même que la société civile marocaine s'organise dans le cadre de collectifs et de comités de soutien au Front Polisario, tout en dénonçant la violence qui s'est abattue sur les étudiants de Rabat. D'après certaines agences de presse, vingt-cinq Sahraouis ayant participé aux manifestations d'El-Ayoun, ont été traduits samedi devant un juge d'instruction marocain et incarcérés. Les familles des détenus, parmi lesquelles figurent des militants des droits de l'Homme, n'ont pas été autorisées à assister au procès. Pour sa part, et mue par le souci de travestir les évènements, la presse du royaume chérifien n'arrête pas de s'acharner sur l'Algérie, considérant que les dernières déclarations du président Abdelaziz Bouteflika seraient à l'origine de la tension dans la région. Or, ce que les mercenaires de sa majesté omettent de signaler, c'est le fait que la position de principe de l'Algérie, concernant le dossier sahraoui ne date pas d'aujourd'hui, mais a soutenu le combat du peuple sahraoui, conformément à la légalité internationale, à laquelle même le Maroc a souscrit. Les mêmes médias actionnés par les officines du royaume continuent d'alimenter la propagande, en allant «chercher des coupables hors des frontières pour justifier les graves troubles survenus il y a une semaine et qui ont atteint leur apogée lors des manifestations de la population sahraouie à Al Ayoun, Dakhla et Rabat en faveur de l'indépendance du Sahara occidental» écrit le quotidien espagnol, La Razon. Et au journal de poursuivre: «Pour justifier la brutalité de la répression, l'agence de presse marocaine MAP, a évoqué un complot international dans lequel elle tente d'impliquer l'Algérie et la presse espagnole», une manoeuvre de diversion, qui ne vise en réalité qu'à étouffer la grogne populaire, née du soulèvement des sinistrés d'Al Hoceima. L'objectif de cette fuite en avant étant d'occulter à l'opinion internationale et marocaine la réalité d'une situation interne extrêmement préoccupante. Une réaction on ne peut plus désespérée, qui dénote de la fin proche d'un régime nocif, aussi bien pour le Maghreb que pour la région du Bassin méditerranéen.