Après 22 mois de batailles juridiques, la Fécafoot cherche toujours une sortie de conflit La Fédération camerounaise de football (Fécafoot) est plongée dans une profonde crise politique depuis quatre ans. La situation ne semble pas près de s'arranger malgré la médiation de la Fédération internationale de football (FIFA). Après 22 mois de batailles juridiques, la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) a-t-elle fait un petit pas vers une sortie de conflit? Rien n'est moins sûr: la Fécafoot a en effet annoncé ce 14 juillet 2017 qu'elle ne reconnaissait toujours pas l'annulation de l'élection de son président, prononcée en novembre 2015 par la Chambre de conciliation et d'arbitrage (CCA) du Comité national olympique et sportif du Cameroun (CNOSC). Elle affirme, au contraire, relever «de multiples violations par cette chambre tant des dispositions légales que des règles cardinales de l'arbitrage». La Fédération internationale de football (FIFA), sous l'égide de son «Monsieur Afrique» Véron Mosengo-Omba, avait pourtant pris le taureau par les cornes. La FIFA a ainsi invité les différentes factions qui s'opposent depuis deux ans à une réunion à Conakry le 11 juillet 2017, et ce afin de «surmonter les difficultés que connaît le football camerounais». Bientôt un nouveau Comité de normalisation? Plusieurs fois repoussée, cette conciliation tant attendue a débouché sur un vague consensus entre le président contesté, Sidiki Tombi a Roko, et certains (mais pas tous) de ses opposants, dont le consultant de RFI, Joseph-Antoine Bell: à savoir poursuivre des discussions... La mise sous tutelle par la FIFA, via un «Comité de normalisation», semble pourtant de plus en plus inévitable, une nouvelle fois, malgré un démenti publié ce 14 juillet par la Fécafoot. Un président de la Fécafoot en prison Cette crise dure en réalité depuis quatre ans et la réélection contestée de Mohammed Iya, patron de Fécafoot de 2000 à 2013. Une crise qui débute en juin 2013 alors que cet homme d'affaires influent est déjà incarcéré pour de présumés détournements de fonds au sein de la Société de développement du coton (Sodecoton). Un dossier qui lui vaudra en septembre 2015 une condamnation à 15 ans de prison. Mohammed Iya est pourtant réélu le 20 juin 2013, malgré sa détention, au grand dam du pouvoir et de certains adversaires à la Fécafoot. Les autorités camerounaises ont certes obtenu un premier report de ce scrutin, prévu en mai 2013. Mais leur intervention trop frontale dans le dossier Fécafoot incite la Fédération internationale de football (FIFA) à sévir pour ingérence politique. La FIFA, qui soutient Iya, suspend ainsi la Fédération camerounaise en juillet 2013. Elle réclame en outre la mise en place d'un Comité de normalisation (CN). Même la FIFA de Joseph Blatter perd patience Pendant deux ans, ce CN expédie les affaires courantes, en attendant que les différentes factions en bisbille s'accordent sur de nouveaux statuts et sur un processus électoral. Des discussions en août 2014 et en juin 2015 capotent cependant et des délégués effectuent notamment un recours auprès du CNOSC. En juillet 2015, la FIFA perd alors patience et menace de sévir à nouveau si le CN ne parvient pas à ses fins avant le 30 septembre 2015. C'est donc dans un climat de tension extrême que Sidiki Tombi a Roko est élu nouveau président, le 28 septembre 2015. Le large succès de cet ex-secrétaire général provoque la colère de ses opposants. En effet, cinq des sept prétendant(e)s déclaré(e)s n'ont pu se présenter, leur candidature ayant été retoquée par le Comité de normalisation. Le front anti-Tombi à Roko ne désarme pas La confusion règne plus que jamais, mais les anti-Tombi ne désarment pas. L'un d'entre eux notamment, Abdouraman Hamadou Babba, président du club de l'Etoile Filante de Garoua, multiplie les recours avec acharnement. En novembre 2015, il obtient l'invalidation des élections par la Chambre de conciliation et d'arbitrage (CCA) du CNOSC. Mais, dans la foulée, les autorités politiques camerounaises, vraisemblablement satisfaites de la victoire de Sidiki Tombi à Roko, assurent que celui-ci a bel et bien gagné. La CCA a «outrepassé ses compétences» déclare le ministre des Sports. En décembre 2015, Abdouraman Hamadou Babba porte alors l'affaire devant la juridiction suprême en matière de litiges sportifs: le Tribunal arbitral du sport (TAS). Après une invraisemblable bataille procédurière, l'institution basée en Suisse se déclare incompétente, le 27 février 2017, le plaignant n'ayant pas saisi le TAS dans les délais prévus. La décision du CCA a donc toujours valeur de loi, selon le TAS... Mais pas aux yeux du décrié Comité exécutif de la CAF. La CAN 2019 au Cameroun fragilisée La coupe d'Afrique des nations, la première au pays de Samuel Eto'o depuis 1972, est prévue dans 18 mois. La Fédération, elle, continue de se déchirer tandis que plusieurs chantiers restent en souffrance. Résultat: la CAN 2019 ressemble de plus en plus à une proie sur laquelle plusieurs pays de substitution s'apprêtent à se jeter. (RFI)