La région de Raqqa est l'objet de convoitises Si Téhéran est monté au créneau, c'est sans doute parce que des signes probants se multiplient depuis plusieurs jours quant à des calculs et des tentatives de provoquer le fait accompli dans certaines régions de la Syrie. Lors d'une rencontre avec l'envoyé spécial de la Russie pour la Syrie, Alexander Lavrentiev, le secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale iranien, Ali Shamkhani, a affirmé que tout accord sur la Syrie devra respecter l'intégrité de ce pays, ajoutant qu'il s'agit là d'un «principe immuable» de Téhéran qui rejette par avance toute tentative visant à «préparer le terrain à la désintégration de la Syrie». Pour Shamkhani, toutes les parties impliquées dans les pourparlers syriens actuels, que ce soit à Astana mais aussi à Genève, doivent respecter la souveraineté nationale du pays. Le responsable iranien a ainsi averti qu'Israël et ses alliés agissent de concert pour saper la souveraineté du gouvernement légitime syrien. Comme aussi il a qualifié d' «inacceptables» les agissements de certains groupes terroristes qui profitent des pourparlers politiques et du cessez-le-feu pour régénérer leur capacité de nuisance. Partant de là, l'Iran et la Russie qui soutiennent Damas vont poursuivre leur rôle déterminant contre les groupes extrémistes. Un autre responsable iranien, le président de la Commission parlementaire sur la Sécurité nationale et la Politique étrangère Alaeddin Boroujerdi a déclaré, lundi dernier, à Tasnim, que l'Iran poursuivra sa mission de soutien militaire consultatif à la Syrie pour l'aider à affronter le terrorisme car, à la différence de certains autres pays, la République islamique ne distingue pas de «bons» et de «mauvais» terroristes, et elle reste «sérieuse et déterminée» dans sa lutte contre le terrorisme en Syrie. Si Téhéran est monté au créneau, c'est sans doute parce que des signes probants se multiplient depuis plusieurs jours quant à des calculs et des tentatives de provoquer le fait accompli dans certaines régions de la Syrie, où des forces qui combattent officiellement Daesh ne cachent plus leur ambition de procéder à la partition dans la région où elles se trouvent. Déjà, le 21 juin dernier, le ministre russe des AE, Sergueï Lavrov avait mis en garde contre de telles velléités, lors d'une réunion des pays du Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) en indiquant que les pays membres «croient que la souveraineté et l'intégrité territoriale de la Syrie doivent être assurées». Le terrorisme est l'un des principaux défis que doit relever la communauté internationale, avait-il affirmé, au cours d'une conférence de presse avant d'énoncer que les partenaires ont créé un groupe de travail dans un format interministériel pour la lutte contre ce phénomène. Il a tenu à rappeler à cette occasion l'initiative du président Poutine en faveur de la création d'un front large contre le terrorisme, qui est toujours vital à ce jour mais n'a pas manqué de dire que le règlement du conflit en Syrie, selon les pays du Brics, passe par la mise en oeuvre de la Résolution 2254 du Conseil de sécurité des Nations unies. Une résolution dont se sont largement inspirés les efforts déployés par la Russie, la Turquie et l'Iran, dans le cadre du processus d'Astana. Toutes les actions sur le terrain, où de nombreuses parties sont déployées, y compris celles qui sont impliquées dans les hostilités, doivent légalement être coordonnées avec le gouvernement syrien, a encore expliqué le chef de la diplomatie russe en précisant que «c'est ce que la Russie, la Turquie et l'Iran font à Astana. Nous coordonnons toutes nos initiatives et propositions avec le gouvernement syrien. Nous pensons que cela est la façon dont tout le monde doit agir, en particulier lorsque la question concerne le contrôle de n'importe quelle zone en Syrie et lorsque ces actions peuvent soulever des questions sur leurs objectifs réels». Un point essentiel car il concerne le rôle des Etats-Unis qui soutiennent des factions armées comme les FDS soupçonnés par la Turquie d'oeuvrer à la création d'une zone autonome à partir de laquelle les Kurdes pourront entreprendre leur programme de création d'un Etat indépendant. D'où la colère d'Ankara qui reproche à son allié américain ce projet qualifié de «dangereux» pour l'ensemble de la région. «Nous demandons instamment aux Etats-Unis et à tous les autres pays qui ont des forces militaires ou des conseillers sur le terrain en Syrie de coordonner leurs actions» avait encore ajouté Lavrov qui estime que les zones de désescalade conclues dernièrement sont «une forme possible d'avancer ensemble» et qui ajoute que la Russie «exhorte tout le monde à ne pas agir unilatéralement, à respecter la souveraineté de la Syrie et à se joindre aux efforts communs qui sont coordonnés avec le gouvernement syrien.»Pour l'instant, on est encore loin de cette démarche consensuelle à laquelle les pays de l'Alliance internationale ne veulent ni ne souhaitent souscrire en aucun cas même si l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie a déclaré, vendredi dernier, à l'issue du 7e round des pourparlers de paix, que «quelques progrès avaient été réalisés et laissent espérer des discussions directes entre Damas et les rebelles» lors de la huitième session des pourparlers prévue à Genève en septembre prochain.