M.Raymond Jansens, représentant général du bureau de l'Unicef à Alger, a indiqué hier que pas moins de 200.000 enfants en âge d'être scolarisés en Algérie ne le sont pas. Ces chiffres, a-t-il tenu à souligner, émanent d'une étude réalisée par l'association algérienne Ikraâ. Invité du forum qu'organise le quotidien El Moudjahid, le conférencier a tenu, par ailleurs, à saluer les efforts déployés par les autorités algériennes pour protéger les enfants et les mineurs. Néanmoins, les chiffres présentés par M.Raymond Jansens, sont franchement en deçà de la réalité si on se fie aux déclarations des députés qui ont abordé devant le chef du gouvernement le sujet. En effet, d'après nombre de députés, ils sont 1300.000 enfants, âgés entre 6 et 15 ans, à ne pas fréquenter l'école, faute de moyens ou pour d'autres raisons liées essentiellement à la pauvreté de leurs parents qui ne peuvent pas subvenir à tous leurs besoins. Ce nombre effarant d'enfants livrés à leur sort est d'autant plus plausible sachant que les députés de la chambre basse se sont basés sur des chiffres rendus publics, notamment par le ministère du Travail et de la Sécurité sociale. Il faut noter que, faute de scolarisation, ces enfants qui n'ont pas atteint l'âge de faire la différence entre le bien et le mal sont livrés à eux-mêmes et très souvent exploités par des gens sans vergogne qui peuvent aller jusqu'à abuser d'eux sexuellement. D'après des statistiques de l'Etat, ils sont près de 30.000 enfants à être en difficulté. Les quelques foyers mis en place par le ministère de la Solidarité nationale pour justement porter secours aux enfants à travers le pays se sont avérés insuffisants. D'après les services de sécurité, 45% des victimes de violence sont des enfants. Ils sont 4554 mineurs à être victimes de violence en 2004 contre 2500 en 2003. Entre 1998 et 2003 la Gendarmerie nationale a recensé pas moins de 15.160 cas de violence sur enfants. Par ailleurs, il y a lieu de souligner que près de 100 enfants naturels sont tués chaque année en Algérie, pratiquement un enfant tous les trois jours. Le sujet est tellement grave que personne aujourd'hui n'a réellement abordé cela, de peur, semble-t-il de heurter les sensibilités. Pourtant des mères, dans leur grande majorité célibataires pour une raison ou une autre, souvent victimes de dépression, tuent leur progéniture, parfois dans des conditions atroces. Si les pouvoirs publics ont mis sur pied des lois pour protéger l'enfant, force est de constater qu'un texte aussi bon soit-il est loin d'être suffisant. Des mécanismes adéquats, mais aussi des institutions compétentes et dotées de larges prérogatives sont, en effet, plus que nécessaires. L'enfant d'aujourd'hui, qui fera l'Algérie de demain, mérite ce minimum d'égards.