Cent trente-deux millions d'enfants dans le monde, âgés de 5 à 14 ans, sont employés dans le secteur de l'agriculture. L'Algérie, au même titre que beaucoup d'autres pays, a commémoré, hier, la Journée internationale de la lutte contre le travail des enfants. L'amphithéâtre Aboubakr-Belkaïd a abrité l'événement au siège du ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, représenté par son secrétaire général, en l'absence du ministre, M.Tayeb Louh. Des allocutions ont été prononcées par les représentants du Bureau international du travail, du ministère de l'Agriculture, du secrétaire général des Scouts musulmans algériens, M.Benbraham, et du représentant de l'Unicef en Algérie, M.Raymond Janssens. Toutes les interventions ont convergé vers ce phénomène qui prive une partie de cette tranche de la population mondiale de vivre une enfance normale. Très tôt, plongée dans le monde des adultes, elle fait «l'impasse» sur une tranche de vie nécessaire à la construction d'une personnalité équilibrée. Les chiffres sont effarants. 248 millions d'enfants travaillent dans le monde. 171 millions d'entre eux sont exposés à des dangers (accidents, ma ladies dues à la manipulation de produits toxiques...). 37% sont employés dans les maisons (travail domestique), alors que 70% occupent des tâches agricoles. Ce dernier point n'est pas rare en Algérie. Il a deux principales causes, l'organisation de la cellule familiale et la spécificité de leurs terres. 60% ont des superficies de moins de 5 hectares. Ce qui provoque la solidarité familiale et l'aide nécessaire aux travaux des champs. Une agriculture traditionnelle qui limite les risques de manipulations et le danger des produits toxiques. Ce travail d'ordre partiel et a cours surtout lors de congés annuels. Une récente enquête menée en 2006 a indiqué que sur un effectif de 28.840 travailleurs, il a été enregistré l'emploi de 498 enfants de moins de 18 ans dont 156 enfants n'ont pas atteint l'âge de 16 ans, soit un pourcentage de 0,54%. La situation en Algérie n'est pas inquiétante en la matière. Les cas de pires formes de travail des enfants n'ont pas été relevés. Il s'effectue surtout sous forme de revenus d'appoint dans les familles défavorisées (vente de cigarettes, de pain...). Mais cela n'écarte pas tout signe de danger pour autant. Précarité et pauvreté sont des maux à éradiquer si l'on veut se prémunir contre la délinquance. En ratifiant les principales conventions internationales relatives à la protection de l'enfance, notamment la convention 183 relative à l'âge minimum d'entrée dans le monde du travail, en date du 30 avril 1984, l'Algérie a montré des dispositions certaines à accorder la protection nécessaire à l'enfant. La scolarité obligatoire jusqu'à l'âge de 16 ans est renforcée par la loi 90/11 du 21/04/1990 dans son article 15 qui stipule que «l'âge minimum requis pour un recrutement ne peut en aucun cas être inférieur à 16 ans». En outre, le ministre du Travail a procédé à l'installation d'une commission intersectorielle de la prévention et de lutte contre le travail des enfants. Cette commission est composée de 11 départements ministériels (jeunesse et sports, travail, agriculture, éducation nationale et justice...) en plus des représentants de l'Ugta. Des initiatives qui ont soulevé l'admiration du représentant de l'Unicef en Algérie. «Il faut saluer toute initiative qui va dans le sens de la lutte contre le travail des enfants et l'encourager», a-t-il souligné. L'Unicef défend le droit de l'enfant à l'école. «C'est un droit que nous nous devons de respecter. Un enfant à l'école est un enfant protégé», a déclaré M.Janssens. Le représentant de l'Unicef a relevé le taux de scolarité, en Algérie, qui culmine à 97%. «C'est un taux de scolarisation exemplaire, pourquoi ne pas atteindre les 100%? Il n'y a pas beaucoup de pays qui peuvent compter ce taux», a relevé M.Janssens. «Le futur de l'Algérie est dans cette salle», s'est-il exclamé en s'adressant aux nombreux enfants présents dans la salle. Des paroles d'espoir d'un homme généreux qui s'est adressé dans les trois langues, arabe, amazighe et français, pour souhaiter la bienvenue à la nombreuse assistance.