Le Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune Cette réunion peut constituer un motif d'apaisement, mais au vu des actions déjà engagées sur le terrain, il serait difficile d'entrevoir un retour à la case départ. Tout le gratin du système était hier à l'enterrement du conseiller du président de la République, Kamel Rezzag-Bara. L'image transmise par les médias montrait à l'opinion un aréopage de personnalités publiques, dont beaucoup ont fait l'actualité ces derniers jours. Habituellement, ce genre d'événement, bien que triste, constitue un «doseur» efficace de la cuisine du pouvoir. Il reste que l'annonce, le même jour, d'une rencontre qui se tiendra dimanche prochain réunissant le Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, et les partenaires du Pacte national économique et social de croissance, Ugta et patronat, sonne comme une invitation à faire cesser les hostilités, qui se font désormais en public. La rencontre qui aura lieu au Palais du gouvernement sera consacrée, affirme un communiqué du Premier ministère, à l'organisation de la prochaine réunion de la tripartite. «Il sera procédé notamment, au cours de cet échange de concertation, à l'examen des points à l'ordre du jour à soumettre à la tripartite, ainsi que la fixation de la date et du lieu de la tenue de cette rencontre dont l'organisation est prévue prochainement», indique le communiqué. Il est entendu que les participants à cette réunion évoqueront, sans nul doute, la situation qui prévaut actuellement et les tensions apparues entre le gouvernement et une partie des acteurs économique. C'est dire que l'annonce de cette réunion peut constituer un motif d'apaisement, mais au vu des actions déjà engagées sur le terrain, il serait difficile d'entrevoir un retour à la case départ. Aussi, il était, jusqu'à hier, difficile d'y voir clair. Il faut dire qu'en ces temps de grands «changements» dans le style de gouvernance, les points de convergence entre les différents acteurs qui contribuent à la décision, sont en train de se déplacer. Dans cette «bataille» politico-économique, il est clair que des cartes maîtresses perdront certainement de leur valeur, à la faveur d'une nouvelle vision qui placera forcément de nouveaux acteurs sur la double scène politique et économique. La prochaine tripartite apportera sans doute des réponses aux questionnements que l'opinion publique se pose sur les nouveaux équilibres au sein de la sphère décisionnelle nationale. Pour l'heure, si sur le plan politique et de l'orientation à donner à l'action du gouvernement, les choses semblent assez claires, confortées par la multiplication des Conseils interministériels et les messages qui y sont dégagés, sur le terrain de l'économie, on sent bien des citadelles quelque peu fissurées, mais sans que l'on sache véritablement les conséquences directes sur le terrain. En somme, le flou artistique qui semble dominer la scène politico-économique présage d'une nouvelle configuration des rapports entre les deux sphères, économique et politique. Le Premier ministre ne cache pas sa détermination de tracer une ligne bien visible, et se charge de le signifier à qui de droit. On le verra à l'oeuvre à la tripartite qui pourrait se tenir à la rentrée sociale. Tout en donnant une impression d'éléphant dans un magasin de porcelaine, Abdelmadjid Tebboune n'en est pas moins un bon manoeuvrier, en adossant l'action de son gouvernement à l'application du programme du président de la République. On pourrait comprendre que les nombreuses commissions mises en place pour voir plus clair dans de nombreux secteurs d'activité n'auront certainement pas la mission de bloquer le pays. Ce serait suicidaire. Le but est donc de montrer qu'en Algérie la décision finale revient au politique. De fait, tous les acteurs apparus à la faveur de la nécessaire ouverture de l'économie nationale au secteur privé et les lobbies qui s'étaient constitués autour de quelques filières d'activité, n'existent qu'à la faveur des «largesses» de l'Etat de la manne pétrolière. Cela est plus qu'une évidence et ce qui se passe actuellement sur la scène politico-économique, vient simplement le rappeler. Le pacte économique et social n'a de valeur qu'à l'aune de cette réalité. On aura compris, avec l'annonce de cette tripartite que l'Algérie n'est pas une oligarchie, mais que la décision repose certes sur un consensus, mais le poids du politique demeure dominant, puisqu'il peut reprendre la main à tout moment. C'est ce que fait le Premier ministre qui ira à la tripartite avec une feuille de route, certainement différente de celle de son prédécesseur.