Canal+, qui est poursuivie en justice par trois sociétés d'auteurs qui réclament 50 millions d'euros d'arriérés, veut lancer une nouvelle chaîne de télévision. En effet, alors que le rapprochement avec Mediaset piétine, les deux filiales de Vivendi sont prêtes à s'allier dans un joint-venture majoritairement détenu par l'opérateur historique italien. Et pourtant, le groupe Mediaset des Berlusconi et Vivendi de Bolloré ont accepté de poursuivre un projet parallèle dans la télévision payante en Italie. Ses deux filiales, Telecom Italia et le Groupe Canal ont en effet décidé d'y lancer une chaîne premium. Elle s'appellera Canale+ et sera une déclinaison italienne du Canal+ français offrant de la fiction, mais aussi du sport et du flux. Il est prévu que l'opérateur italien, dans sa stratégie de convergence et de diffusion de contenus le distinguant de la concurrence, s'appuie sur les équipes et l'expertise de Canal+ notamment dans l'acquisition de droits sportifs. Ce qui pourrait pousser Mediaset à enterrer la hache de guerre. Entre- temps le groupe de Vincent Bolloré, qui veut renégocier ses contrats avec les sociétés d'auteurs, ne verse plus de droits depuis décembre 2016. Les droits d'auteurs représentent la somme (le «cachet») versée ponctuellement (en complément d'un éventuel salaire) aux auteurs des contenus diffusés par les chaînes, qu'il soit question de musique, films, documentaires, séries, programmes de divertissement... Il s'agit donc en quelque sorte de l'achat, à son auteur, du droit de diffusion (ou de rediffusion) de son oeuvre. Nés en Europe au XIXe siècle, les droits d'auteur sont l'un des fondements historiques de l'industrie culturelle actuelle. Ils représentent l'un des éléments essentiels de la propriété intellectuelle et de la propriété littéraire et artistique, garantissant la paternité d'une oeuvre et encadrant strictement sa diffusion (afin de protéger les auteurs du plagiat, du vol ou d'une attribution abusive par un tiers).L'ancien ministre français, Jacques Lang, veut absolument organiser un mouvement pour réclamer que Canal+ paie ses droits d'auteur. C'est un défi à la communauté artistique, intellectuelle, c'est un défi à la loi et il faut que les pouvoirs publics reprennent de l'autorité, s'est encore indigné le président de l'Institut du Monde arabe (IMA).Début juillet, la ministre française de la Culture, Françoise Nyssen, a reçu les dirigeants du groupe audiovisuel. Elle a jugé qu'il n'était «pas tolérable» que Canal+ ne verse plus de droits d'auteur: «Aucune stratégie de réduction des coûts ne peut justifier un tel comportement». La chaîne cryptée et le bouquet Canalsat ont été assignés en justice par la Sacd, la Sacem et la Scam, qui cherchent à récupérer 50 millions d'euros d'arriérés. [email protected]