Le bras fer entre le groupe de médias français Vivendi et les Berloscuni s'est encore intensifié lundi, le groupe français, qui avait acquis la semaine dernière 20% de Mediaset, annonçant qu'il comptait augmenter jusqu'à 30% sa participation dans le groupe de télévision italien. Le groupe de Vincent Bolloré avait fait la semaine dernière une entrée fracassante au capital de Mediaset, groupe contrôlé par la famille de Silvio Berlusconi, laquelle a qualifié ,via sa holding Fininvest, cette manoeuvre d'"hostile" et a saisi la justice italienne en accusant Vivendi de "manipulation de marché". Dans un communiqué publié lundi, Vivendi explique que son directoire, "considérant les prises de position récentes de Fininvest", "a décidé avec l'autorisation du conseil de surveillance d'augmenter sa participation dans Mediaset en fonction des conditions de marché", et ce dans la limite de 30% du capital et des droits de vote du groupe italien. Vivendi "rappelle que sa présence au capital de Mediaset s'inscrit dans sa volonté de se développer en Europe du Sud et dans le cadre de ses ambitions stratégiques en tant que groupe international majeur dans le domaine des médias et des contenus d'essence européenne", ajoute encore le communiqué. Dans la soirée, Fininvest, la holding des Berlusconi, qui avait annoncé un peu plus tôt avoir doublé sa plainte en justice contre Vivendi d'un recours auprès du gendarme italien des marchés, la Consob, pour "manipulation de marché et abus d'informations privilégiées", a pourfendu cette nouvelle déclaration. "Vivendi poursuit, avec son annonce, une stratégie très agressive qui, un geste après l'autre, ne fait que confirmer toutes les irrégularités et les graves violations que Fininvest a relevé dans ses recours et plainte présentés au parquet (de Milan, ndlr) et à la Consob, avec le dépôt de la documentation adéquate. Ces premières actions judiciaires seront suivies d'autres, aussi bien sur le plan pénal que civil et administratif", a expliqué Fininvest. Après l'échec d'un projet de mariage annoncé en avril entre Mediaset et Vivendi, qui a débouché sur un conflit acrimonieux, Vivendi tente un coup de force pour s'emparer de Mediaset, seule cible européenne accessible dans le domaine des contenus télévisuels. Dénonçant une opération hostile, la famille Berlusconi s'est lancée, en riposte à l'entrée de Vivendi dans Mediaset, dans l'achat de titres pour monter à 38,266% du capital et 39,775% en termes de droits de vote au sein du groupe de télévision italien. Le gouvernement italien est aussi intervenu dans la bataille, jugeant inappropriée l'opération de Vivendi et évoquant une "escalade hostile". La genèse de l'affaire remonte au 8 avril, lorsque Vivendi et Mediaset, dont les patrons étaient amis de longue date, avaient annoncé un accord stratégique prévoyant la prise de contrôle par le groupe français de 100% du bouquet de chaînes payantes Mediaset Premium, et un échange de participations entre les deux groupes (à hauteur de 3,5% de leur capital). Mais le 25 juillet, l'entreprise dirigée par Vincent Bolloré a indiqué ne plus vouloir racheter ce bouquet, évoquant des doutes concernant ses résultats futurs. Elle a alors proposé d'acquérir 20% de Premium et de prendre une participation de 15% dans Mediaset, via l'émission d'une obligation convertible obligatoire, une proposition rejetée par le groupe italien. Cette volte-face de Vivendi avait entraîné depuis l'été une chute de 30% du titre de Mediaset. Elle a été dénoncée vivement par Fininvest, qui y voit une basse manoeuvre du groupe français pour faire chuter le cours de Mediaset et tenter de s'en emparer à bas prix.