Makri a essayé à travers sa missive d'illustrer le caractère politique commun qui existe entre le MSP et les composantes qui constituent la majorité au sein du gouvernement. L'ex-président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Abderrazak Makri, vient de jeter un pavé dans la mare. Il coupe court avec son habituel discours caractérisé par l'approche vindicative à l'encontre du pouvoir algérien pour se mettre dans l'habit de celui qui analyse le système politique avec de «l'encens» et l'«éloge» somme toute étrangers par rapport au corpus politique d'un Makri connu pour ses attaques et ses critiques le moins que l'on puisse dire, acerbes par rapport à la conception du régime dans son expression globale en ce qui concerne les questions clés de sa gestion politique. Abderrazak Makri fait le bilan du pouvoir algérien dans sa relation avec la France en montrant que le système politique algérien est «constitué d'institutions qui ont pu résister aux velléités d'infiltrations par la France comme c'est le cas pour l'institution militaire qui a tout essayé pour l'infiltrer, mais en vain pour le moment», tonne Makri. Cette révélation qui casse avec la démarche radicale et peu conciliante de Makri à l'égard du pouvoir algérien, puisqu'il est considéré comme le chef de file des faucons au sein du MSP rejetant d'emblée de négocier avec «un pouvoir qui use de la fraude pour se maintenir en place en tournant le dos au principe de l'alternance au pouvoir», ce discours cher à l'imperturbable Makri semble s'évaporer dans l'air après la publication d'un texte très laconique, mais très fort en sens quant aux conséquences directes sur le plan politique. Makri a choisi les réseaux sociaux pour encenser l'institution militaire en reconnaissant que cette dernière a déjoué les plans ourdis, fomentés par la France pour déstabiliser l'Armée nationale populaire (ANP). Cet aveu émanant d'un ex-président du MSP de surcroît représentant de l'aile radicale de cette mouvance islamiste, donne le tournis dans la mesure où ce changement urbi et orbi par rapport à l'ancien discours pousse les observateurs politiques à s'interroger sur ses tenants et ses aboutissants pour ne pas dire la métamorphose. Makri poursuit son «analyse» en précisant que «le Front de libération nationale par ses valeurs et constantes islamiques et novembristes a été infiltré et ébranlé de l'intérieur par la France malgré la résistance de ses vrais patriotes et nationalistes», souligne-t-il Abderrazak Makri en indiquant qu'au sein du FLN il y a tout de même des patriotes et ce sont de vrais patriotes qui ne lésinent pas quant à la défense du pays et des valeurs de Novembre. Que se trame-t-il pour que Makri épouse un discours aussi conciliant, voire flatteur à l'égard du pouvoir en place et du FLN? S'agit-il d'un nouvel aggiornamento politique que le MSP vise à mettre en oeuvre pour retrouver le bercail d'antan? Ce sont des zones d'ombre qui méritent d'être élucidées pour disséquer le nouveau «prisme» discursif teinté d'une charge politique rarement utilisée par un Makri connu pour ses prises de position foncièrement violentes et intraitables envers ce qu'il considérait comme «un système de la fraude électorale». Pour Makri, l'institution militaire s'est montrée plus vigilante et forte, mais il oublie que cette institution militaire est le prolongement intrinsèque et organique de ce qu'il qualifiait comme «système de la fraude électorale»!! Tout le paradoxe est là. On ne peut pas qualifier le système de fraudeur d'un côté et dire que l'institution militaire a pu déjouer les velléités de l'infiltration de la France en son sein, de l'autre côté. Ce manichéisme de Makri prouve que le MSP est sur la voie d'entreprendre une démarche qui consiste à faire de l'entrisme comme à l'accoutumée son dada politique avec la mise en place d'un nouveau président à la tête de cette mouvance islamiste qui se targue d'être un courant islamiste modéré, D'ailleurs, le nouveau président, Abdelmadjid Menassra, n'a pas caché son intention d'intégrer le gouvernement de Tebboune, pour lui, c'est la décision du conseil national consultatif qui doit être entérinée. Pour ainsi dire, Abdelmadjid Menassra se voulait être légitimiste, c'est la majorité au sein du conseil consultatif qui détermine et qui décide de la question de la participation ou non du MSP. La litote de Makri émise sur un support relevant des réseaux sociaux inaugure par son contenu et le message dont elle est porteuse d'une étape décisive pour le MSP qui cherche à se positionner par rapport à un échiquier politique annonciateur d'un retour somme toute timide, mais réel de ce mouvement dans le giron de la majorité qui constitue la trame de fond du gouvernement version Tebboune. Pour ce faire, Makri a essayé à travers sa missive d'illustrer le caractère politique commun qui existe entre le MSP et les composantes qui constituent la majorité au sein du gouvernement. Dans ce sens, les propos de Makri militent en faveur de cette démarche qui consiste à reconfigurer l'alliance islamo-nationaliste qui regroupe le FLN, le RND et le MSP. Makri indique que «la bataille est encore rude avec la France, mais la relation entre l'Algérie et la France doit être une relation d'égal à égal et non pas une relation fondée sur la dépendance ou l'allégeance, c'est l'intérêt national de l'Etat algérien qui doit imprimer la relation de l'Algérie avec la France», indique-t-il. Hormis cette nouvelle vision politique ouverte envers le pouvoir en place, il reste encore campé sur ses positions par rapport à une certaine opposition qu'il a qualifié de «minorité culturelle et idéologique» au service de la France et ses visées en Algérie.