L'alliance MSP, qui regroupe le parti présidé par Abderrazak Makri et le Front du changement de Abdelmadjid Menasra, a obtenu 33 sièges dans ces législatives, soit 15 places de moins par rapport à 2012. Abderrazak Makri n'a pas porté de candidature. Mais Abdelmadjid Menasra, lui, tête de liste de cette alliance islamiste à Alger, est officiellement député depuis hier. Leur coalition a obtenu trois sièges dans la capitale. Lors de sa conférence de presse tenue hier dans son siège national à El Mouradia après l'annonce des résultats partiels par le ministère de l'Intérieur, Abderrazak Makri a tenu un discours plutôt de «perdant» malgré la troisième place réalisée par son alliance. En présence des cadres de son parti, ce dernier a dénoncé, dès les premières phrases prononcées, ce qu'il a qualifié de «fraude massive aux législatives». Une pratique qui n'est pas «nouvelle» pour le MSP, selon les déclarations de Makri. «Une fois de plus, il y a eu fraude massive dans ces législatives», dénonce-t-il. «Certaines forces politiques, administratives et partisanes ont reçu des instructions pour frauder. Le feu vert a été donné en faveur des partis au pouvoir, le FLN et le RND», affirme-t-il. Le président du MSP n'a pas hésité à comparer ce scrutin à celui de 1997. La différence entre les deux réside, selon lui, dans les moyens utilisés pour la fraude. «Nous avons connu, cette fois-ci, une fraude directe. Il y a eu usage de la force et bourrage sans scrupule des urnes dans plusieurs bureaux du pays. S'il n'y avait pas eu de fraude, nous serions la première force politique en Algérie. Mais il faut se réjouir des résultats obtenus jusque-là. Nous restons, malgré tout, le premier parti de l'opposition du pays», se réjouit-il. Quant à son analyse des résultats donnés hier par le ministre de l'Intérieur, Noureddine Bedoui, Abderrazak Makri assure qu'«ils n'expriment en rien la volonté réelle du peuple». Selon lui, le taux d'abstention était «plus important» que ce qui a été annoncé. «Nous avons nos propres estimations. Le taux de participation national était de 25% seulement», contre-attaque-t-il. «Le pourcentage ajouté pour atteindre les 38,25% annoncés n'est autre que celui des bulletins de la fraude. C'est une pratique du pouvoir que nous connaissons. Il tente toujours de couvrir le taux d'abstention en gonflant celui de la participation», s'indigne le président du MSP. Abderrazak Makri considère les abstentionnistes comme le premier parti en Algérie. Dans son allocution, il a appelé ces derniers à s'organiser et proposer un projet pour sortir l'Algérie de la crise. «Nous partageons la même colère avec les abstentionnistes. Nous différons dans le moyen utilisé pour changer les choses. Nous résistons, mais ça ne suffit pas. Il faut réfléchir ensemble à une solution commune pour sortir l'Algérie de la crise qui la secoue depuis quelques années», s'enthousiasme-t-il. L'alliance MSP a utilisé des moyens considérables durant cette campagne. Des améliorations ont été notamment enregistrées du côté communicationnel. Makri, à lui seul, a tenu 38 grands meetings et diffusé sur les réseaux sociaux 25 vidéos expliquant le projet de son parti. Ce dernier a été d'ailleurs téléchargé plus de 10 000 fois sur le site du MSP. Les candidats, eux, ont tenu plus de 100 interventions dans les grands médias. Mais, ces chiffres n'ont pas reflété les résultats obtenus. Pour un ancien cadre du MSP, les raisons du recul des islamistes aux législatives «ne reviennent pas seulement à la fraude». La perception de la politique par ces derniers constitue un réel obstacle. Pour lui, les alliances ne suffisent pas. «Le monde a évolué, les islamistes doivent faire de même», explique-t-il sur une chaîne algérienne privée. Abderrazak Makri a assuré que plusieurs recours ont été déposés auprès de la Haute instance indépendante de surveillance des élections présidée par Abdelwahab Derbal. Quant aux prochaines programmations, il confie qu'il animera une autre conférence juste après l'annonce des résultats finaux. «Nous allons rendre public le contenu de nos plaintes et recours», assure le président du MSP.