«Aucun allié n'a le droit de doubler ou de court-circuiter ses partenaires.» C'est la deuxième fois que l'alliance FLN, RND et MSP échoue à trouver un terrain d'entente. Après le code de la famille c'est au tour de la réforme de l'école de susciter la polémique au sein de l'édifice politique qui s'est avéré fragile vu les divergences de fond qui le traversent. Boudjerra a fait un discours tonitruant, acerbe et critique hier à l'occasion de la passation de la présidence aux mains du chef islamiste, contre la décision d'Ouyahia de supprimer la charia des programmes du secondaire. Une démarche qu'il a qualifiée de dangereuse. «Si la religion, a-t-il martelé, n'est pas structurée dans des institutions, elle sera exposée à l'instrumentalisation et on verra le retour des émirs et des mosquées sauvages». «Nous sommes pour les réformes, a-t-il- ajouté, nous avons donné notre accord de principe au moment de la signature du document qui consacre l'alliance mais ni l'opération mains propres, ni la suppression du Bac religieux ne figurent pas dans le contrat. En plus la dissolution des assemblées élues et l'organisation des élections anticipées ne sont pas non plus évoquées dans le document.» Voilà donc qui est clair, on reproche au chef du gouvernement ses décisions unilatérales concernant les dossiers qui doivent être soumis à la concertation. Boudjerra s'avère être un allié pas du tout commode, qui n'est pas prêt à faire des concessions sur ce qui fait partie de ses chasses gardées à telle enseigne qu'il n' a pas hésité à conditionner sa participation au sein de la structure par la discipline que chaque parti doit respecter. Ouyahia encaissait avec sa placidité habituelle et son sang-froid légendaire, les flèches de Parthe que lui décochait son partenaire dans l'alliance. Ce dernier le rappela à l'ordre en expliquant qu'«aucun allié n'a le droit de doubler ou de court-circuiter ses partenaires». «Il est impératif a-t-il insisté sur un ton grave, d'appliquer l'article relatif à la concertation dans les questions cruciales sauf quand la décision émane du président de la République lui-même». Il a renvoyé au premier magistrat du pays les dossiers qui concernent la Kabylie avec sa fameuse plate-forme d'El Kseur, la suppression de la charia des examens du baccalauréat ainsi que l'opération mains propres ou d'autres dossiers qui pointent à l'horizon avec la rentrée sociale. Soltani n'a pas été de main morte avec des mises au point qui donnent à réfléchir sur l'avenir de l'Alliance. Il a été jusqu'à faire un cours détaillé sur les concepts de l'avis, la position et la décision et leurs définitions. Ce qui a pour objectif selon le chef du MSP de mettre les points sur les «i» et de tirer les choses au clair. Ainsi, a-t-il expliqué, «chaque parti a son point de vue et sa vision propre et l'Alliance ne veut nullement dire se fondre, se diluer». Des propos avec lesquels il a tenu d'abord à rassurer ses collègues du MSP qui lui ont reproché d'avoir accepté un poste ministériel dans le sens où avec cette position tranchée, il montre qu'il garde toujours son indépendance en tant que chef de parti et ensuite il veut opérer un forcing s'agissant de sa détermination à se battre pour la préservation des constantes nationales dont la religion en est le socle. Ce qui conforte sa mouvance au sein du gouvernement. Le chef du FLN qui a pris la parole en premier a reconnu que les réalisations de l'Alliance durant les trois mois de la présidence de son parti de ce triumvirat ont été «modestes car le parti refait peau neuve et a fort à faire avec les questions internes concernant l'aspect organique lié au renouvellement des structures de base». A ce sujet, il a demandé du temps pour accomplir les dernières retouches qui devront remettre son parti définitivement sur les rails avant de se consacrer entièrement à l'entité présidentielle. Il est revenu sur le congrès rassembleur en insistant sur le fait que le parti se porte mieux et qu'il est en phase de bâtir des structures solides et pérennes. Le remaniement gouvernemental a eu sa part du discours qui a laissé, selon Belkhadem «de bonnes et de mauvaises impressions au sein du FLN». Fidèle à ses convictions, il a réitéré «la totale adhésion de son parti à la réconciliation nationale qui sera couronnée par l'amnistie générale», a-t-il conclu en passant les commandes à Boudjerra Soltani. La deuxième rencontre officielle de l'Alliance a connu hier, au siège du MSP, un début de séance frileux, un comité d'organisation des plus rigoureux, voire zélé à outrance, la deuxième rencontre au sommet suscitait beaucoup d'interrogations au sein des présents, notamment les journalistes qui s'attendaient à un grand déballage et à des tirs groupés contre Ouyahia, lequel a ces derniers temps reçu une déferlante de remontrances qui l'ont mis au pied du mur. Son allocution d'ouverture a été des plus banales, voire de circonstance. «Je remercie a-t-il déclaré mes amis du FLN pour le travail qu'ils ont accompli au cours des trois derniers mois». Il est revenu sur le code de la famille et la loi sur les hydrocarbures deux textes qui ont fait l'objet d'un débat franc et libre. Il a également évoqué la déclaration de politique générale qui a suscité beaucoup de passion. Il a néanmoins évacué de son discours le projet de l'amnistie générale tout en faisant allusion que celui-ci «est l'objet de surenchères».