La charia est un domaine trop sérieux pour qu'il soit laissé à la portée de n'importe quel politicien, président de parti fût-il. Cette évidence a été, une nouvelle fois, reniée par les islamistes du MSP dans un meeting tenu, jeudi dernier, au centre culturel Mohamed-El-Aïd-Al-Khalifa de Constantine. Prenant la parole en premier, un des cadres locaux de cette formation n'a pas trouvé mieux que de «paraphraser» le texte sacré du Coran. Entre le ton « libertaire » de son intervention à travers laquelle il a voulu traîner dans la boue le ministre de l'Education nationale et la profanation du Coran, il n'y avait qu'une limite! En parfait islamiste, il aurait dû savoir que les versets doivent être récités correctement. Mais, hélas, la «politique» a ses raisons. Et souvent, elles ne sont pas compatibles avec l'esprit de la charia! L'orateur, en tout cas, n'en est pas un cas devant une assistance composée en majorité d'enseignants, d'étudiants de la charia et de députés. Tous ceux qui ont pris la parole ont qualifié la décision de suppression de la filière de la charia de «crime et de haute trahison». Pour tous les intervenants, la réforme du système éducatif vise à déraciner l'école algérienne. «L'Algérie n'est ni la Tunisie ni le Maroc, ni la Jordanie. Nous nous opposons aux partisans de l'occidentalisation», avait souligné l'un des orateurs. En plus des «tirs croisés» qui ont ciblé Benbouzid et la réforme du système éducatif, les récents séjours des pieds-noirs en Algérie ont donné au MSP un autre alibi pour critiquer la politique gouvernementale. Une politique qu'ils continuent pourtant de cautionner en votant à l'APN. En effet, et malgré le bruit fait autour de la réforme de l'école, du code de la famille et de l'amnistie générale, aucune riposte organisée n'est sortie de l'hémicycle de Zighoud-Youcef. Le MSP dont le président est maintenant l'un des proches collaborateurs du chef de l'Etat continue de souffler le chaud et le froid en même temps. D'un côté, le parti s'applique sur le plan institutionnel pour ne pas perdre ses privilèges, et de l'autre, il tente de maintenir une certaine mobilisation populaire afin de garder ce qui lui reste d'un électorat épars. Pour le meeting de jeudi, le MSP avait annoncé la présence du président de son groupe parlementaire ainsi que son adjoint. En dernière minute, ils ne sont pas venus et personne n'a estimé utile d'expliquer leur absence! C'est certes un détail mais il reflète l'état d'esprit de ceux qui se sont autoproclamés leaders dans ce qu'ils appellent la lutte contre les tentatives d'occidentalisation du peuple algérien.