Au milieu des années 70, les Algériens envoyaient plus de 100 milliards de francs au pays. La communauté algérienne installée à l'étranger n'envoie pas d'argent au pays. En conséquence, le manque à gagner se chiffre à des milliards de dollars pour le Trésor public. Le fait a été soulevé hier, lors de la première rencontre internationale sur la communauté algérienne à l'étranger organisée au Sénat. Les experts se pencheront sur la problématique de l'immigration pendant deux jours pour faire ensuite des recommandations à même d'éclairer les décideurs politiques sur cette situation dramatique pour l'Algérie. Car en plus de la fuite des cerveaux «ce sont des milliards qui échappent au Trésor public», a regretté un participant à cette rencontre avant d'interpeller les plus hautes instances du pays à réagir «pour mettre en place des moyens incitatifs au rapatriement de cette manne financière dont le pays a tant besoin». «Alors qu'elle a été évaluée au milieu des années 70 à quelque 100 milliards de francs». L'apport d'argent de la communauté algérienne globalement estimée à 2,5 millions de personnes, reste insignifiant devant celle des voisin tunisiens. Avec un nombre ne dépassant pas les 350.000 personnes, les Tunisiens résidant à l'étranger envoient chaque année une somme de 1 à 2 milliards de dollars à leur pays. La réalité des chiffres est encore plus frappante à voir le nombre d'hommes d'affaires algériens installés à l'étranger. Pour ne prendre que l'exemple de la France où résident environ 1,3 million de personnes, 100.000 à 300.000 d'entre eux sont des hommes d'affaires patrons de petites et moyennes entreprises. Cela si on fait l'impasse sur les avoirs des Algériens à l'étranger. Selon des statistiques établies par la Banque mondiale les dépôts des Algériens à l'étranger ont été évalués entre 80 et 100 milliards de dollars. Le fait interpelle les plus hautes instances du pays à la recherche de devises étrangères. La majorité des experts réunis hier, au Sénat, ont expliqué «le refus» des Algériens d'envoyer l'argent au pays, à travers des réseaux légaux par un manque de dynamisme de cette même communauté. «Il n'existe pas de réseaux d'action, d'associations et suffisamment d'activité communautaire pour permettre à cette communauté algérienne de mener des actions d'envergure», a relevé un autre expert intervenant lors de la rencontre d'hier. Les services consulaires algériens ont recensé pas moins de 360 associations algériennes mais dont l'impact et l'apport demeurent insuffisants. L'association des médecins maghrébins qui compte plus de 7500 praticiens et dont la plupart sont des Algériens est complètement «phagocytée» par des Marocains. Lesquels Marocains installés en France et au Canada sont en passe de constituer un véritable lobbying pour leur pays.