Les élections locales apparaissent comme un rendez-vous immanquable Contrairement aux scrutins de la présidentielle et des législatives, celui des locales apparaît comme un rendez-vous immanquable ne serait-ce que pour jauger sa représentativité réelle à l'échelle primaire des consultations populaires. Chantre traditionnel du boycott, Talaie El Houriat, le parti d'Ali Benflis, a finalement opté pour une participation aux prochaines élections locales du 23 novembre, rompant du coup avec sa démarche habituelle. C'est la décision qui émane de la dernière réunion du comité central, 4ème du genre, au cours de laquelle 134 membres présents à cette session ont voté en faveur de la participation contre 109 partisans du boycott, deux membres s'étant abstenus! Le plus surprenant est que Ali Benflis a prononcé, à l'occasion de l'ouverture de cette quatrième session, l'habituel discours décriant à l'extrême de récents évènements qu'il considère comme un «scénario de séries B» et une «mise en scène dérisoire». A en croire le président de Talaï al Houriet, la scène politique se caractérise par une transmission des pouvoirs discrétionnaires au sommet de l'Etat. Prenant prétexte de ce constat, il prône la solution du dialogue pour mettre le pays à l'abri de l'aventurisme politique. «Oui, nous appelons au dialogue et nous ne cesserons jamais d'appeler au dialogue. Un dialogue pour une véritable sortie de crise et pour régler les problèmes réels des Algériennes et des Algériens», a martelé le chef de file du mouvement qui n'a pas hésité, cependant, à rejeter un dialogue - alibi qui servirait à maintenir le statu quo et à faire perdurer «le délitement de l'Etat et la déligitimation des institutions», menaces évidentes contre la stabilité du pays. Mais en soulignant que son parti, comme tous ses autres concurrents, n'est pas dans l'apparat, mais dans la réalité des choses, il a donc donné, explicitement, le feu vert à un engagement dans la mécanique électorale lors du prochain rendez-vous, rejoignant en cela la majorité des autres partis de l'opposition. Il ne s'agit pas là, à proprement parler, d'une inflexion de la ligne, tout au plus peut-on parler d'un choix pragmatique dicté par les échéances du calendrier politique. Telle est la décision à l'identique du PT de Louisa Hanoun du FFS, des formations islamistes et d'autres courants habituellement ancrés dans la contestation abstentionniste. Contrairement aux scrutins de la présidentielle et des législatives, celui des locales apparaît comme un rendez-vous immanquable ne serait-ce que pour jauger sa représentativité réelle à l'échelle primaire des consultations populaires. Par le passé, certains pouvaient avoir beau jeu de crier à la fraude pour justifier leur refus de s'engager dans une joute électorale quelconque mais, désormais, les garanties induites par la révision constitutionnelle ne leur permettent plus ce genre d'arguties et ces «désertions», comme le qualifient volontiers les partis majoritaires. Ils sont appelés, dorénavant, à participer activement au contrôle du dépouillement des bulletins de vote, formuler, le cas échéant, les réserves inhérentes aux dépassements observés ou toutes autres contestations, avant la signature des procès-verbaux sanctionnant les résultats officiels recensés dans chaque bureau de vote. En d'autres termes, leur latitude à jeter l'opprobre ou même la suspicion appartient au passé car ils ont aujourd'hui une responsabilité et une opportunité pour peser de tout leur poids en faveur de la transparence et de l'honnêteté du scrutin. On peut comprendre que les vieilles craintes subsistent et que la situation, pour aussi nouvelle qu'elle puisse apparaître, ne suffit pas à les rassurer. La mainmise de certaines formations est telle, depuis des lustres, dans les coins les plus reculés, qu'on mesure la difficulté d'y mener des débats à sa convenance et, encore moins des combats tant l'arène est sous tutelle de quelques dynasties. En outre, la principale hantise concerne cette domination permanente du FLN dans les élections locales, au point que, comme pour les législatives d'avril dernier, on évoque d'ores et déjà plus de 51.000 candidats à la candidature pour les prochaines élections locales, un chiffre appelé encore à se dilater au fur et à mesure que l'échéance se rapproche. Pour la direction du vieux parti, c'est la preuve que les citoyens «adhèrent pleinement au FLN» tandis que pour toute l'opposition, ce n'est que la confirmation de l'appétit de pouvoir qui motive une course au fauteuil dans le but de se servir. Comme à chaque rendez-vous électoral, les dirigeants des principaux partis de la majorité, le FLN et le RND, vont tenter de réguler les ambitions afin de débusquer les apprentis prédateurs qui aspirent à un enrichissement soudain au détriment de la population dont ils obtiendraient le quitus. Mais, comme lors des législatives, rien n'est moins assuré et, en cela, les doutes sont fortement enracinés dans les esprits.