Les robinets ne coulent plus à Annaba et la tension se fait de plus en plus sentir au sein de la population qui menace de recourir à la contestation. Outrés de payer des factures d'eau non consommée, les abonnés de l'ADE (Algérienne des eaux) à Annaba, qualifient toute tentative de vouloir justifier la crise d'eau, d'incompétence dans la gestion du secteur. Les perturbations d'alimentation en eau potable au niveau de plusieurs communes de la wilaya, en son chef-lieu notamment, renseignent sur la gestion boiteuse de ce secteur névralgique. Le désagrément se place sous le signe de la protestation à la soif, à défaut d'une solution urgente. Les chargés de l'ADE ont tenté de clarifier les motifs de cette pénurie à travers un point de presse et sur les ondes de radio locale de Annaba. Des explications peu convaincantes au vu de la grogne et l'impatience des populations déboussolées qui, mettant à l'index les gestionnaires de l'ADE, les accusant d'être à l'origine de cette situation. «Qu'importent les raisons, ils sont responsables et obligés de trouver une solution», ont lancé des habitants de plusieurs quartiers de la ville de Annaba. Un état qui a fait sortir Abdelhalim Tabbouchi, directeur de l'ADE de son silence. Le responsable a, dans un premier temps, imputé les perturbations d'approvisionnement en eau potable au délestage, dont dépendent tous les équipements des stations de l'ADE. «Le délestage a des conséquences directes sur le fonctionnement des stations de pompage», a justifié le responsable. Avec les fréquentes coupures d'électricité, la remise en fonction des machines devient plus difficile et prend du temps, au vu de la vétusté du réseau. Le directeur de l'ADE a mis en avant les interventions de l'ex-Seata sur la canalisation. Les qualifiant de catastrophiques sur l'approvisionnement en eau à Annaba. «L'expérience de gestion déléguée de Annaba et d'El-Tarf n'a pas été satisfaisante. L'ex-Seata nous a légué un réseau délabré qu'il nous faut prendre en charge en totalité. D'ailleurs, ce bilan négatif est à l'origine de la résiliation du contrat avec les gestionnaires étrangers et la reprise par l'ADE de la gestion hydraulique de la wilaya», a expliqué le responsable. Outre, le délestage et la défaillante gestion de l'ex-Seata, il est mis en exergue le faible taux de remplissage des barrages, alimentant la wilaya de Annaba, depuis Chaffia et Bounamoussa, dans la wilaya d'El Tarf. Le bas niveau de l'eau des barrages influe sur les débits de pompage. En somme, la baisse du volume d'eau dans les barrages à cause du faible taux de pluviométrie en période hivernale, est à l'origine d'une adaptation obligée de la pression du pompage, dont la répercussion de facto sur la desserte, selon les explications du responsable. Autres facteurs greffant le désagrément, les fuites enregistrées au niveau de plusieurs points de la wilaya, dues à la non-conformité des conduites à certains hauts débits et le rôle du consommateur, sont, selon le directeur de l'ADE, aussi à l'origine de cette fâcheuse situation. Si l'ADE est mise à l'index, les abonnés eux sur la sellette, pour non-paiement de leurs factures de consommations. L'ADE compte 200 milliards de centimes de créances. Un montant qui, une fois récupéré, devrait permettre à cette entité de procéder à renouveler les équipements en place. Ce qui lui permettrait de mieux contrôler la consommation individuelle. Sur ce point précis, plusieurs abonnés accusent les services de l'ADE, de procéder à la facturation forfaitaire, pour couvrir le manque à gagner, occasionné par d'enceins responsables de l'ADE. Néanmoins, il demeure que les 200 milliards de centimes de créances, sont un droit que l'ADE se doit de recouvrir à la faveur du Trésor public. Car il faut bien noter que l'Etat en matière de prestation de services publics, eau et électricité, ne fait pas du social. Puisque le recouvrement de ces créances, contribuerait à la réalisation de projets d'intérêt public, notamment, ceux liés au secteur de l'hydraulique qui est un problème endémique à Annaba. En attendant que des solutions concrètes soient prises au bénéfice d'une alimentation régulière de cette denrée précieuse, les habitants de la wilaya de Annaba assoiffés, menacent de ne plus payer les factures d'eau et d'investir les rues, pour crier leur marasme.