Finalement, le ministère des Ressources en eau s'est décidé à entreprendre le mouvement des cadres de gestion de l'Algérienne des eaux Annaba et El Tarf. Deux anciens cadres, Tabouchi Abdelhalim, ex-directeur de l'unité Annaba, ex-directeur commercial et ex-directeur général par intérim sous tutelle de la défunte Seata et Kamel Ryahi, ancien directeur de l'unité d' El Tarf ont été officiellement désignés dans la fonction de directeur d'unité d'Annaba pour le premier et celle d'El Tarf pour le second. Cette décision a été bien accueillie par les 2 500 cadres et agents qui forment les effectifs de cette entreprise. L'unanimité s'est dégagée quant à la compétence et la probité ayant de tout temps caractérisé le comportement professionnel de ces deux anciens gestionnaires. Il faut dire que la décision de nomination des deux nouveaux responsables est arrivée au bon moment. Elle devrait mettre un terme à l'anarchie qui s'était installée tant au niveau des deux directions d'unité que dans les autres structures d'interventions, administratives, financières et comptables. Particulièrement au lendemain de l'échec du projet de gestion déléguée de l'eau mis en route au début de l'année 2008. Sollicités dans le cadre d'un contrat d'association au capital social de la Société des eaux et assainissement d'El Tarf et Annaba (SEATA), les Allemands du groupe Gelsenwassen n'avaient pas accompli la mission qui leur avait été confiée. L'implication de leurs techniciens venus de divers pays d'Europe n'avait rien apporté de nouveau. Pis, la mauvaise gestion s'est généralisée avec pour résultat, la multiplication des vols des matériels, des équipements, des détournements de fonds et de véhicules, des promotions d'agents illettrés à des postes de responsabilité, l'utilisation des biens de l'entreprise à des fins personnelles, le recrutement et l'octroi de salaires mirobolants et primes à des proches... Ce qui avait imposé au gouvernement algérien de mettre un terme au partenariat. Ayant saisi le tribunal international du commerce à la fin du mois d'avril 2012, Gelsenwassen a été débouté. La mauvaise volonté affichée par les Allemands ajoutée à l'absence de tout transfert de technologie et de savoir-faire tout au long des 3 années de partenariat, avaient imposé aux responsables algériens de mettre un terme au partenariat. La démarche avait été justifiée par les défaillances enregistrées dans l'exécution des nombreux et différents projets, notamment le réseau d'adduction et d'alimentation en eau potable, la fourniture et la mise en place d'équipements de relevage, de stations de pompage et d'épuration, la réhabilitation du réseau d'assainissement. A peine quelques mois après le départ des Allemands, une petite vérification comptable entamée par le directeur financier mis au jour un détournement de 18 milliards de centimes, le vol de 4 000 compteurs à eau qui ont pris la destination de la Tunisie pour y être vendus aux promoteurs immobiliers tunisiens et la dépense excessive (l'équivalent de 1,3 milliard de centimes) engagée pour le ravalement de murs de la station de Tarf dont la surface est d'à peine de 200 m2. L'enquête judiciaire qui s'en est suivie avec les investigations entamées par les services de la sûreté de wilaya Annaba a révélé d'autres faits graves. Vingt-quatre personnes dont deux femmes et deux anciens directeurs généraux qui s'étaient succédé à la tête de la Société des eaux et assainissement d'El Tarf et Annaba SEATA, ont été auditionnés par le magistrat instructeur d'Annaba. Sept d'entre eux ont été placés sous contrôle judiciaire. L'affaire est toujours pendante au niveau du tribunal de Annaba. Ce dernier multiplie les interpellations et les convocations pour audition des cadres et agents impliqués de prêt et de loin dans cette affaire.