Les populations de la commune chef-lieu de la wilaya de Annaba et celle d'El Bouni à 5 km vivent depuis des jours, une rupture d'eau potable dont on ignore la fin. Ces deux villes forment la plus grande concentration avec plus de 500.000 habitants sur une population globale estimée à 650.000 âmes composant les 12 communes de la wilaya. Plus grande concentration également de biens et services nécessitant une disponibilité d'eau H/24. Ce qui, depuis le début de l'été, semble être le dernier des soucis des responsables locaux de l'Algérienne des eaux (ADE). Cette rareté de l'eau potable distribuée parcimonieusement dure depuis plus d'une année. Il ne s'agit pas d'un problème de rationnement du précieux liquide en provenance d'un des deux barrages de la Bounamoussa ou de Mexa dans la wilaya de Tarf voisine qui alimente Annaba. Il s'agit beaucoup plus d'une totale absence de maîtrise de la mission impartie à chacun des principaux animateurs de l'ADE Annaba. A l'exemple de celle de l'exploitation des stations (châteaux d'eau) mal gérées depuis l'affectation à un autre poste de responsabilité de la gestionnaire intervenu incessamment. Ce dont semble avoir profité des opérateurs économiques du secteur privé (transformation alimentaire, cliniques, stations de lavages, promoteurs immobiliers ...) et autres pour, grâce à des complicités internes, se servir à moindre coût. Cette situation est apparue au grand jour ces deux derniers mois. Alors que les habitants de plusieurs quartiers souffraient le martyre provoqué par leurs robinets à sec plusieurs jours d'affilé, des promotions immobilières en chantier propriétés d'un député connu pour ses dépassements et extravagances. Implantées sur des sites en hauteur (tel Sidi Aïssa), ces promotions sont alimentées H/24. Le comble est que leur raccordement a été réalisé avec les moyens de l'entreprise étatique par des agents mis à la retraite. Evalués à 6,50 millions DA, les travaux n'ont pas été facturés au promoteur. Ce n'est que lorsque le scandale a éclaté via la presse, que l'ADE s'est empressé de réclamer son dû. C'est-à-dire plusieurs mois après la mise en place et l'exploitation de la conduite d'adduction. Comme pour calmer le jeu sous la pression d'une population très en colère car privée d'eau, la direction de l'ADE a pu, après plusieurs semaines de négociations, arracher au promoteur 2 millions sur les 6,50 millions DA tardivement facturés. Cette sérieuse alerte qui aurait dû attirer l'attention des services du ministère des ressources en eau, n'a apparemment pas servi à imposer une rigueur dans la gestion de cette entreprise. Au contraire, les coupures d'eau se sont multipliées sur tout le territoire de la wilaya. Dans les deux plus importantes communes Annaba et El Bouni, l'on est arrivé à se poser des questions sur l'implication éventuelle d'agents perturbateurs intéressés par l'éclatement de troubles à l'ordre public. C'est donc pour une bonne information que nous nous sommes rapprochés des responsables de l'ADE Annaba. Notamment le directeur de l'unité Abdelhalim Tabouchi. Refusant quotidiennement de livrer toute information sur la rupture prolongée de l'alimentation en eau dans la wilaya, ce responsable se limite à répéter : «Je suis en réunion.» Tout porte à croire que celle-ci comme les précédentes, n'ont rien apporté de nouveau au titre de solution. C'est le contraire qui s'est produit il y a 6 jours. Dans leur précipitation à effectuer des travaux dépassant leurs compétences, des agents mal encadrés ont entraîné l'éclatement simultané des deux principales conduites. De diamètre 1150 et 900 mm et implantées à hauteur de l'unité Orelait Allelik PK6, ces conduites alimentent Annaba et EL Bouni. Conséquence, les populations de ces deux communes sont depuis sans eau au robinet. L'imminence d'une visite de travail à Annaba du ministre des Ressources en eau Hocine Necib serait derrière l'excès de précipitation dans la réalisation des travaux que caractérise un important retard. Ce grave incident est survenu il y a déjà trois jours. Interrogé, un des responsables du chantier a affirmé que la distribution devrait reprendre ce samedi soir, au plus tard dans la matinée de dimanche prochain. Ce délai a entraîné la colère des habitants de la commune de El Bouni. Particulièrement ceux dont les robinets sont à sec depuis une vingtaine de jours. Sous d'autres cieux, cette situation aurait fait l'objet d'une large médiatisation et des dispositions auraient été prises pour alimenter les habitants même au moyen des citernes. Ce qui n'est pas le cas.