L'université de Béjaïa fait encore parler d'elle. On tire sur tout ce qui bouge. Le moindre geste est suspecté, puis exploité pour créer une tension. Les années passent et se ressemblent à l'université de Béjaïa. La ritournelle des rentrées agitées risque de s'inviter de nouveau, cette année. Alors que le nouveau pôle universitaire d'Amizour demeure fermé pour la troisième année, sans que cela n'émeuve personne, voilà qu'on s'intéresse et on dénonce des travaux qui sont en cours au niveau de ce campus. Des «agitations», qui cachent mal «des relations détériorées entre des individus». La tension monte. Elle s'ajoute à celle, en vigueur, au niveau du nouveau pôle universitaire d'Amizour qui fait la une à chaque rentrée sociale. Ce campus est perçu comme un fantôme pour les enseignants et les étudiants qui refusent de le rejoindre à cause de son emplacement géographique pour certains et pour d'autres, en raison de sa vocation originale. Ce pôle avait été dédié aux sciences juridiques. A quelque semaines de la rentrée officielle, des enseignants ont, dans une déclaration, déploré l'état dans lequel se trouve le campus de Targa Ouzemour. «Le recteur de l'université de Béjaïa portera la responsabilité totale de l'échec de la rentrée universitaire 2017-2018. Il faut avouer qu'il a l'habitude de tout faire pour que les rentrées soient un échec à Béjaïa», déclare le Cnes. Les enseignants estiment que ce projet n'a pas lieu d'être, car ce même recteur avouait que le campus manque de locaux. Mais à la surprise générale, le recteur entreprend des travaux qui s'apparentent, selon les rédacteurs, à la démolition du peu de locaux qui existent. «Alors que le campus de Targa Ouzemour est devenu par enchantement, le chantier d'un projet sans affichage des panneaux obligatoires, et plus grave encore sans aucune trace dans les conseils d'administration de 2016 et 2017. Le recteur s'est toujours plaint qu'il manquait de locaux à Targa Ouzemour, mais de là à démolir des locaux à Targa Ouzemour», suspecte le Cnes avant de s'interroger «de quel droit le recteur a détruit les biens de l'état (portail de l'Edimco, des murs de soutènement, moitié du parking étudiants, les blocs de l'agence thématique et l'ancien centre médical, une partie du centre de calcul...)? Pour créer un chantier lucratif qui n'a pas lieu d'être? Contacté par nos soins, le professeur Saidani, recteur de l'université de Béjaïa parle d'une «tentative de créer la zizanie», «oeuvre de deux à trois membres du Cnes, qui ont des problèmes personnels avec moi». «Nous n'avons détruit aucun local. Toute la partie pédagogique est restée intacte», a-t-il, indiqué hier, soulignant que «la clôture de l'entrée principale par le marché Edimco est rendue obligatoire par sa vétusté et suite aux endommagements subis lors de la réalisation du centre de recherche». «Datant de 27 ans et sérieusement endommagée à la suite des travaux de réalisation des centres de recherche, la clôture de l'université de Béjaïa devait être reprise totalement. C'est ce que nous avons fait dans l'intérêt de tout le monde. Quant à l'entrée principale, celle-ci devait être reprise, il y a longtemps suite, aux différentes interpellations de la Protection civile quant aux dangers qu'elle représente», estime le recteur, soulignant que «les autres travaux en cours sont destinés à l'aménagement des accès, esplanades, et de dédoublements». Dans sa déclaration, le Cnes a fait également allusion au pôle universitaire d'Amizour. Installé en 2013. «Le recteur a chargé le vice-recteur en 2014 de l'exclusion de 2400 étudiants, ce qui avait suscité une grande colère chez ces derniers et la rentrée a été bloquée pendant trois mois. En 2015, le même cas se répète et la rentrée a été bloquée», raconte le Cnes. «Il a décidé de changer l'affectation du campus d'Amizour initialement construit au profit de la faculté des sciences juridiques et décida en conseil de direction (qui n'a aucune prérogative exécutoire) d'affecter la faculté des sciences exactes. Il s'ensuivra une grève de trois mois qui n'aboutira à rien puisque le campus d'Amizour reste vide à ce jour», ajoute le Cnes. Pour rappel, l'an dernier la rentrée n'était pas un succès. Car le recteur a décidé d'affecter les nouveaux bacheliers résidant au campus de Targa Ouzemour aux résidences d'Amizour ce qui a encore une fois retardé la rentrée universitaire et une série de grèves s'est enchaînée tout au long du mois d'octobre, novembre et décembre. Cet imbroglio n'a pas échappé au recteur, qui, hier, regrettait qu'un joyau pareil soit inexploité pour des considérations, qui ne peuvent relever que «des intérêts individualistes». Le rectorat de l'université de Béjaïa, toujours à l'affût d'une solution, n'est pas resté les bras croisés, comme l'a si bien souligné le professeur Saïdani. «Nous avons fait une proposition de faire de ce pôle une école nationale d'ingénieurs. La proposition est sur le bureau du ministère de tutelle.» Devenue importante avec plus de 45.000 étudiants, l'université de Béjaïa doit subir une restauration salutaire. Les conflits internes qui la minent depuis quelques années trouveront à coup sûr, des solutions à même de faire de cette institution, un choix indiqué pour assurer son avenir. Il n'est jamais trop tard pour bien faire.