Abdelmadjid Menasra , Mohamed Douibi Ils ne perdent jamais l'espoir de rafler la mise, ou tout au moins d'améliorer leurs scores à quelques semaines des élections locales qui s'annoncent cruciales. Le FLN tétanisé par la polémique sur le rôle de l'armée dans le champ politique disparaît des écrans, le RND se fait très discret, comme l'est un peu le PT habitué pourtant à s'exprimer chaque semaine, alors que le RCD est timide et le FFS silencieux. Dans ce désert, les partis démocratiques sont devenus des fantômes, ce sont les islamistes qui occupent le terrain dans l'espoir de rafler la mise, ou tout au moins d'améliorer leurs scores à quelques semaines des élections locales qui s'annoncent cruciales. L'opportunité est jouable sachant qu'au niveau local ce ne sont pas les mêmes ressorts qui guident l'électeur que dans le cas des législatives où le parti prime sur l'individu. Dans les locales, la donne est différente, la tête d'affiche, la personnalité compte beaucoup dans le choix sélecteur et rien n'est acquis d'avance pour les partis. Cette donne est bien assimilée par les islamistes, surtout ce ne sont pas les sujets de détresse qui manquent en cette période où le pays traverse une crise financière aiguë. Ce week-end politique est marqué par la sortie sur le terrain de la plupart des partis islamistes. Ils étaient plus bruyants sur le terrain, de plus en plus présents dans les médias. Rencontre régionale, réunion de bureau politique, conférence des partis sont autant d'activités tenues par les islamistes pour marquer leur rentrée politique, conjoncture oblige. Après la convocation du corps électoral le 26 août dernier par le chef de l'Etat et l'installation de la Commission nationale chargée de l'organisation des élections jeudi dernier, les partis se manifestent à leur tour pour exprimer leurs préoccupations. Malgré les assurances avancées par le gouvernement et l'administration promettant des élections transparentes, les partis restent sceptiques. Le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Abdelmadjid Menasra, qui a confirmé la participation de sa formation à l'élection, n'a pas dissimulé ses craintes. Lors d'une rencontre régionale qu'il a animée vendredi dernier à Constantine, Menasra, a appelé à l'organisation d'élections «équitables qui permettent une alternance pacifique aux assemblées locales et consolident leurs prérogatives». Ce dernier souhaite l'ouverture d'un débat autour des Codes de la commune et de wilaya ainsi que de la fiscalité locale, soulignant que sa formation politique «compte sur les citoyens pour préserver le pays».Le mouvement Ennahda a fait part également de ses inquiétudes. Lors d'une rencontre qu'il a tenue vendredi dernier avec les cadres du parti, Mohamed Douibi a affirmé qu'il ne croyait pas aux garanties de transparence des prochaines élections locales, prévues le 23 novembre. Il a d'ailleurs appelé le gouvernement de Ahmed Ouyahia à s'engager publiquement, que ce scrutin se déroulera dans des conditions de transparence totale. «Nous appelons le pouvoir à mettre en place toutes les garanties politiques et légales pour l'organisation des prochaines élections dans la transparence totale», a affirmé Mohamed Douibi, dans un discours d'ouverture à l'occasion de l'installation de la Commission nationale de préparation des élections locales. Le secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND), Ahmed Ouyahia a réuni hier ses cadres pour faire le point sur les préparatifs des élections locales. Ouyahia a donné les directives à suivre pour garantir un meilleur score lors de cette compétition. Si certains se sont basés sur le rendez-vous des locales, d'autres se sont positionnés sur le plan d'action du gouvernement adopté mercredi dernier par le Conseil des ministres. C'est le cas du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD). Dans un communiqué rendu public hier, le parti présidé par Mohcen Belabbas a critiqué la vision du gouvernement. «Le sombre tableau dépeint dans le projet du plan d'action du gouvernement ne sert qu'à illusionner et leurrer l'opinion publique pour faire passer des mesures antisociales après avoir testé d'autres artifices de replâtrage qui ont échoué comme l'emprunt obligataire ou les tentatives d'intégrer l'argent de l'informel dans la sphère légale», a soutenu le parti dans son communiqué. D'autres formations politiques vont s'exprimer au courant de cette semaine. Il faut s'attendre désormais à un mouvement intense sur la scène politique. Celle-ci sera prise d'assaut par les nombreux partis qui participeront à la course électorale. Excepté le parti de Soufiane Djillali, Jil Jadid, qui n'a pas encore tranché la décision de participer ou de boycotter, environ une soixantaine de partis se disputeront les 1 541 Assemblées populaires communales et les 48 Assemblées de wilaya. Un nombre jamais enregistré auparavant. L'intérêt affiché par les partis pour ces élections locales a surpris plus d'un.