L'équipe du film de En attendant les hirondelles «L'association Project heurt's est devenue une icône d'art, d'amour du travail, de partage et de respect, tous les jeunes peuvent en témoigner», fera remarquer Lilia Aoudj. La cinémathèque de Béjaïa affichait salle comble samedi soir. Et pour cause! On y projetait le film algérien qui a fait beaucoup parler de lui ces derniers mois. Il s'agit de En attendant les hirondelles de Karim Moussaoui, le film qui remporta le Grand Prix au dernier Festival international d'Oran du film arabe et ce, quelques mois seulement après sa participation au festival de Cannes dans la section Un certain regard. Autant dire que le film a beaucoup plu et eut une critique positive lors du débat. Le synopsis? Aujourd'hui, en Algérie, trois histoires, trois générations. Mourad, un promoteur immobilier, divorce ́, sent que tout lui échappe. Aïcha, une jeune fille, est tiraillée entre son désir pour Djalil et un autre destin promis. Dahman, un neurologue, est soudainement rattrape ́ par son passé, à la veille de son mariage. Dans les remous de ces vies bousculées qui mettent chacun face à des choix décisifs, passe ́ et présent se télescopent pour raconter l'Algérie contemporaine. Présent en compagnie de ses acteurs, notamment Hassan Kachach, Mehdi Ramdani et Hania Amar, le réalisateur Karim Moussaoui a répondu aux nombreuses questions d'un public bien curieux d'en savoir plus sur ce film, sa fabrication, l'implication des comédiens dans le scénario et le choix prépondérant de la musique qui prend parfois le dessus sur la parole quand le dialogue peine à dire l'émotion tout simplement. En attendant les hirondelles, le public a dû le comprendre, évoque le temps immobile dans un espace dilaté. Une distorsion de nous-mêmes dans ce flux d'attente d'un changement que les personnages peinent à faire déclencher. Par peur? Par lâcheté, timidité? Hésitation? Désespoir? Nonchalance? Le film ne prétend en tout cas pas donner de leçon sur comment doit-on se comporter, mais pousse beaucoup plus à réfléchir sur nos actes manqués et les pas que d'aucuns devraient avancer pour faire évoluer les choses. Et qu'importe d'ailleurs en bien ou en mal. Un film nécessaire en tout cas, surtout dans cette période où l'Algérie vit une certaine forme de flottement sociopolitique. La pertinence du film réside d'ailleurs et fort heureusement loin du discours binaire moralisateur même si la première partie s'y prête un peu, mais finit par s'envelopper et c'est là où réside sa force dans ce côté poétique bien attachant qui donne aux comédiens le plein pouvoir de leur corps pour agir et à la mise en scène de dérouler son décor pour faire parler l'image, le cinéma et l'esthétique de la poésie du plan. Un film qui a donné le «la» à une amorce d'un festival qui promet bien de bons films tout au long de la semaine et ce jusqu'au 15 septembre en cours. Lors de son discours d'ouverture, Lilia Aoudj, la directrice artistique des RCB, fera remarquer que «les rencontres sont devenues la plus ancienne manifestation cinématographique en Algérie, et c'est dû à beaucoup de paramètres. D'habitude c'est Abdenour Hochiche qui se tient à ma place» et de le remercier au nom de toute l'équipe pour avoir créé ce festival. «L'association Project heurt's est devenue une icône d'art, d'amour du travail, de partage et de respect, tous les jeunes peuvent en témoigner» et de mentionner côté programmation: «Nous avons reçu 450 films, 32 sélectionnés, 26 en avant-première, débats avec les réalisateurs, le tiers des films sont algériens». En effet, de nombreux films entre courts, longs, fictions et documentaires, attendent le public chaque jour à raison de plusieurs séances la journée, sans oublier le café-ciné le lendemain qui fait poursuivre le débat avec le réalisateur en matinée au théâtre régional de Béjaïa. Des films qui feront encore parler d'eux durant le débat et certainement en off. Car au RCB l'effet des films ne se dissipe pas aussi facilement. C'est ce qui fait la magie si particulière des Rencontres cinématographiques de Béjaïa, à savoir la qualité de la programmation, mais aussi des rapports humains qui se tissent entre les gens et les cinéphiles.