la Libye, programmée en cette 72ème session de l'Assemblée générale de l'ONU, C'est un lieu commun que de dire combien la crise libyenne influe directement sur la situation des pays voisins, impactant leur économie autant que leur sécurité. La réunion de concertation des ministres des Affaires étrangères algérien, Abdelkader Messahel, égyptien, Sameh Choukry, et tunisien, Khemaies Jhinaoui, jeudi à New York, dans le cadre de la tripartite sur la Libye, en marge des travaux de la 72ème session de l'Assemblée générale de l'ONU, revêt un sens particulier dans la mesure où elle prolongeait une autre rencontre, de première importance, convoquée par l'ONU. Elle devait, en effet, permettre aux trois chefs de la diplomatie des pays voisins de la Libye de «passer en revue les derniers développements de la situation», à la lumière des nombreuses initiatives unilatérales observées depuis plusieurs mois, la dernière en date ayant été celle de Rome où la France, la Grande-Bretagne et l'Italie ont réaffirmé leur détermination à résoudre au plus vite la crise de l'autre côté de la Méditerranée. Avec cette concertation, les trois ministres ont, d'une part, tiré les enseignements de la réunion de haut niveau sur la Libye, programmée en cette 72ème session de l'Assemblée générale de l'ONU, et, d'autre part, réitéré «leur soutien aux efforts des Nations unies et au représentant spécial Ghassan Salame», non sans exprimer «leur rejet de la multiplication des initiatives» dont la conséquence est de compliquer davantage le problème. Le 9 septembre, le Comité de haut niveau de l'Union africaine, réuni à Brazzaville, en présence du Premier ministre Fayez al Serraj, avait déjà dénoncé cette «mode» contre-productive dont l'unique résultat est de parasiter les efforts consentis par l'Algérie et ses partenaires tunisien et égyptien qui travaillent, dans le double sillage de l'UA et de l'ONU, «à poursuivre la concertation et la coordination en vue d'accompagner les Libyens dans leur quête d'une solution définitive qui préserve la souveraineté et l'intégrité de ce pays frère et voisin». La visite officielle à Tunis, lundi dernier, du maréchal Haftar, reçu par le président Caïd Essebsi, a permis d'évoquer la mise à jour de l'accord politique inter-libyen. Toute la problématique concerne en effet la place et le rôle qu'aura le maréchal Haftar dans le prochain Conseil présidentiel. La démarche commune des trois pays (Algérie, Tunisie, Egypte) porte clairement la marque de la doctrine diplomatique algérienne qui milite pour un dialogue inclusif, engageant le strict respect de la souveraineté et de l'unité du peuple libyen. C'est un lieu commun que de dire combien la crise dans ce pays influe directement sur la situation des pays voisins, impactant leur économie autant que leur sécurité. Ce travail opiniâtre de l'Algérie a contribué à façonner le processus de retour de la paix, nonobstant les escarmouches épisodiques dans le périmètre de Misrata et dans le Sud libyen. Lequel progrès a ouvert la voie au plan de route de l'ONU pour la Libye, officialisé le 20 septembre dernier. Ce plan comporte, entre autres objectifs, un amendement de l'accord politique inter-libyen de décembre 2015 avant le lancement d'une nouvelle série de pourparlers autour de la convocation d'élections législatives et présidentielle. Au terme des discussions de ces derniers jours, il y aurait un consensus pour que le Conseil présidentiel ne soit plus dirigé par le Premier ministre Fayez al Serraj, mais par une autre personnalité tandis que Haftar prendrait sa place comme il le revendique depuis deux ans au moins. Autre changement, il n'y aurait plus que trois vice-présidents au lieu des neuf instaurés par l'accord onusien de 2015. Enfin, toutes parties concernées devraient entériner les nouvelles dispositions lors d'une réunion prévue à Tunis le 26 septembre prochain. Tel est le plan de route examiné par l'ONU dont la médiation, soutenue par l'Algérie, la Tunisie et l'Egypte, va se poursuivre sur la base de l'accord de 2015 moyennant des amendements pour transcender les blocages. Ghassan Salame, le représentant spécial du SG de l'ONU pour la Libye, a annoncé, sans donner de date précise, la tenue, au siège de l'organisation, d'une «conférence nationale pour réintégrer tous les acteurs ostracisés ou marginalisés» sur l'échiquier libyen, un pas essentiel avant la convocation d'un référendum, «d'ici un an», sur une nouvelle Constitution ouvrant la voie à des élections générales dans le pays. C'est précisément cette feuille de route, nourrie au gré des constats et des propositions des trois pays voisins de la Libye, que l'Algérie, la Tunisie et l'Egypte vont soutenir activement dès lors qu'elle confirme le respect des principes inlassablement défendus par la diplomatie algérienne, entre autres celui de la non-ingérence dans les affaires intérieures du peuple libyen et celui du dialogue politique ouvert à toutes les parties prenantes de la crise, sans exclusive aucune.