Le sport national en général, le football en particulier, est à l'agonie. Le nul concédé, dimanche, par le Onze national ne fera que repousser de quelques jours ce qui paraît une évidence. C'est-à-dire l'élimination pure et simple de l'EN de toutes compétions internationales. Qui l'aurait cru, il y a de cela quelque temps encore? Dans ces mêmes colonnes, nous pleurions la déliquescence du football national après la débâcle cairote et l'élimination successive de nos différents représentants à l'échelle continentale. La JSK, l'USMA, le MCA tombaient comme des feuilles mortes. Et ce qui devait arriver, arriva. Le football national a fini par succomber à ses blessures. L'EN vient de tomber K.O. sur la pelouse du stade de Zabana (nul 2-2 après avoir mené 2-1). A l'exception de la CAN de 1994 (affaire dite Karouf), les Verts n'avaient pas raté une CAN depuis leur première participation en 1980. Ils s'étaient même bâtis une solide réputation en remportant le trophée en 1990 et en prenant part à 2 Mondial. Et voilà qu'aujourd'hui, le club Algérie sombre à son tour. Grandeur et décadence d'un emblème. Comment une sélection qui a enfanté les Madjer, Belloumi and Co a-t-elle pu sombrer si rapidement? A qui la faute? Cette descente aux enfers nous rappelle la fable de Jean de la Fontaine: la grenouille qui voulait devenir plus grosse que le boeuf. Alors elle s'enfla, s'enfla et s'enfla ...si bien qu'elle éclata. En fait, derrière l'épopée sportive qui suscita de formidables passions, la politique et l'affairisme se disputaient le prestige attaché au football. Le sport-roi a englouti de véritables fortunes et engendré des fidélités peu raisonnables. Si le football se retrouve en pleine banqueroute, c'est que le milieu footballistique n'a pas pris la mesure des changements. Ces deux dernières décennies, il a vécu comme si la carte du football n'avait pas été redessinée par la mondialisation. Pour avoir longtemps vécu dans un univers virtuel, que les spectateurs observaient à travers les chiffres aberrants des transferts, le football national s'est progressivement coupé de ses bases. Il s'est enfermé dans une bulle «spéculative» qui a généré du dégoût jusque dans les rangs de ses supporters. Le football est le miroir du pouvoir économique. Ce n'est pas un hasard si l'Algérie apparaît aujourd'hui comme un désert footballistique et n'expatrie plus ses talents. Et les centres de décision ont progressivement migré vers les milieux mercantilistes. Le football national paye aujourd'hui cash une gestion catastrophique entamée il y a une vingtaine d'années par une politique irréfléchie. Et le meilleur exemple nous vient de nos voisins qui ont su investir dans la formation et dans le long terme. Il n'y a qu'à voir la Tunisie, l'Egypte, le Mali et le dernier en date le Bénin qui vient de prendre part au championnat du monde juniors qui se déroule aux Pays-Bas. Qu'on se le dise, l'EN manquera encore une autre fois le rendez-vous germanique et ne montera pas au sommet des Pyramides. Karim Ziani a beau se démêler sur le terrain, on ne restera pas insensible à ses larmes et regrets. Ceux-ci traduisent la fin d'une épopée. Les joueurs qui sont restés fidèles aux couleurs nationales, malgré leur situation parfois précaire au sein de leurs clubs respectifs, ont toutes les raisons d'en vouloir aux dirigeants, au même titre d'ailleurs que les fans du football national.