L'overdose guette les Algériens. L'année 2002 sera celle de toutes les élections. Toutes les institutions du pays sont concernées par le renouvellement. Mais avant, le «terrain d'assiette» est, sans conteste, la loi fondamentale. Donc, de l'avis de nombre d'observateurs, la révision de la Constitution actuelle devra intervenir au plus tard en février prochain. Une première consultation populaire qui devra intervenir aussitôt qu'un accord avec les ârchs sera conclu. Ceci pour l'introduction de la langue amazighe. Pour le reste, et toujours pour ces mêmes observateurs, il faut avoir en mémoire le programme présidentiel et les différents discours du chef de l'Etat. Ainsi, il sera question aussi du régime «qui n'est ni tout à fait présidentiel ni tout à fait parlementaire». Le sort du Sénat «un luxe budgétivore et inutile pour l'Algérie» sera scellé. Ce qui obligera fatalement à revoir la succession à la tête de l'Etat en cas de vacance. On évoque même la durée du mandat présidentiel, quinquennal aujourd'hui, en terme plus long que nécessite le chantier de renouveau en cours. Aussitôt après cette première élection, celle des législatives devra lui emboîter le pas. Aussi importantes l'une que l'autre, elles ne devront pourtant pas être préparées par le même Exécutif. La recomposition du paysage politique de la future Assemblée nationale qui sera, à ne pas douter, dominée par deux grandes formations politiques «à l'américaine» devra se dérouler avec un maximum d'atouts. Les deux leaders que sont Benflis et Ouyahia, respectivement du FLN et du RND, s'ils venaient à être maintenus dans l'Exécutif lors des élections, serviraient sur un plateau royal les arguments de protestations que ne manquera pas de développer l'opposition. Cela ne se serait sûrement pas posé si la normalisation avait été atteinte, si la culture démocratique était atteinte et si l'administration n'était plus partisane. Contrairement à tous les discours, on en est loin. Et on voit mal Ouyahia à la tête de la Justice trancher dans un recours électoral introduit par exemple par le parti dont il est en même temps le leader. Tout comme on voit mal Benflis décider un quelconque nouveau découpage administratif à la veille des élections. Pour le Chef du gouvernement, nombreux sont ceux qui pensent que parvenir à un accord avec les ârchs sera sa dernière grande mission. Certains vont jusqu'à penser qu'il pourrait reprendre le Premier ministère après les élections. Les mêmes qui ne doutent pas que son parti raflera la mise et donc s'imposera. Sauf qu'ils oublient qu'avant les communales, juste après les législatives nécessitent un code communal et celui des wilayas revus et corrigés. Même si dans la nouvelle mouture les élus locaux n'ont pas les mêmes larges prérogatives grâce à la revalorisation envisagée du poste de secrétaire général de l'APC, la touche partisane suscitera toutes les passions. Un chef de parti quel qu'il soit ne pourra, dès lors, être juge et partie à la fois. La projection la plus crédible reste le remaniement ministériel aussitôt la nouvelle Constitution adoptée. Il est fort à parier que le chef de l'Etat en profitera pour favoriser l'émergence de «jeunes loups» qu'il aura eu tout le temps, au cours des trois années d'exercice, de repérer. Tout comme il l'a inspiré au nouveau bureau politique du FLN. Pour s'en convaincre, il faut se rappeler que le Président de la République a déjà annoncé «la fin de la légitimité révolutionnaire au profit de la légitimité populaire». L'année de toutes les élections pour être positive devra rompre avec beaucoup de pratiques du passé sauf une: celle de confier les urnes à des chefs de parti. Sans justification démocratique, la spécificité de la mesure saute aux yeux. Pour la transparence. Pour la crédibilité. L'Algérie en a besoin. Pour retrouver ses marques.