C'est la première fois en dix ans que le Fibda se tient conjointement en deux lieux C'est parti! Les bulles s'émoustillent et sont prêtes à vous accueillir sur deux espaces différents cette année et ce jusqu'au 7 octobre. C'est au Palais de la culture Moufdi-Zakaria que la dixième édition du Festival international de la bande dessinée d'Alger (Fibda), a été inaugurée cette année, et ce, mardi dernier par le ministre de la Culture Azzedine Mihoubi. C'est la première fois en dix ans que le Fibda se tient conjointement en deux lieux. Restriction budgétaire oblige, cette année on a loué une partie de l'Esplanade de Riadh El Feth, les espaces d'exposition du Palais de la culture ayant été offerts gracieusement pour contenir les deux grandes expositions-phares qui célèbrent le pays invité d'honneur, à savoir la France. Il s'agit de «Uderzo in extenso» et «Bleu, blanc... bulles». La France invité d'honneur avec un riche programme Le ministre de la Culture qui s'est félicité de l'essor de la bd en Algérie a fait savoir son contentement de voir la BD se développer en Algérie de façon rapide. «En dépit des restrictions budgétaires, nous avons chaque année un appui à ce festival et je rassure quant à sa continuité aux prochaines éditions», a-t-il relevé. A ses côtés, on pouvait distinguer plusieurs ambassadeurs de pays participants, notamment Xavier Driencourt, ambassadeur de France. Ce dernier nous fera remarquer que c'est une très belle chose que cette dixième édition invite la France comme pays d'honneur. «Ça illustre la relation entre les dessinateurs des deux pays. Ça montre aussi la vitalité de la bande dessinée algérienne et aussi bien la vitalité et la notoriété de la bande dessinée française avec beaucoup d'auteurs et de dessinateurs et bédéistes qui sont venus à Alger. Voyez ce livret qui a été édité par l'institut français. Vous avez toutes les biographies des bédéistes français qui sont venus. Je salue ceux qui sont ici, Jacques Fernandez et tous ses collègues. Aussi, le président du festival de la bande dessinée d'Angoulême, un festival très connu dans le monde. Encore une fois je le dis, la bande dessinée ça parle à tout le monde. C'est accessible à tous. Toutes les couches sociales et tous les milieux professionnels, de toutes les langues, le dessin c'est universel... Ce festival cette année c'est encore une fois une très belle illustration de la coopération entre les deux rives de la Méditerranée. Il faut que ça puisse se reproduire.»Aussi, de cinquante, le nombre de pays participants a baissé à 17 cette année, avec une préférence qui est allée pour la qualité des invités au détriment de la quantité. «Il y a moins d'invités, mais on a choisi les meilleurs», fera remarquer Dalila Nadjam qui assurera de la bonne volonté du commissariat d'aller de l'avant. Plus de 40 invités sont présents à cette manifestation, dont des vedettes de la bande dessinée nationale et internationale. Outre les expos, ces derniers sont là pour capitaliser un programme bien riche et intéressant en différentes thématiques et conférences, lesquelles seront animées par de grands noms du neuvième art, à l'exemple de Régis Hautiere, Richard Marazano et Farid Boudjellal, Etienne Schéder, Nicolas Grivel, François Schuiten, Cartel Muller et Bocquet, Jacques Fernandez, pour ne citer que ceux-là. Notons que les conférences et les dédicaces se tiennent au Palais de la culture. Aujourd'hui à 14h, Cartel Muller et José -Louis Bocquet nous expliqueront «comment aborder le féminisme à travers la BD». Vendredi ce sera le tour de Régis Hautière et Farid Boudjellal de nous dire comment raconter la guerre en bande dessinée. Le Palais de la culture abritera aussi deux ateliers. L'un est relatif à «l'initiation à l'écriture et à la scénarisation de la bande dessinée» et est animé par Régis Hautière. Le second animé par Richard Marazano aura trait au storybord en bande dessinée. Le cinéma sera également présent, notamment à travers le film de science-fiction, de Luc Besson, à savoir Valerian et la cité des mille planètes (projeté hier à l'Ifa), mais aussi avec Macadam Popcorn de Jean-Pierre Pozzi, en présence de son réalisateur. La projection aura lieu samedi à 18h à l'Ifa toujours. De belles expos à découvrir Le Palais de la culture qui abrite cette année, une fois n'est pas coutume, les expos du Fibda, accueille deux très belles expos dont on prend la peine d'apprécier tant la scénographie bien étudiée qui sied à merveille. La première expo à découvrir est Uderzo in extenso, qui rend hommage au génie d'Uderzo dessinateur, comme à tous les personnages qui l'ont incarné. Au-delà des célébrissimes Astérix et Obélis, Uderzo fut aussi le créateur de nombreux personnages, de Jehan Pistollet à Bill Blanchart, de Tanguy et Laverdure à Oumpah-pah. Cette grande exposition monographique s'efforce de radiographier une oeuvre majeure à tous points de vue exceptionnelle. La seconde expo attenant au Palais de la culture est Bleu, blanc...bulles». Celle-ci propose un parcours dans l'architecture de la bande dessinée à travers une cinquantaine d'illustrations et de planches qui mettent en regard des classiques et des oeuvres contemporaines publiées par les éditeurs franco-belges. De la «ligne claire» d'Hergé aux innovations structurelles d'artistes tels que Fred (Philimon), en passant par la toute nouvelle scène de la BD française, cette expo invite le spectateur à voyager à travers le temps et l'espace. Bleu, blanc... bulles est proposée par la Franch Comics Association qui fédère plusieurs éditeurs majeurs de bande dessinée... Des tarifs de bd divisés sur deux Un petit tour cette fois à l'Esplanade de Riadh el Feth nous fait découvrir quasiment les mêmes stands que ceux du Palais de la culture. On retrouve la maison d'édition algérienne de bd Z-Lik au côté de nombreux stands vendant des tee-shirts, des sweets et autres accessoires pour jeunes. Côté expos on distingue aussi deux expos faisant face. Il s'agit de l'expo de Tarzan. Une rétrospective de tous les albums de Tarzan et l'expo Kronikas. Le fruit d'un atelier de deux ans ayant réuni des artistes algériens, cubains et belges. «Ils ont commencé il y a un an et demi. Ils ont commencé l'année dernière et ont fini au mois de septembre. Une publication en est sortie qui s'appelle Kronikas publié sous format de revue pour qu'elle soit accessible à tout le monde. Le thème se rapporte au patrimoine de chaque ville. Ils sont trois Algériens à avoir réalisé les planches algériennes dont je citerai la jeune Myriam Zeggat. Ce projet a été soutenu par la Wallonie-Bruxelles. A côté, j'ai voulu rendre hommage à un artiste algérien qui s'appelle Djamel Bilarbi, né à Oran, qui, pendant les années 90, a fui sa ville parce qu'il avait été menacé... il est mort incognito en Egypte. A côté, on retrouve le collectif 619, des bédéistes tunisiens qui sont très bons», nous fera remarquer madame Dalida Nadjam lors d'une visite guidée de ces expos. Et de poursuivre: «Là, j'ai accroché tous les personnages de la bande dessinée algérienne. Là j'ai voulu montrer qu'on a une production très riche de femmes algériennes. Parmi les bédéistes exposés je pourrai citer Nawal Ouared, Dalila Sid Ahmed, qui sort son album chez Daliman, Myriam Zeggat...» A côté, nous retrouvons la petite salle de cinéma mitoyenne à la salle ou Bulle de lecture avant de déboucher sur la libraire du Fibda qui compte 3000 titres. Dalila Nadjam, comissaire du Sila nous avouera aussi que les prix de vente des BD ont été divisés sur deux. «Cette année, j'ai diminué les prix. Ils ont été cassés à 50%. On a un gros stock et on a besoin d'argent. Stocker des livres ça ne sert à rien. On l'a fait pour que les gens puissent lire davantage de la bd. Vaut mieux les vendre et que les gens lisent en ayant été contents d'avoir acheté plusieurs albums, au lieu d'en acheter un à 3000 DA, Ils en achèteront trois. Les mangas sont à 800 DA, les classiques à 1200. Il y a certains livres qui coûtent plus cher car c'est la qualité du beau livre qui parle. C'est volumineux aussi.» Bref à vous de voir! Pour info, une navette a été mise à disposition du public pour se rendre sur les deux lieux de la manifestation.