Après l'euphorie, les partisans de l'indépendance de la région autonome du Kurdistan sont confrontés à un embargo. Le spectre d'une confrontation armée plane sur la région. Interrogé sur les risques d'affrontements avec les forces kurdes, Saad El Hadithi, porte- parole du bureau du Premier ministre, a noté que dans ces zones, la tâche des forces fédérales sera d'appliquer la loi et d'assurer la stabilité et la paix. «Notre prochain objectif est Kirkouk et les zones disputées occupées par des gangs armés, des hors-la-loi qui ne répondent pas au commandement de l'armée», a de son côté affirmé Karim El Nouri, un chef de la brigade Badr qui fait partie de Hachd El Chaabi, une force paramilitaire alliée au pouvoir central à Baghdad. Bagdad menace de ne plus autoriser les survols sur son territoire, ce qui bloquerait la population sur son sol, note-t-elle. La Turquie a également décrété des mesures sévères : Ankara a annoncé la prochaine fermeture de sa frontière terrestre avec le Kurdistan irakien et menacé de stopper ses importations de pétrole. Une décision qui affecterait lourdement l'économie de la province irakienne car la région exporte 550 000 de ses 600 000 barils quotidiens. Le président turc Erdogan coopère avec l'Iran pour initier des mesures contre le Kurdistan. Téhéran a gelé les vols en direction du Kurdistan. Lundi une majorité de votants étaient favorables à l'indépendance du Kurdistan irakien. Après l'élection, les sanctions tombent et les accrochages émaillent les régions contestées par Baghdad. Les kurdes ont été appelés aux urnes de la province irakienne du Kurdistan et dans quelques autres zones kurdes disputées par Baghdad, comme Ninive, Dyala et Salaheddine, au nord du pays. Mais dans d'autres zones, disputées par Baghdad, l'atmosphère était électrique. Les réactions internationales ont été défavorables après l'annonce du référendum par Massoud Barzani, le 7 juin 2017. Les officiels se sont succédés auprès du président du Kurdistan irakien pour le dissuader de l'organiser. Le secrétaire américain à la Défense, James Mattis, le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, son homologue français, Jean-Yves Le Drian, et la ministre française de la Défense, Florence Parly, étaient à Erbil à la fin du mois d'août avec cet objectif. Début septembre, ce fut le tour des délégations internationales. Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, s'est dit «préoccupé face aux conséquences potentiellement déstabilisatrices du référendum». Mais Massoud Barzani, pour qui l'indépendance du Kurdistan est le combat d'une vie, est resté inflexible. Quoi qu'il en soit, les effets ne se sont pas fait attendre. «La joie post-élections ne doit pas faire oublier ce qu'il s'est passé ces derniers jours», explique la journaliste. «Il n'y a plus beaucoup de vie dans les quartiers. La population se prépare à vivre sous embargo. Les magasins ont été vidés, par peur des représailles internationales. l'Iran a fermé sa frontière aérienne. Si Barzani et le gouvernement régional du Kurdistan ne reviennent pas très vite sur cette erreur, alors ils passeront à l'histoire avec l'ignominie d'avoir poussé notre région dans une guerre confessionnelle», a noté le président turc Recep Tayyip Erdogan lors d'un discours télévisé le 26 septembre. Ces régions sont la riche province pétrolière de Kirkouk et des secteurs de celle de Ninive, de Dyala et de Salaheddine. La plupart avaient été occupées par les peshmergas, les combattants kurdes, en 2014, à la faveur du chaos qui a régné dans le pays après l'offensive des prétendus djihadistes de Daech. Les Américains ont exprimé leur déception quant à la tenue de l'élection pour l'indépendance de la région autonome du Kurdistan. La Turquie a deployé des troupes militaires prés de l'Irak. Erdogan parle d'une guerre Le président turc Recep Tayyip Erdogan n'a exclu mardi aucune option, économique ou militaire, en réplique au référendum de lundi sur l'indépendance du Kurdistan irakien. Si le leader kurde irakien et le gouvernement du Kurdistan ne reviennent pas très vite sur cette erreur, alors ils passeront à l'histoire en portant l'ignominie d'avoir poussé notre région dans une guerre ethnique et confessionnelle, a dit M. Erdogan lors d'un discours télévisé. Dans un discours au palais présidentiel, il a souligné que la Turquie n'hésiterait pas à utiliser tous les moyens à sa disposition si la voie vers la paix était entravée, ajoutant espérer que le gouvernement du Kurdistan autonome d'Irak «retrouvera la raison». Le président a accusé le dirigeant kurde irakien Massoud Barzani de «trahison» et averti les Kurdes d'Irak qu'ils mourront de faim lorsque la Turquie décidera de retenir ses camions de marchandises de son côté de la frontière. «La décision de l'élection qui a eu lieu sans autorisations, est une trahison», a dit Erdogan, qui a de nouveau menacé de fermer le robinet au pétrole kurde qui s'écoule via la Turquie. Ces propos surviennent au lendemain d'un référendum d'indépendance qui s'est tenu dans la province autonome kurde du nord de l'Irak, en dépit des appels répétés de plusieurs pays à annuler ou repousser le scrutin. La Turquie, où vivent quelque 15 millions de Kurdes, redoute que la création d'un Etat kurde à sa frontière ne fasse tache d'huile, alors qu'Ankara est confronté à une sanglante rébellion séparatiste dans le sud-est de son territoire. La Turquie mène par ailleurs ostensiblement depuis une semaine des manœuvres militaires à la frontière, avec la participation de quelques unités de l'armée irakienne. De plus, Ankara, Baghdad et Téhéran, dont les relations sont complexes, ont multiplié les contacts ces derniers jours.