A l'instar des autres régions du pays, la wilaya de Béjaïa reste particulièrement touchée par le phénomène de la drogue. Ce fléau qui n'épargne aucune frange de la société, a connu une ampleur considérable ces dernières années, aidé par l'instabilité politique qu'a connue la région trois ans durant. La mise en quarantaine des services de sécurité rendait impossible toute lutte contre ce phénomène dévastateur pendant que le mouvement associatif censé être à l'avant-garde dans cette lutte ne brillait qu'occasionnellement lorsqu'il ne verse pas dans la politique. Le nombre d'arrestations effectuées dans les rangs des «dealers» et l'importante quantité de stupéfiants récupérée à la faveur du retour de la stabilité témoignent à eux seuls de l'ampleur de la situation. A Béjaïa, la drogue se vend et se consomme jusque dans les établissements scolaires. La mal vie et le chômage sont identifiés comme les principales causes de l'augmentation de la consommation de la drogue, il reste que le rôle des parents est désigné du doigt par les observateurs qui notent aussi que les traditions sociales et culturelles font que ce genre de pratique dangereuse est caché par peur d'humiliation. A Béjaïa, toutes ses drogues existent jusqu'aux plus dangereuses, du kif traité jusqu'à la cocaïne en passant par la colle et les comprimés, tout est bon pour une jeunesse désespérée. Les endroits publics sont devenus de véritables plaques tournantes où l'écoulement de stupéfiants et la consommation se font au grand jour. Pour le premier semestre de l'année en cours, les services de sécurité ont procédé à l'arrestation de quatre dealers récupérant par la même occasion 2 kg de kif et 81 comprimés. L'an dernier les mêmes services ont arrêté 128 personnes liées à la drogue et ont récupéré 20 kg de kif traité et 6 300 comprimés. A l'occasion de la Journée internationale de la drogue, les associations de Tazmalt ont initié trois journées d'étude sur ce phénomène qui reste un tabou quand bien même il est à l'origine de ravages dans tous les milieux sociaux. L'alerte est donnée pour ainsi dire. Mais en vrai il faudrait une politique globale associant tous les acteurs politiques, culturels et sécuritaires pour une démarche concertée en mesure de réduire l'accroissement de ce phénomène, quant à son élimination, cela relève de l'impossible.