L'armée est entrée dans Kirkouk Champs pétrolifères, base et aéroport militaires, édifices publics: l'armée a ainsi rempli, sans trop de difficultés, les objectifs majeurs assignés par Baghdad qui n'a pas encore affiché clairement ses intentions après le défi du référendum sur l'indépendance du Kurdistan. Sans tambour ni trompette, l'armée irakienne n'a pas attendu la fin de l'ultimatum que Baghdad avait adressé avec un nouveau délai de vingt-quatre heures pour le retrait des forces kurdes positionnées en vue de défendre des bases acquises et la ville stratégique de Kirkouk. On apprenait, dès hier, que la base militaire K1 la plus importante de la région, l'aéroport de la ville, la quasi-totalité des puits pétroliers et d'autres édifices de moindre envergure, ont été récupérés dans la nuit par les troupes gouvernementales, sans rencontrer la moindre résistance. Tout au plus, il y a eu quelques échanges de tir entre les militaires irakiens et les peshmergas du PDK, au sud de Kirkouk, à la suite de la progression des colonnes blindées de l'armée vers les faubourgs de la ville. Auparavant, la télévision irakienne avait fait état de la reprise «sans combat» par les troupes gouvernementales de «larges zones» dans la province, même si les peshmergas évoquaient quant à eux des échanges de tirs de roquettes Katioucha. Peu avant, la télévision officielle avait annoncé que les troupes gouvernementales avaient repris «sans combat» aux peshmergas kurdes de «larges zones» de la province. Des sources militaires des deux côtés ont rapporté des échanges de tirs de roquettes Katiousha au sud du chef-lieu de la province. Le Premier ministre Haider al-Abadi, après avoir répété sans cesse qu'il ne veut pas d'une nouvelle guerre dans cette province, a ordonné aux forces armées de «rétablir l'ordre à Kirkouk en collaboration avec les habitants et les peshmergas» proches de Baghdad. Telle était la mission première des troupes irakiennes qui ont donc, très vite, «sécuriser les bases et les installations fédérales dans la province de Kirkouk», conformément aux directives du gouvernement. Et elles sont même entrées dans le ville où elles procèdent, selon les dernières nouvelles, au décrochage des drapeaux kurdes dans les bâtiments officiels et les postes de contrôle, les remplaçant par le drapeau irakien. Champs pétrolifères, base et aéroport militaires, édifices publics: l'armée a ainsi rempli, sans trop de difficultés, les objectifs majeurs assignés par Baghdad qui n'a pas encore affiché clairement ses intentions après le défi du référendum sur l'indépendance du Kurdistan organisé par Massoud Barzani. Cependant, un exode impressionnant de plusieurs milliers d'habitants des quartiers kurdes de la ville de Kirkouk a commencé dès hier, une immense cohorte de véhicules se prolongeant d'heure en heure en direction de la région autonome du Kurdistan. La population déplore une situation préjudiciable qu'elle impute à des «politiciens» motivés par la mainmise sur le pétrole. Les autorités gouvernementales vont-elles maintenant se satisfaire de la récupération sans anicroche des zones et infrastructures visées ou prendront-elles le pari de profiter de la conjoncture pour tenter de reprendre complètement Kirkouk? La réponse est désormais évidente ne serait-ce que parce que Baghdad ne peut se satisfaire d'un état de fait intervenu en 2014 lorsque les forces de Daesh déferlaient sur l'Irak, ouvrant la voie aux peshmergas qui accaparaient dans la foulée bases militaires et puits de pétrole. Si la progression de l'armée irakienne a bénéficié du retrait volontaire des peshmergas de l'Union patriotique du Kurdistan, le risque d'une confrontation avec les troupes du Parti démocratique du Kurdistan (PDK) est, lui, prévisible. Depuis le référendum sur l'indépendance, le Premier ministre irakien Haider al-Abadi, commandant en chef des forces armées, avait dénoncé un stratagème contraire à la Constitution et facteur de «partition de l'Irak» dont le «devoir constitutionnel est d'imposer la sécurité et l'autorité fédérale». Traduit en clair, le message est une invite sans détour à la reprise en main de toute la région, à commencer par Kirkouk et ses champs pétrolifères qui constituent le poumon du pays. Balayant les antécédents comme cette humiliation infligée aux soldats irakiens par les peshmergas en juin 2014, contraints de déposer armes et uniformes, l'armée s'est emparée entre autres du quartier général de la North Oil compagny» (NOC) -institution publique en charge du pétrole-, ainsi que des six champs pétrolifères dont celui de Baba Gargar dont les Kurdes tiraient l'essentiel de leurs profits. Reste que la situation entre le PDK de Massoud Barzani et l'UPK, qui préfère des négociations avec Baghdad sous l'égide de l'ONU tend à s'envenimer de plus en plus. L'UPK est présent au sud de Kirkouk et le PDK en contrôle le nord et l'est. D'ores et déjà, les partisans de Barzani tirent à boulets rouges sur les peshmergas de l'UPK pour avoir «quitté leurs positions sans combattre». Ce qui a aussitôt fait réagir la Turquie qui a offert sa «coopération» à Baghdad pour chasser de Kirkouk et des autres régions kurdes les éléments du PKK qualifiés de groupe terroriste par Ankara.