L'extension de faux dinars risque d'entraîner une psychose Ce trafic qui touche plusieurs régions, redouble de férocité au moment où le pays fait face à une grave crise financière. Le phénomène n'est certes pas propre à l'Algérie. Mais le fait qu'il se manifeste d'une façon aussi intense dans une période exceptionnellement défavorable à l'économie nationale n'exclut pas de penser que des cercles occultes qui n'ont d'autre objectif que de vouloir la déstabiliser davantage ont actionné leurs cellules dormantes. Et comme tous les actes criminels ou les opérations terroristes planifiées, ils puisent dans la délinquance, véritable fourmilière de petits trafiquants dont ils font leur bras armé. La thèse n'est pas à écarter. L'interpellation de plusieurs individus opérant en petits groupes laisse penser à des réseaux bien structurés. Un mode opératoire qui protège ceux qui tirent les marrons du feu. Qu'ils n'aient pour unique dessein que l'appât du gain le fait de décider d'opérer à grande échelle maintenant montre qu'ils tiennent à exploiter une conjoncture qui leur est favorable. Ce trafic qui touche plusieurs régions du pays redouble, en effet, de férocité au moment où le pays qui fait face à une grave crise financière a décidé de recourir au financement non conventionnel pour y faire face. Près de 3 millions de dinars de faux billets ont été saisis en l'espace de 15 jours. Le décompte a été fait entre le 25 septembre et le 10 octobre. Le centre, l'est, l'ouest et le sud du pays sont concernés. «La police judiciaire a procédé à l'arrestation de trois individus à Oued Koreich (Bab el Oued) en possession de faux billets d'une valeur de 15 millions de centimes et 80 g de cannabis», indiquait le 10 octobre un communiqué des services de la wilaya d'Alger. Les trois suspects, dont deux à bord d'un véhicule, étaient en train de compter une somme d'argent de 15 millions de centimes en faux billets en plus d'une autre somme de 7,5 millions de centimes en faux billets a précisé la même source. Le même jour la cellule de communication de la police judiciaire de la sûreté de wilaya de Béchar faisait état de l'arrestation de trois faussaires subsahariens en possession de 15 billets de 2000 dinars falsifiés, de plusieurs coupures en voie d'être trafiquées et d'un flacon contenant une poudre destinée à la contrefaçon. L'intervention rapide des services de sécurité a stoppé net l'oeuvre d'envergure de ces spécialistes. La veille ce fût à Batna qu'il a été mis fin aux agissements d' un réseau spécialisé dans la confection de faux billets de banque. Son démantèlement a permis la saisie d'une somme de 700.000 dinars en coupures de 1000 DA, en plus de son matériel d'impression. «Cette opération a eu lieu le 7 octobre courant, aux environs de 10 heures du matin, au cours de laquelle trois individus faisant partie de ce réseau ont été arrêtés...», a indiqué un communiqué du groupement de la Gendarmerie nationale de Merouana. A Oued el Kheir (Mostaganem) la Gendarmerie nationale a mis la main sur un montant de 800.000 dinars en faux billets. «Les membres de ce réseau ont été appréhendés en fin de semaine dernière...» a rapporté l'APS dans une dépêche datée du 25 septembre. La même source rapporte le même jour que dans une opération qui a permis le démantèlement d'un réseau international de véhicules les services de sûreté de la wilaya d'Alger ont récupéré 12,5 millions de centimes en billets de 1000 Dinars dont une partie était des faux. Qui est derrière la recrudescence de ce type de trafic qui peut provoquer un désastre incommensurable? Le fait d'injecter de la fausse monnaie dans une économie d'un pays peut-il signer son arrêt de mort? Pour l'Algérie cela représente en tous les cas une sérieuse menace. Une partie non négligeable de la masse monétaire en circulation est drainée par le circuit informel alors que la plupart des opérations des ménages se paient par cash. Cette caractéristique de l'économie nationale fait la part belle aux faux billets qui évitent toute opération de contrôle. Il est donc fort probable que la mafia de ce business ait trouvé dans le recours au financement de l'économie non conventionnel une aubaine pour se sucrer au risque d'exacerber la crise financière. Quelles conséquences cela peut -elle provoquer? «Sur le plan du commerce intérieur, l'extension de faux dinars risque d'entraîner une psychose, les ménages se réfugiant dans les valeurs refuges comme l'or ou certaines valeurs immobilières, pouvant conduire à l'effondrement de l'économie...» souligne l'économiste et expert international Abderrahmane Mebtoul. A bon entendeur...