Les importantes saisies de faux billets en monnaie étrangère et en dinars et le démantèlement de réseaux de contrefacteurs opérés ces derniers mois dans divers endroits du territoire national dénotent l'ampleur qu'a pris le phénomène du trafic dans notre pays. Fabriqués localement ou à l'étranger et introduits grâce à des réseaux de passeurs par les frontières Sud, Est et Ouest, les faux billets saisis en Algérie et même en Europe ces deux dernières années se chiffrent en milliards. Une chose est sûre, personne ne peut aujourd'hui donner un chiffre exact des sommes en faux billets en circulation. Méfiance oblige, et c'est pourquoi de nombreux commerçants ont pris leurs dispositions. Les billets de 1000 dinars sont passés au peigne fin quand ils ne sont pas carrément soumis au détecteur de faux billets bien apparent sur les comptoirs. Avant-hier, les éléments de la brigade économique d'Aïn Tolba, dans la wilaya d'Aïn Témouchent, ont saisi 60.000 faux billets de 50 euros dissimulés dans des valises appartenant à un ressortissant malien âgé d'une trentaine d'années. Cette saisie intervient moins d'une semaine après le démantèlement d'un réseau international spécialisé dans le trafic de faux billets de banque à Médéa. Deux individus, un Algérien et un Malien, ont été appréhendés par les services de police et du matériel sophistiqué servant à la fabrication des faux billets de 500 et 200 euros et plus de 800 billets vierges imbibés d'un liquide spécial et prêts à être imprimés ont été saisis. Quelques jours auparavant, un autre réseau de trafic de faux billets et de falsification de passeports a été démantelé à Tébessa. Les faussaires ont été mis hors d'état de nuire suite à l'arrestation, dans la localité d'El Ouenza, de trois individus en possession de 78 faux billets de 100 euros et de 59 fausses coupures de 200 euros. Les aveux des individus interpellés ont permis de remonter la filière et d'établir une liste d'une dizaine de personnes, dont 2 ressortissants d'un pays d'Afrique subsaharienne résidant à Alger. Toujours dans la wilaya de Tébessa, deux individus, un Algérien et un Malien, avaient été écroués, quelques jours plus tôt, pour trafic de faux billets de banque étrangers. Le mis en cause algérien a été arrêté à Tébessa en possession de quatre faux billets de 100 euros qu'il tentait d'écouler sur le marché local. Les aveux de cet individu ont permis d'arrêter un ressortissant malien résidant dans un hôtel de la même ville. Les policiers ont découvert dans la chambre occupée par cet individu, qui a été appréhendé, un scanner, des produits chimiques et du papier utilisés pour la fabrication de fausse monnaie. Il y a deux mois, les éléments de la Douane relevant de la brigade d'El Amria, dans la wilaya d'Aïn Témouchent, avaient saisi une importante somme de faux billets en euros lors d'un barrage de contrôle à la sortie d'El Amria. 409 faux billets de 100 euros ont été saisis sur un ressortissant camerounais qui voyageait à bord d'un car de transport public en provenance de Tlemcen et à destination d'Oran. Outre les nombreux réseaux démantelés à l'intérieur du pays, des tentatives d'inonder «le marché algérien» en faux billets, à partir de l'étranger, ont été mises en échec grâce à l'intervention des services de police, notamment en France et en Italie. Fin 2009, un important réseau de trafiquants de faux billets de banque algériens a été démantelé en France. Il s'agit de la plus importante affaire de fausse monnaie de ces dix dernières années en France. L'affaire avait suscité moult interrogations sur les ramifications de ce réseau, de l'autre côté de la Méditerranée, principalement en Algérie, et dans quel circuit cet argent est-il utilisé, d'autant plus qu'il ne s'agit pas de la première affaire du genre. La police française avait aussi découvert un trafic similaire au début de l'année en cours. Douze personnes ont été écrouées et mises en examen après la découverte d'une imprimerie qui avait fabriqué des centaines de millions de faux dinars algériens à Lyon. Dans l'imprimerie qui avait pignon sur rue dans le 3e arrondissement de Lyon, les policiers ont découvert du papier fiduciaire algérien provenant d'un vol à main armée perpétré à Marseille en 2006, des planches de billets imprimés et 30.000 billets de 1.000 dinars prêts à l'emploi. Le réseau avait déjà écoulé au moins 200.000 billets de 1.000 dinars, soit près de 2 millions d'euros. Le coup de filet de la police judiciaire lyonnaise rappelle une première opération menée en début d'année par la police italienne. La police financière italienne GDF avait découvert, en janvier dernier, une imprimerie clandestine de faux billets algériens de 1.000 DA. La découverte a été faite dans la région de Naples. Les enquêteurs avaient saisi l'équivalent en dinars de près de 3,5 millions d'euros. La GDF avait indiqué que «des machines d'imprimerie sophistiquées, 350.000 billets de 1.000 dinars algériens et une importante quantité de papier spécial ont été saisis». Les autorités policières italiennes ont affirmé que «les faux billets saisis sont d'une qualité très élevée car ils ont été imprimés sur du vrai papier à billet avec les filigranes, muni d'un fil de sécurité provenant probablement d'une entreprise de ce secteur.» En plus de près de 400 kg de ce papier qui ont été saisis, la police a procédé à l'arrestation d'un typographe napolitain en train de fabriquer les billets algériens. Le lien avec le vol à Marseille, en 2006, de 44 rouleaux de papier fiduciaire commandés par la banque d'Algérie avait, dans ces affaires, été évoqué, vu la qualité des billets contrefaits.