De plus en plus de voix s'élèvent en Hexagone pour dénoncer les dérapages actuels. Désormais, il ne se passe plus un seul jour sans que de nouvelles voix ne s'élèvent pour tenter de remettre les pendules à l'heure à propos des tentatives françaises visant à blanchir le passé colonial de ce pays. Ainsi donc, l'association française «France-Algérie», (AFA), vient de souligner que le dédouanement de l'OAS, (dont) «les actes ne relèvent pas du devoir de mémoire, est une injure (à) pour l'amitié franco-algérienne». A l'issue d'une réunion, en présence de son président M. Bernard Stasi, l'AFA a estimé que «si l'amnistie, la réconciliation sont historiquement nécessaires à toutes les sociétés humaines et si le pardon est un choix personnel que seuls les hommes peuvent accorder dans leur coeur, les actions et les engagements de l'OAS ne relèvent pas du devoir de mémoire». L'association a ainsi tenu «à faire part de son indignation» devant l'initiative prise par l'association Adimad, qui regroupe des nostalgiques de la période coloniale, avec l'appui de la municipalité de Marignane (Sud), d'inaugurer une stèle à la mémoire de l'OAS. Elle a noté que «cette manifestation vise à réhabiliter les membres de l'OAS et particulièrement les commandos Delta du lieutenant Degueldre, condamné à la peine capitale et exécuté le 7 juillet 1962». L'AFA «met en garde contre tout amalgame avec les combattants de l'armée française entraînés malgré eux dans une guerre qu'ils furent nombreux à dénoncer». Pour elle, «la réhabilitation de l'OAS est une injure pour tous ceux (à) qui ont lutté et souvent payé de leur vie, leur attachement à l'amitié franco-algérienne et la défense d'une certaine image de la France». Elle a estimé que «l'Histoire ne manque pas de périodes troublées, où chacun, souvent de bonne foi, cherche sa voie et souffre, dans quelque camp qu'il se trouve», mais réhabiliter des organisations telle l'OAS ne peut que «raviver les rancoeurs et faire obstacle à la réconciliation durable des deux pays et des deux peuples». L'AFA appelle dès lors les autorités françaises «nationales et locales à interdire la pose de cette stèle et toutes les manifestations publiques qui seraient organisées à cette occasion». «Une commémoration de ces actes constituerait un acte indigne en soi. Il serait aussi contraire à la générosité et à la magnanimité qui doivent maintenant prévaloir entre la France et l'Algérie», a-t-elle encore souligné. Cette sortie intervient au moment où de nombreux officiels, élus et ministres français ont exprimé le même point de vue durant les jours précédents. Il est donc à peu près certain que l'inauguration de cette «stèle de la honte» ne se fasse pas. Une campagne similaire est également menée contre la loi relative aux rapatriés français, notamment son article 4 qui glorifie le colonialisme, en loue les «bienfaits» et exhorte les écoliers à s'en imprégner. Là encore, la rumeur va persistante sur un possible blocage de cette loi, initialement adoptée par la chambre basse, par le Sénat à cause de son caractère «choquant». Le Parlement algérien, qui devait adopter une motion dénonçant cette mesure, s'est finalement rétracté dans le but de ne pas envenimer les relations algéro-françaises, désormais au beau fixe, en attendant que soit signé, avant la fin de cette année, le traité d'amitié entre les deux pays.