Elle était venue à Almeria pour tenter de retrouver un niveau qu'elle pensait avoir perdu. Leila est grande. Son passage à Almeria n'aura pas été vain. Elle s'en retournera chez elle avec, dans ses bagages, deux médailles, une en or et une en argent. Leila n'a pas failli à la promesse qu'elle s'était faite de retourner à son niveau. Août 2004. Leila Lassouani prend part aux Jeux olympiques d'Athènes avec l'espoir de se faire un nom parmi les meilleures haltérophiles féminines de la planète. En compétition elle se froisse un muscle du dos. «J'ai ressenti une douleur intense, nous a-t-elle dit, au soir de sa consécration à Almeria. Pour moi les Jeux olympiques venaient de débuter et de s'arrêter brusquement. Même pas la possibilité de défendre ses chances». Leila quitte donc la capitale grecque avec le sentiment d'y être allée pour rien, ou plutôt si, pour en ramener un mal terrible qui devait l'éloigner des salles sportives pour un bon bout de temps. «Depuis août dernier, j'ai oublié, pour ainsi dire, l'haltérophilie. Mon seul souci était de me soigner et cela passait par une phase de repos total». Janvier 2005 la voit revenir au sport dont elle a fait son hobby et sa passion. «Il me fallait mettre toute mon énergie car j'avais un énorme retard et en prévision des Jeux méditerranéens, cela n'était pas fait pour me rassurer. Je me suis donc remise au travail et l'échéance des Jeux d'Almeria me donnait une motivation supplémentaire». «Je savais qu'elle était capable de retrouver le niveau qui était le sien», nous a dit l'entraîneur national Azzeddine Basbas. Leila reprend goût à la compétition officielle à l'occasion du championnat de France. «J'y ai participé sans grande ambition. Il me fallait me retremper dans l'ambiance de la compétition et retrouver mes repères». Cette reprise lui a été d'une bonne utilité car elle lui a permis de se remettre en confiance avant Almeria. «J'ai tout gagné à l'échelle nationale, africaine et arabe. Les Jeux méditerranéens constituaient pour moi un palier supérieur car ils devaient me permettre de jauger mes capacités face aux haltérophiles européens qui sont parmi les meilleures du monde». Elle est donc entrée en compétition ce mardi avec l'espoir de briller dans un groupe où elle retrouvait une Egyptienne, une Grecque, une Espagnole et une Française. A l'arraché, elle est passée en avant-dernière position. A sa première tentative, elle soulève un poids de 82kg et à la seconde, 87 kg. Elle se décide alors de soulever un haltère de 90kg pour faire mieux que l'Egyptienne Hebaïalla Abdelrahim qui avait réussi dans sa seconde tentative de soulever un poids de 88 kg. Vainement. Leila échoue et laisse la médaille d'or à l'Egyptienne pour se contenter de l'argent. Changement de décor à l'épaulé-jeté où l'Algérienne passe à la surmultiplie.112 kg au premier passage. Elle échoue devant une barre à 117 kg au second essai mais au troisième, elle soulève cet haltère prenant sa revanche sur l'Egyptienne qui n'a pas fait mieux que 111 kg. «Nous sommes deux en compétition. Il y a moi, bien sûr, mais il convient d'ajouter le coach. Sans lui je ne serais pas parvenue à faire ce que je fais. C'est lui qui choisit la tactique et qui propose la meilleure solution face à l'haltère. Je ne fais qu'appliquer ses consignes.» Une telle modestie devrait étonner mais il faut côtoyer Leila, la voir dans le village olympique pour comprendre ce que cette femme ressent lorsqu'elle tombe dans le succès et la gloire. L'haltérophile a engrangé 20 médailles au total, 4 en or, 8 en argent et 8 en bronze aux différents Jeux méditerranéens.