La balle, a-t-il fait savoir, est dans le camp du pouvoir politique, lequel est «appelé à réussir une réinsertion sociale des repentis». «La réconciliation nationale ne pourra se réaliser sans le retour du parti dissous sur la scène politique nationale.» C'est ce qu'a déclaré M.Ahmed Ben Bella mercredi soir, sur la chaîne El Djazira. L'invité de l'émission «Rawafed» estime que cette question constitue l'épine dorsale du projet initié par le président de la République. Cette personnalité, qui s'est targuée d'être très proche de M.Bouteflika, a insisté sur le fait que le retour de l'ex-FIS constitue une condition inaliénable au rétablissement de la paix. Se contentant d'énoncer ses convictions, M. Ben Bella a laissé l'initiative à l'Etat algérien d'imaginer et d'élaborer «la manière et le rôle qu'aura à jouer ce parti une fois réhabilité». La sortie de l'ancien président surprend à plus d'un titre, sachant qu'officiellement, et à en croire les déclarations de M.Abdelaziz Bouteflika et de M.Ahmed Ouyahia, cette question semble tranchée et la page tournée. «Le projet portant réconciliation nationale ne pourra servir de support pour le retour du FIS», avait insisté ce dernier lors de sa présentation du bilan général de son gouvernement devant les députés de la nation le 24 mai dernier. Ben Bella a défendu la thèse selon laquelle la réconciliation nationale interpelle le gouvernement et toute la classe politique, celle-ci devant être associée à l'exception «des parties impliquées dans les violences qui ont endeuillé le pays, qu'elles soient au sein du pouvoir ou à l'intérieur des groupes armés». «La situation est tellement compliquée, a-t-il dit, qu'il serait essentiel, dans ce sens d'écarter les parties qui ont joué un rôle dans cette crise». Par ailleurs, et malgré la décision de son gel et les poursuites judiciaires dont certains membres ont fait l'objet, la Commission nationale pour l'amnistie générale est évoquée par M.Ben Bella. L'ancien président de la République a déclaré que cette organisation «s'échine, depuis huit mois, à préparer le terrain, et ce, sur tous les plans pour la mise en application du projet du président», annonçant par là même que les «contacts avec les groupes armés ont démontré que le projet de la réconciliation nationale a des échos excellents». La balle, a-t-il fait savoir, est dans le camp du pouvoir politique, lequel est «appelé à réunir les conditions nécessaires à même de permettre une meilleure réinsertion sociale des repentis». «Le gouvernement doit prendre en charge les problèmes socio-économiques des repentis. L'Algérie qui enregistre une embellie financière sans précédent a les moyens de le faire», soutient-il en proposant, dans ce sens, d'établir une allocation chômage comme cela se fait en France. L'autre effort que les Algériens, essentiellement les victimes de la décennie noire doivent faire, est de tourner définitivement la page parce que selon M.Ben Bella «les poursuites judiciaires contre les terroristes ne feront que compliquer une situation déjà largement critique». Notons que les associations des victimes du terrorisme et les ONG internationales des droits de l'homme ont mis en garde «contre l'impunité et ses conséquences sur la stabilité de la société algérienne». Dans le même chapitre, l'orateur a annoncé que la loi sur l'amnistie générale sera rendue publique «dans deux à trois mois». Elle sera, de son avis, «le cadre juridique qui garantira l'application, par toutes les parties, des mesures développées dans le cadre de la réconciliation nationale». Reste à savoir si Ben Bella exprimait une opinion personnelle ou, au contraire, traduisait une vision adoptée par certains cercles au sein du système? Rappelons, enfin qu'Ahmed Ouyahia a défendu, dans ses récentes sorties, que «les droits d'auteur de ce projet reviennent exclusivement au président de la République».