Libération traite les moudjahidine de «rebelles arabes» et les colons français de «conquérants». La déclaration du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, qualifiant de «cécité mentale» la loi française du 23 février sur le rôle positif de la présence française, notamment en Afrique du Nord, a été différemment traitée par la presse française. Si une partie a passé sous silence le dernier discours du président Bouteflika, il n'en est pas de même pour l'autre. Sous le titre «Bouteflika dérape à boulets rouges contre la France», le journal Libération prétend que cette remise en cause du chef de l'Etat n'est qu'une manière, en fait, d'imposer à ses «détracteurs» un traité d'amitié avec la France d'ici la fin de l'année. Sous la plume acerbe de José Garçon, le journal écrit «l'outrance de Bouteflika suggérait cependant aussi un calcul politicien, un rien démagogue car surfant d'autant plus sur le nationalisme qu'il a besoin d'en apparaître le héraut pour mieux signer et imposer à ses détracteurs, fin 2005, un "traité d'amitié" avec la France». Traitant les moudjahidine de «rebelles arabes» et les colons français de «conquérants», le rédacteur, certainement un nostalgique de l'Algérie française, soutient que la France n' a commis aucun génocide en Algérie. Se cachant en outre derrière le propos d'un pseudo-opposant qu'il ne cite pas, le rédacteur affirme «cela lui (Bouteflika, ndlr) permettrait de conforter plus encore le pouvoir absolu qu'il met en place en Algérie en se présentant comme celui qui a su faire céder les Français en frappant sur la table» en référence à la «repentance» à laquelle la France officielle n'a toujours pas su se livrer. Comme quoi, les 85% des suffrages exprimés en faveur du chef de l'Etat ne suffisaient pas pour donner une crédibilité et une popularité. Décidément la diatribe est partout comme le souligne le journal de gauche. Dans la même foulée, le rédacteur n'a pas hésité à qualifier de «diatribe» le discours de Abdelaziz Bouteflika dans lequel il comparaît aux «fours crématoires des nazis» les fours à chaux ayant servi à incinérer des cadavres des personnes assassinées lors des manifestations du 8 mai 1945. Le même journal mit en exergue la déclaration du Chef de l'Etat accusant Paris de «négationnisme» et de «révisionnisme» sur la colonisation. Tandis que dans un article titré «Colonisation: Alger en veut à Paris», le journal Le Nouvel Observateur est revenu sur le discours avec de larges extraits du président Bouteflika où il qualifie la loi du 23 février 2005 de «cécité mentale confinant au négationnisme et au révisionnisme». Sans faire pour autant le moindre commentaire, le journal reprend l'appel lancé par Abdelaziz outeflika à la société française à «se libérer des relents d'un passé attentatoire à la dignité humaine et qui, bien que s'affaiblissant au fil des ans, se manifeste maintenant comme le fantasme d'une puissance perdue, et semble-t-il, regrettée par les nostalgiques de la domination coloniale». Pour le journal «20 Minutes» et sous le titre «Bouteflika condamne la "cécité" de la France», la loi votée par l'Assemblée française ne fait pas seulement polémique en France. Enfin l'Humanité a consacré son actualité à la condamnation de Ali Dilem, caricaturiste à Liberté, et son directeur de publication Farid Alilat.